Il s’en est allé discrètement. Cela n’a pas surpris celles et ceux qui le connaissaient bien. Jean Commeau, né au Creusot et mort au Creusot, était un homme discret. Sa voix portait, mais il n’était pas du genre à prendre la parole n’importe quand, pour dire n’importe quoi.
Jean Commeau aura eu deux amours dans sa vie. Son épouse qui lui avait donné trois enfants et le vélo. Ah la petite reine… Il fallait l’entendre en parler, la défendre.
Il ne supportait pas que l’on parle du dopage uniquement dans le vélo. Car lui qui avait couru pour Le Creusot, jusqu’à passer par le Parc des Princes à Paris, ne manquait jamais de préciser que lui avait toujours roulé à l’eau. Entendez qu’il n’avait jamais accepté «les saloperies» qu’on proposait dans les pelotons. Mais cela ne pouvait pas étonner ceux qui connaissaient sa droiture.
Passé par les écoles spéciales, marqué par les obligations qui lui avaient valu de faire la guerre d’Algérie, Jean Commeau était passé par plusieurs établissements au sein de l’usine. Et c’est à la Forge qu’il avait terminé brutalement sa carrière professionnelle. Brutalement oui, car Jean Commeau n’avait jamais véritablement apprécié d’être envoyé en pré-retraite en 1984, au dépôt de bilan de Creusot-Loire. Il avait été au rang des manifestants. Et pas peu fier de voir que sa fille Nathalie avait participé au mouvement quand il avait été demandé aux lycéens de descendre dans la rue avec leurs parents.
Jean Commeau, à qui son épouse Maryse avait donc donné trois enfants était heureux et fier de leurs parcours. Son fils Patrick devenu informaticien, Nathalie devenue la secrétaire de l’entreprise de son époux René Martin, après avoir occupé d’autres emplois, et Carole devenue professeure d’Espagnol. Et il était tout aussi fier du parcours de ses petits-enfants.
Sa carrière professionnelle terminée, le même jour que Michel Berthin, le Président de la Pédale Sportive Creusotine, Jean Commeau était resté au premier plan sur la ville du Creusot. Il était en effet devenu correspondant de presse, pour le compte du Dauphiné Libéré, recruté par Geneviève Treille, qu’il côtoyait à la PSC.
Pour lui il était important de continuer de travailler, ne serait-ce que pour pouvoir payer la maison de ses parents, qu’il avait décidé de racheter. Et c’est ainsi que pendant plusieurs décennies nombre de dirigeants associatifs ont vu arriver Jean Commeau avec son appareil photo, son carnet, son stylo. Quand il avait fallu passer à l’écriture numérique, il avait serré les dents pour écrire ses papiers sur ordinateur. Il l’avait fait avec raison.
Jean Commeau avait aussi un rôle précieux. Chaque matin, c’est lui qui relevait la boite aux lettres du Journal à la Mairie, et qui passait aussi aux pompes funèbres pour récupérer les avis de décès et les remonter à l’agence de la Place Schneider.
Avec le journal, il était évidemment le spécialiste du cyclisme, mais il était aussi devenu celui du handball.
Le tout était couplé avec son engagement bénévole constant auprès de la PSC puis de Creusot Cyclisme. On ne sait pas combien de tonnes de barrières Vauban il aura portées tout au long de sa vie, mais il détient sans doute le record jamais mesuré.
Car pour lui, l’engagement associatif c’était aussi le travail de l’ombre. Jean Commeau, qui s’y connaissait en cyclisme, avait aussi été pour de nombreuses éditions, le directeur adjoint du Circuit de Saône-et-Loire. Et il avait vécu comme une récompense, à l’instar de tous les dirigeants du cyclisme, l’arrivée du Tour de France, au Creusot, en 1998.
En fait, Jean Commeau a eu une vie dédiée aux autres et aux idéaux qui étaient les siens. Toujours discrètement. Toujours avec efficacité. Il s’est éteint une nuit et ses obsèques ont eu lieu dans la plus stricte intimité. A son épouse, à ses trois enfants, à son frère Michel, à sa famille et à ses amis, creusot-infos présente ses sincères condoléances.

A.B.