C’est ainsi, parfois on connait plus leurs œuvres que le nom de l’artiste qui les a créées… Et c’est vrai que pour qui rentre dans la grande salle des expositions de L’arc au Creusot, la réaction la plus entendue est en substance : «Ah mais c’est lui qui a fait ça, mais bien sûr que je connaissais !»
C’est d’ailleurs la réaction que le Maire David Marti a eue quand il a découvert ses œuvres, au printemps 2020, sur internet... Il en connaissait un certain nombre, mais il ne mettait ni un nom, ni un visage dessus. Et puis la rencontre entre l’élu et l’artiste a eu lieu. Et le courant est passé.

«Une belle rencontre», s’est plu à dire David Marti, samedi en début de soirée, à l’occasion du vernissage de l’exposition «Michel Granger», à L’arc au Creusot. «Les terres adoptives» est le nom de cette exposition. Il ne faut pas forcément y voir un message subliminal, même si la ville et l’artiste se sont mutuellement adoptés.
«Une belle rencontre» donc, car elle va donner lieu à la création d’une œuvre monumentale qui va associer le fer et le verre, ainsi que creusot-infos a déjà eu l’occasion de le souligner.

L'ADN du Creusot au carrefour

Comme il l’a expliqué dans l’interview qu’il nous a accordée (cliquez ici), il s’agira d’un Totem, de plus de 6 mètres de haut. Un Totem qui renverra à l’histoire et à l’ADN du Creusot. L’ADN oui, d’abord constitué par l’acier liquide, qui devient solide et qui constituera une grande plaque métallique qui, mine de rien, affichera 7 tonnes sur la balance.
Une plaque qui sera parsemée de verre, ce qui renverra à l’autre ADN du Creusot qu’était la cristallerie de la Reine.
Cette œuvre va bientôt être réalisée. Elle sera forcément contemporaine, mais renverra à l’histoire du Creusot. Elle sera plus grande de celles que Michel Granger a déjà réalisées pour Roanne, sa ville natale, dans la Loire, et pour Sochaux, dans le Doubs.
Mais il va falloir encore attendre. Et pour patienter quoi de mieux que cette très belle exposition que L’arc consacre à l’artiste. Une expo en forme d’itinérance sur l’œuvre de plus de cinquante ans d’âge de Michel Granger. Un peu comme un alcool dont on dit qu’il se bonifie avec le temps.

Editorialiste de l'image

Sauf que les premières œuvres de l’artiste originaire de la Loire ont tout de suite été des grands crus. Comme cette tête de mort adoptée par Jean-Michel Jarre, le référence mondiale de la musique électronique, pour son album Oxygène. Michel Granger sera ensuite son illustrateur préféré, avec Equinoxe, Rendez-vous… Pour une reconnaissance mondiale à plus de 80 millions d’album et des images que tout le monde connait. Comme les illustrations des JT de TF1, pendant dix ans...
On pourrait dire que ce n’est pas parce qu’on les connait qu’on les aime. Sauf que Michel Granger est un véritable éditorialiste de l’image. Il a le coup de plume qui parle, comme Plantu a si longtemps parlé, avant talent, aux lecteurs du Monde.
Michel Granger n’est pas un éditorialiste d’un jour, qui suit et caricature l’actualité, mais un éditorialiste de toujours. Non seulement ses créations ne prennent pas de rides, mais le temps leur donne de la puissance. Si fort qu’il est devenu, malgré lui, un lanceur d’alertes.

Un demi-siècle d'alertes

Pas de ceux qui ont émergé ces dernières années à la mode des médias et des réseaux dits sociaux. Non, Michel Granger alerte sur la fragilité de la planète, de notre monde, de notre nature et de notre environnement, depuis déjà plus d’un demi siècle.
Cet homme qui a ouvert les yeux si tôt et si brillamment a constitué une œuvre qui n’a pas d’égal, ni en France, ni en Europe. Et ce n’est pas le fait du hasard si, par exemple, il va prochainement exposer dans quatorze villes d’Allemagne. Ce qui au passage démontre la chance du Creusot de pouvoir l'exposer.
Car les créations de Michel Granger parlent et interpellent. Les adultes évidemment. Mais aussi les enfants. Il a ainsi créé une expression contemporaine à la fossilisation. Avec le charbon elle était forcément noire. Avec Michel Granger elle a couleurs.
Les réactions entendues à L’arc attestent que l’artiste parle à tout le monde. Il préfère le faire avec ses créations qu’avec ses mots. Samedi soir, ce n’était pas sa première expo, loin de là, mais à l’émotion de sa voix, on a compris que cette expo le touche sans doute plus que d’autres. Et pas uniquement car elle consacre un demi-siècle de sa carrière. Avec des inédits. Comme ces timbres qu’ils n’avaient encore jamais exposés. Et c'est ainsi qu'au Creusot il aura montré le plus petit de son oeuvre - en taille - avant d'implanter la plus grande de ses sculptures !

Alain BOLLERY

 

David Marti : «Michel Granger c’est le talent»

«Dans une réflexion que nous avions, on réfléchissais à une œuvre pour bien marquer la rénovation urbaine dans le secteur Foch – Verdun. Quand j’ai rencontré Michel Granger, j’ai tout de suite pensé que ça allait matché entre nous. Et ça a tout de suite matché ! Son travail c’est la terre et il y a forcément un rapport avec le fer et le verre.
Les ingrédients étaient donc réunis. Michel Granger a une reconnaissance mondiale, pas seulement pour son travail avec Jean-Michel Jarre. Michel Granger c’est le talent. Les visiteurs qui vont découvrir l’exposition ici à L’arc ne pourront qu’être charmés. Je salue l’artiste et l’homme.
Maintenant, Michel Granger a de l’ambition pour une œuvre. Le temps va nous paraitre un peut long… Mais on sait que Le Creusot conservera une trace de votre qualité d’artiste».

Cécile Bertin : «Beaucoup de générosité et de gentillesse»

«Avec ses images, Michel Granger nous accompagne finalement depuis longtemps, depuis notre enfance. Je suis contente, parce que c’est une belle exposition. Avec des inédits. Le public va pouvoir découvrir cette terre que vous nous présentez. On proposera des visites avec vous. Michel est quelqu’un d’assez extraordinaire, avec beaucoup de générosité et de gentillesse. Il porte bien ses œuvres et ses œuvres le regardent !»
 

Jérémy Pinto : «Qui n'a pas un peu de Granger à la maison...»

«Notre première rencontre, c’était en juin 2020, au sortir du confinement qui avait montré la fragilité de l’homme et de la planète. Personnellement, je vous avais déjà rencontré… Vous étiez dans mon meuble à disques, dans un placard. Mais qui n’a pas un peu de Granger à la maison !
Un des traits de force de votre travail, c’est d’être audacieux  dans plusieurs thèmes, dont celui de l’écologie, tout en parvenant à faire passer des émotions. Votre rapport à la terre est partout et la terre est là, presque partout. En montrant la folie. Cette même folie qui conduit parfois tragiquement à la guerre. Et leurs engins vous les avez conduits sur d’autres voies, celles de la peinture et des couleurs. En ayant fait des chars de lourds tampons encreurs.
Dans quelques temps, la ville du Creusot accueillera une de vos sculptures. A l’intersection des rues Foch et de Verdun, des noms de guerre…»