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> Vie locale > MONTCHANIN
30/03/2023 03:17
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Jean-Yves Vernochet : «Je pars avec le sentiment du devoir accompli»

Alors qu’il laisse sa place de Maire de Montchanin, Jean-Yves Vernochet se confie dans une interview à creusot-infos. Il parle avec passion et conviction.

C’est un homme de parole. Quand avant les élections municipales de Mars 2020 il avait annoncé qu’il avait accepté de se représenter et de conduire la liste à Montchanin, il avait aussi dit qu’il passerait très vite le flambeau à Yohann Cassier qui était déjà son 1er adjoint. A l'époque avait laissé quelques personnes dubitatives.
Mais Jean-Yves Vernochet est un homme de parole. Le 24 novembre il a annoncé sa démission du conseil de la Communauté Urbaine Le Creusot – Montceau. Annoncé aussi qu’il laisserait sa fonction de Maire et quitterait le conseil municipal de Montchanin au printemps 2023.

Ce sera officiellement chose faite ce jeudi 30 mars au soir. A l’occasion d’un conseil municipal à la salle Le Moderne, Jean-Yves Vernochet va démissionner et donner les clefs de la Mairie à Yoann Cassier qui l’a déjà remplacé à la Communauté Urbaine.
Jean-Yves Vernochet va fermer un long chapitre de son engagement politique à Montchanin. Lui qui a vécu les divisions de la gauche dans son propre parti, il est toujours resté fidèle à sa ligne. Celle de l’engagement. Il a été tenace et en 2008 il avait donc repris la Mairie que Pierre Corneloup avait gagnée en 1989 en battant Pierre Forest.
Elu alors à la fois Maire de Montchanin et Conseiller Général, il a été jusqu’à cette fin mars l’homme fort du canton de Montchanin.
Jean-Yves Vernochet n’a jamais nagé en eaux troubles. Jamais envoyé les autres dire ce qu’il avait sur le cœur. Mais il ne voulait pas faire le mandat de trop. Alors il a accepté de faire un dernier demi-mandat.
Pour beaucoup il laissera l’image d’un Maire qui était accessible, qui n’hésitait pas à aller sur le marché parler avec ses administrés. Echanger avec son ou ses interlocuteurs. Echanger et écouter aussi. Car on ne reste pas quinze ans Maire si on n’a pas cette capacité à être à l’écoute.
Homme de gauche, il aura été le seul Maire de Saône-et-Loire à accueillir le Président François Hollande. Au bord de la RCEA dont il a été un farouche défenseur de la mise à deux fois deux voies et de sa gratuité. Et ce n’est pas rien.
A.B.
 
Quel est votre sentiment à l’heure de votre dernier conseil municipal ?
JEAN-YVES VERNOCHET : «Je pars avec le sentiment du devoir accompli. On est resté sur la ligne fixée en 2008. Travailler pour les Montchaninois, leurs familles… Les accueillir, pouvoir leur offrir une vie sociale, sportive, association, les aider quand il le fallait…  Notamment pour les enfants. Oui on a créé pour pouvoir accueillir les enfants à l’école dès 2 ans. Nous avons voulu travailler dans le sens du bien commun.
A l’origine, en 2008, on n’était pas des bâtisseurs. Mais nous avons quand même construit une salle de gymnastique, car la précédente était insalubre. Nous avons aussi construit la Maison de santé, car on avait vu la difficulté sur notre territoire. Tous les médecins qui étaient là quand on l’a lancée sont partis à la retraite, sauf un qui va partir bientôt.
Le problème reste entier. Mais à côté des généralistes, qui est un problème partout, on a tout, la radiologie, le laboratoire, un cabinet dentaire, un cardiologue, deux ophtalmologistes.
Notre vrai problème c’est les généralistes. Mais c’est général».
 
Est-il difficile pour une ville comme Montchanin de tirer son épingle du jeu entre Le Creusot et Montceau ?
«C’est un problème, car ce sont des communes de centralité. Il faut que Montchanin soit le 3ème pôle de la communauté urbaine. Même des gens de la côte chalonnaise viennent ici. Les enfants de Marigny  viennent dans notre collège . On est au carrefour du Creusot, de Montceau, de Chalon, et d’Autun. On a une gare TGV et une gare TER.
Le développement de Coriolis a été une bonne chose pour Montchanin, les aménagements autour de Jeanne Rose se développent et ne font pas d’ombre aux autres commerces. Pour l’anecdote, mon premier rendez-vous de Maire était pour implanter un Mc’Do à Jeanne Rose. Mais d’une part je n’ai pas voulu et d’autre part le terrain était communautaire…»
 
Qu’attendez vous de la Communauté pour le court et le moyen terme ?
«C’est un très bel outil et on a beaucoup travaillé pour les communes rurales. J’étais vice-président. On a fait beaucoup sur les villes centres. Maintenant il faut mettre au centre les investissements sur les villes périphériques : Montchanin, Blanzy, Sanvignes, Le Breuil, Torcy…»
 
Vous avez été conseiller général, puis départemental. Est-ce un mandat important pour Montchanin ?
«Il faut que le conseiller départemental soit dans une commune importante. Je ne regrette pas d’avoir arrêté. Mais oui c’est important que le Maire de Montchanin pèse, qu’il soit dans la quadrette. Le risque en 2028, dans le département, ça sera l’arrivée possible d’élus du Rassemblement National.
Mais je note que ce parti n’a jamais eu de candidat à Montchanin et de Montchanin».
 
On a beaucoup parlé d’un parc photovoltaïque à Montchanin. Il n’est pas construit. C’est un regret ?
«Cela a pris du temps, mais c’est en cours. Je voulais l’unanimité du conseil sur ce sujet. Je suis finalement revenu à la majorité. Il va se faire. Ils prennent les côtes. Le permis de construire est sorti. Cette centrale sera sur six hectares».
 
Qu’est ce qui est difficile quand on est Maire ?
«J’ai eu des engueulades, c’est le lot d’un Maire… mais pas des menaces. Le plus dur, c’est quand les pompiers appellent et que l’on va sur la RCEA pour des accidents mortels. Aller annoncer des décès dans une famille, on ne s’en remet jamais. Quand on repasse sur les lieux d’un accident qui a été mortel, on y pense. Toujours. Le temps ne l’efface pas. En ce sens voir la RCEA doublée et devenir moins mortelle, c’est un vrai bonheur, un soulagement.
Au rang des choses graves et triste, il y a eu la perte de ma 1ère adjointe, Jocelyne Bernardet».
 
Votre meilleure souvenir ?
«C’était notre victoire en 2008, car c’était vraiment une victoire collective. Ouis c’était vraiment l’équipe qui avait ravi la Mairie à l’équipe sortante».
 
Qu’est-ce qui vous a conduit à faire le choix de Yohann Cassier pour vous succéder ?
«Pour l’élection 2020, j’ai réuni tout le monde d’abord pour dire que je voulais arrêter. On m’a demandé de repartir. J’ai dit d’accord, mais pas pour un mandat complet. Alors pourquoi Yohann Cassier ? C’était logique. Il m’a donné son accord et il n’y avait que lui. Je transmets le flambeau à Yohann en toute confiance. Ca sera autre chose, oui des choses vont changer, mais c’est normal. Je pense que la transmission en cours de mandat est une bonne méthode. J’ai voulu le faire en l’annonçant à tout le monde.
Cela a été notre plus belle victoire, à près de 59%. Ils ont voté pour Vernochet et pour Yoann. Les gens l’ont intégré. C’est une bonne méthode. Le bilan en 2026 sera aussi le sien».
 
Qu’avez-vous prévu de faire ?
«D’abord un peu de repos. J’ai deux enfants, deux petits enfants. Ca occupe. On a la chance, avec ma femme, qu’ils sont sur le secteur de Montchanin. Et puis il y aura les voyages qu’on n’a pas pu faire. Une petite semaine dans les Alpes Maritimes. La Réunion en fin d’année.
A l’heure d’arrêter, je veux aussi dire que je ne remercierai jamais assez les Montchaninois de nous avoir élus en 2008 et surtout réélus. C’est une reconnaissance. A Montchanin on se dit les choses».
Recueilli par 
Alain BOLLERY
 
Elu depuis 1982
Avant d’être élu Maire en 2008, Jean-Yves Vernochet avait été élu une première fois en 1983 avec Pierre Foret, dont il avait été adjoint. Il a aussi été élu de 1995 à 2001 dans l’opposition.