C’est un mouvement qui monte aussi au Creusot où une cinquantaine de personnes ont manifesté lundi soir devant L’arc.
Ce lundi 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, ce rassemblement a été de nouveau l’occasion de dénoncer les violences encore beaucoup trop répandues dans notre société et de réclamer un véritable sursaut 7 ans après le début de la vague #metoo. Initiée par le collectif NFP, cette soirée où la pluie redoublait elle aussi de violence, les tentes installées pour le prochain marché de Noël étaient les bienvenues pour écouter les prises de parole successives des organisations présentes. Et entre chacune d’elles, la Mère en Gueule a interprété ses chants féministes.
Avaient en effet rejoint l’appel à manifester du collectif Nouveau Front Populaire du Creusot, la FSU 71, le Planning Familial, la CGT et Femmes Solidaires 71. Le procès de Mazan, rappelé à chaque prise de parole, une cinquantaine d’hommes accusés d’avoir violé Gisèle Pélicot alors qu’elle était inconsciente, droguée par son mari à son insu, nous montre que ses auteurs ne sont pas des monstres mais des hommes de notre entourage et que ces violences concernent tout le monde. Il faut dénoncer la culture du viol, ancrée dans la société comme la violence envers les femmes. 122 féminicides, une femme tuée tous les trois jours en France, une femme victime de viol toutes les deux minutes trente, un enfant toutes les trois minutes, il est estimé qu’aujourd’hui, une plainte sur dix aboutit à une condamnation. La violence patriarcale s’exerce partout, au domicile, dans les rues, au travail… Les plus touchées par ces violences sexuelles, sexistes et économiques sont celles qui souffrent déjà de multiples oppressions.
Ces violences concernent tout le monde. Il est temps que la peur change de camp. Le rassemblement s’est achevé sur le poème de Daniel Meunier « Perverse emprise ».
J.S.
Perverse emprise
Ce matin encore, leurs regards se sont croisés ;
Ce matin encore, elle y a lu la froideur
Que les heures passées ont durement installée,
Fécondant de nouvelles blessures en son cœur.
Elle avait pourtant cru à toutes ses promesses,
Maintes fois répétées au creux de l’oreiller,
Mais oubliées et tues après quelques caresses,
La laissant de nouveau en proie à l’anxiété.
Les mots chargés de brimades et d’humiliations,
Dégurgités avec une haine terrifiante,
N’ont pas tardé à pleuvoir en sa direction,
Telle une impétueuse averse pétrifiante.
Elle savait que la douceur avant la tempête
N’était pourtant jamais réconfortant présage.
Elle avait ce dernier coup porté à la tête
Toujours présent en elle depuis ce jour de rage.
Désormais transformée en une simple chose,
Elle ne pouvait plus se résigner à partir ;
La peur de se retrouver devant porte close
Sans pouvoir penser à un meilleur devenir.
Aidons-les à ne plus s’imaginer coupables
Pour qu’enfin elles puissent abandonner leur martyre.
Aidons-les à s’éloigner de l’insoutenable
Afin qu’elles puissent, un jour, en amour s’accomplir.
Daniel Meunier