Il a du verbe, de la rhétorique et il dit ce qu’il pense. Président de la Chambre régionale d’agriculture de Bourgogne – Franche-Comté, Christian Decerle n’a pas mâché ses mots, mercredi, au salon de l’agriculture.
Notre compte rendu et la visite des élus régionaux de Bourgogne - Franche-Comté en photos.
Et dire que le 1er mars est la journée du compliment… On ne peut pas dire que ce mercredi, à la mi-journée, Christian Decerle a envoyé des gerbes de compliments. C’est le moins que l’on puisse dire. Président de la Chambre Régionale d’Agriculture, défenseur de la race charolaise, autant que les agriculteurs, Christian Decerle n’a psas fait dans la dentelle, devant les invités et les élus.
Marie-Guite Dufay est restée stoïque au plus fort de l’orage. Et quand elle a pris la parole, elle s’est évertuée à avoir des mots apaisants.
Christian. Decerle
«Permettez moi de revenir sur le plan stratégique national. Cette programmation est bien calée, beaucoup mieux que les deux précédentes. Nous avons conduit ici, fait la démonstration de l’unité et la complémentarité des forces ;
qu’il était normale de s’unir avec la collectivité que vous présidez, pour arriver à tout ce qui est raisonnable et utile.
Travailler pour qu’un euro ne soit perdu. Je veux saluer que vous ne laisserez pas des dossiers en carafe !
Il est regrettable qu’il ait fallu un tel niveau de tension.
Le soir du 10 janvier je n’ai pas beaucoup dormi de la nuit.
J’appelle de mes vœux que vous puissiez signer un accord avec les départementaux pour soutenir des spécificités. Pour que toute forme de soutien puisse être mobilisée.
La guerre en Ukraine nous interpelle, car c’est un territoire rural, avec des professionnels qui en ont fait le grenier de l’Europe.
Je rappelle la construction de la communauté économique européenne après la guerre avec la PAC créée en 1962.
On avait instauré la préférence communautaire. Je le rappelle, car il y avait une vision, pour emmener l’agriculture source de richesses. C’est grâce à cette vision que la France a été hissée au rang de 4ème puissance exportatrice.
Malheureusement, on n’arrête pas de reculer, alors que l’on a des hommes qui veulent travailler au pays.
Ne laissez pas notre agriculture décliner. Nous avons une terre de qualité. Ne laissez pas tomber notre patrimoine. C’est aussi le renouvellement. L’agriculture ce n’est pas des communiqués de presse, mais du respect.
On a trop encensé les faucheurs volontaires. Face à la raréfaction de l’eau, je le dis, on peut cultiver la démagogie. Vous pouvez peut être Madame la Présidente aller voir en Vendée, en Espagne. La vraie responsabilité c’est pas de dire ce que l’on ne veut pas.
Je veux vous dire deux mots, des attaques qui visent les paysans. L214, ils ont détruit une entreprise. On a massacré une entreprise, alors que l’on n’avait rien à lui reprocher.
Pendant combien de temps encore va-t-on laisser agresser les paysans.
Je vous le dis Madame la Présidente, sans démagogie. Ce n’est pas la peine de dire à des éleveurs déchirés par des attaques du loup, de leur dire qu’il faut des troupeaux plus importants.
Quand je pense à cet éleveur de Cluny à qui on dit qu’il faut barricader son élevage, il va disparaitre.
Pour le reste on a près de 3000 réponses au questionnaire. On a sollicité 60 associations. On a mobilisé les étudiants
Je ne sais pas quelle est l’indemnité d’un conseiller régional, celle d’un Président de la Chambre c’est l’équivalent de 13 journées de remplacement.
On est taillé dans le même bois, pour défendre ce que l’on croit. Il faut énormément d’énergie. Il y a parfois des soirs de sollicitude.
Profitez de cette profession unie, de sa loyauté. Les agriculteurs sont respectueux de l’histoire et des valeurs du collectif.
On vous rendra à l’été une copie propre sur la stratégie à 2040. Je sais la passion qu’il faut mettre pour défendre un monde paysan à qui on mène la vie dure»
Marie-Guite Dufay
«Je suis adepte du parler vrai. L’année qui s’est passée, l’année qui arrive, c’est un peu différent de ce que l’on a connu par le passé.
D’une année à l’autre, les sujets de préoccupations ne diminuent. Climatique, énergétique, avec une sécheresse hivernale préoccupante.
Il y a aussi les nouvelles habitudes alimentaires. Cela dans un contexte de guerre qui a des conséquences néfastes pour l’achat de vos produits.
La résolution de la Région est la même. On est là pour accompagner, sécuriser le monde paysan et le faire progresser.
Quel est le sens des audits ? Ils sont une pièce maîtresse.
Où j’en suis, où je vais et comment je fais.
Notre région est fière de la multiplicité, des AOP. Mais d’une année à l’autre il y a des évolutions nécessaires.
Il y a cette année la nouvelle PAC et le transfert aux Régions du FEADER.
Oui il y a eu des discussions et des affrontements. Sans eux ; serait-on dans la vraie vie. Ce qui est important, c’est d’avancer dans la même direction.
Oui nous avons eu à trouver des nouvelles modalités d’attribution. Il a fallu passer à un niveau régional. Nous avons trouvé un accord dans le respect mutuel.
Oui les élus le savent, il faut embarquer tout le monde dans la lutte contre le réchauffement climatique, sans dogmatisme.
On n’affrontera pas ce qui est devant nous sans innovation et ce sera avec les jeunes.
Nous avons à traiter les 6500 dossiers qui n’étaient pas terminés au 1er janvier.
Cela fait 250 millions de fonds européens. Si le Président Decerle n’avait pas été là, on n’aurait peut-être pas obtenu une augmentation.
La Région apportera 96 millions, soit 25 millions de plus… avec en plus 24 millions des départements.
On va inscrire de nouvelles lignes, pour des exploitations pour lesquelles les européennes ne sont pas adaptées, comme pour les entreprises de travaux forestiers ;
On prendra au niveau régional, des dossiers qui ne sont pas pris en compte.
Tour cela c’est notamment pour l’adaptation de la filière viandee. Je compte sur notre partenariat avec INTERBEV
Je veux que l’on arrive à une progression de la filière protéines.
On maintient notre soutien à l’agriculture biologique, pour sécuriser les débouchés.
Concernant la filière équine, qui n’est pas rentrée dans nos projets, on souhaite avancer
Nous incitons les GDS à travailler avec les autres acteurs agricoles.
Pour la lutte contre la flavescence dorée, les aides ne sont pas supprimées mais rentreront dans les appels à projet.
Oui il faut parler vrai.
Non la Région ne maltraite pas la profession agricole. Il n’est pas vrai que nous tournons le dos aux départements qui peuvent aider à investir.
On n’a pas à nous tourner le dos. La loi demande des conventionnements. On a assoupli pour que les départements puissent proposer. Des départements nous ont déjà adressé leurs propositions. Trois ne l’ont pas fait.
L’agriculture de demain c’est dès maintenant et la région est à vos côtés.
J’ai senti trop de réticences pour la mise en place d’une marque.
On a fixé un objectif de 75% de produits bio et locaux dans les assiettes des lycéens.
En route ensemble. Vous me trouverez toujours déterminée et passionnée à vos côtés».
Alain BOLLERY
La visite des élus de la Bourgogne - Franche-Comté :