Yannick Jadot, le candidat d’Europe Ecologie Les Verts à la Présidentielle, a déclaré, sur RTL, qu’il n’y a que l’extrême droite qui soutient le nucléaire. Vous vous sentez d’extrême droite ?

PATRICK MERLIAUD : «Cela ne correspond pas à mes valeurs, c'est le moins que l'on puisse dire... Soyons sérieux. On sent bien que le sujet de l’énergie est devenu un débat. Franchement, ça n’a pas de sens de déclarer qu’il n’y a que l’extrême droite qui soutient le nucléaire. Le sujet est autrement plus sérieux».

Vous vous attendiez à ce que le Président de la République annonce les constructions de six EPR ?

«Ce n’est pas vraiment une nouvelle, au sens que cela correspond à ce que l’on a travaillé, ce que l'on a préparé depuis bien plus d’un an. Car au Creusot, dans l’entreprise redevenue Framatome, on a travaillé sur le sujet depuis la première venue d’Emmanuel Macron, le 2 Mai 2016, quand il était alors Ministre de l'Economie. Quand nous avions échangé lors de la rencontre qui avait été organisée avec les syndicats, je lui avais dit que ce qu’il nous manquait, c’était un programme avec du volume. On y est donc arrivé et c’est une très bonne chose…»

Pourquoi ?

«C’est assez simple. Nous sommes comme dans les années soixante-dix quand le premier programme nucléaire français avait été lancé. Les six EPR annoncés mettent la filière dans une situation sans faille, que ce soit sur le plan économique ou industriel. On a reconstruit et réinvestit dans la Forge pour cela. Depuis 2016 Framatome s’est préparé.
Je rappelle que le rapport Brechet, par ses recommandations, nous a permis de nous mettre sur les bons rails, avec une exigence de mesure des procédés de fabrication. C’était un programme ambitieux. Et je n’hésite pas à le dire, Framatome a mis les moyens sur Le Creusot, pour faire de la standardisation des fabrications et des procédés. Quand le 8 décembre 2019 le Président de la République est venu au Creusot, je lui avais rappelé que nous avons besoin de perspectives et que nous étions prêts».

C’est le cas aujourd’hui ?

«On va vers un développement XXXL, car toutes les bases de ce développement sont bonnes. Les investissements ont été réalisés et continuent de l’être. C’est une vraie satisfaction car je vois dans les engagements de Framatome et de la puissance publique, la reconnaissance du travail des salariés. Personne n’a oublié les attaques subies. Mais les salariés de Framatome ont été lavés des accusations par l’ASN, l’autorité de sûreté du nucléaire. Et cela personne ne peut le contester».

C’est ce qui vous rend optimiste aujourd’hui ?

«Framatome est aujourd'hui le navire pilote, le navire amiral de la réindustrialisation en France. C’est unique. Je pense sincèrement que nous sommes sur des perspectives à 50 ans. Le nucléaire est une énergie d’avenir et un levier d’avenir. Si cela a été rendu possible, c’est grâce aux salariés qui ont conservé la tête haute, mais aussi grâce aux élus qui nous ont soutenus et grâce aussi à la presse locale. Personnellement j’y ai toujours cru et aujourd’hui on est dans le concret. Et pas que pour nous…»

…C’est à dire ?

«Les retombées, c’est pour l’ensemble du bassin du Creusot, mais aussi pour le département de Saône-et-Loire et la Région. Au départ, il y a Le Creusot avec sa forge et ses assemblages, au départ il y a Industeel qui nous fournit. Et puis ensuite il y a Saint-Marcel, les sous traitants, Nuclear Valley. C’est bien une filière qui se met en branle. En ce sens, Bernard Fontana a eu un rôle déterminant. Il a fait beaucoup pour Framatome au Creusot et il a lancé les investissements. Pour la sécurité et pour les réalisations. Il est aussi important de le souligner».

Recueilli par 

Alain BOLLERY