En optant pour coulée continue verticale, plus gros investissement jamais réalisé depuis Schneider, la SFAC, Creusot-Loire et Usinor, le groupe ArcelorMittal a trouvé les clefs pour, des décennies, peut être un siècle, assurer son avenir avec des aciers encore plus décarbonés. Le Creusot va rester la capitale des aciers verts. Début de la production en Mai 2025.
Il est forcément très symbolique de remarquer que c’est 40 ans après le dépôt de bilan de Creusot Loire qu’Industeel, groupe ArcelorMittal, a décidé d’investir sur le site industriel du Creusot, dans une coulée continue verticale qui va révolutionner les productions de métal et d’acier. Nous écrivons site industriel du Creusot, car physiquement, c’est sur le territoire de l’aciérie du Breuil, devant l’extension de l’aciérie, que ce nouveau une coulée continue va être construit pour culminer à près de 50 mètres de hauteur. Le Creusot va ainsi ancrer un peu plus son nom et son image dans la galaxie mondiale des géants de l’industrie. Oui mondiale, car le spécialiste des aciers spéciaux, c’est ainsi qu’Industeel est qualifié et considéré dans le monde, va se projeter dans un avenir décarboné.
Cela sur un territoire dont David Marti a souligné les enjeux, notamment en matière de mobilité et de foncier disponible. Ce qui en dit long sur le bond dans le futur que l’industrie est en train de réaliser. «C’est bien la preuve qu’il ne faut pas opposer industrie et écologie», a judicieusement souligné Rémy Rebeyrotte, député de Saône et Loire. Chacun pourra lire dans un autre éclairage de creusot-infos (voir notre deuxième article) tous les avantages offerts par une coulée continue verticale. Oui avantages. On peut même écrire que des avantages. Ils vont conforter le statut de référence mondiale du Creusot. Un statut indélébile et inoxydable. Ce vendredi 2 Février 2024, restera donc bien comme une des plus grandes dates de l’industrie creusotine. Une forme de gifle à celles et ceux qui n’aiment pas l’industrie et qui volontiers n’hésitent pas à la montrer du doigt, en l’accusant de tous les maux.
Alain BOLLERY (Photos Alain BOLLERY)
Cédric Chauvy
Directeur d’Industeel Creusot
«On va montrer au monde que Le Creusot demeure une référence»
«Demain s’écrit aujourd’hui et ce n’est pas tous les jours que l’on lance un investissement aussi important. Ce projet marquera les prochaines générations. Nous allons créer une dynamique collective. Ce projet sera réussi si la sécurité est au rendez-vous avec zéro accident sur ce chantier. Ici au Creusot, nous allons produire des aciers pour la transition écologiques et énergétique. On va montrer au monde que Le Creusot demeure une référence».
Alex Nick
Président ArcelorMittal Industeel France et Belgique
«C’est une nouvelle ère de prospérité qui s’ouvre pour Le Creusot»
«C’est un projet crucial, dont l’histoire date depuis bien longtemps. Du temps d’Usinor, il en avait été question. Mais c’est la CSP, la coulée sous pression, qui avait été choisis. Ma première décision avait été de la fermer, en 2005… Pour cet investissement d'une coulée continue verticale, les premières études ont été lancées en 2020. Sur nos marchés de niche, il correspond à nos projets de décarbonation. Cette coulée continue verticale va nous offrir de nouvelles opportunités : Réaliser des économies, réduire les coûts, pour dominer de nouveaux marchés. Nous avons accueilli avec joie le soutien promis par Roland Lescure, le Ministre de l’Industrie, quand il est venu nous confirmer la participation de l’Etat. Dans l’histoire, nous n’avons encore jamais fait et réalisé un projet de 50 millions. Le projet a déjà trois ans de vie. Le plan de construction c’est trois mois. Nous voulons mettre la sécurité au centre, avec un objectif de zéro accident. Nous ne voulons pas de prises de riques. Avec cette coulée continue verticale, on aura de nouveaux métiers à acquérir, car la façon de faire des aciers sera différente. On pourra s’appuyer sur Charleroi. Il faudra aussi refaire l’informatique. Les défis ne manqueront pas. C’est une nouvelle ère de prospérité qui s’ouvre pour Industeel Le Creusot».
David Marti
Maire du Creusot, président de la Communauté Urbaine
«Il y a des enjeux de mobilité et de foncier disponible»
«C’est une belle journée pour Le Creusot, avec la 1ère pierre de ce magnifique investissement, avec la découverte d’une œuvre monumentale, dont Industeel a été un acteur. Quand j’avais rencontré le PDG en Belgique, la situation était inquiétante. Mais ce que j’avais noté, c’était une détermination à ne rien lâcher. Cet investissement est la traduction de l’alliance de la puissance publique et de la puissance privée. Avec l’Etat, la Région, la Communauté Urbaine. C’est comme cela que l’on arrive à construire un écosystème. Les résultats sont la traduction d’un travail collectif, avec la direction, avec les salariés qui n’ont jamais lâché et ont cru en leur avenir. Il ne faut jamais renoncer. Il faut anticiper et imaginer, quand on traverse les périodes les plus difficile. Cet investissement est aussi la réussite industrielle de notre territoire, avec de très beaux objectifs de performance, de qualité, de compétitivité et de décarbonation. 2024 verra au Creusot le lancement de Calypso pour la métallurgie des poudres qui est aussi l’avenir de la métallurgie. Au Creusot on a un problème de riche. Avec cet investissement et d’autres massifs qui vont arriver, Monsieur le Député il va y avoir ici des recrutements massifs dans l’industrie et au-delà. Cela va générer un problème d’aménagement du territoire pour conforter son attractivité. J’alerte les pouvoirs publics et je vais le faire à Matignon auprès d’un conseiller du Premier Ministre. Il y a des enjeux de mobilité, mais aussi de foncier disponible. Car bientôt on n’aura plus de foncier économique, pour accueillir d’autres entreprises. Ici on ne lâchera rien. On va constituer une intelligence collective».
Rémy Rebeyrotte
Député de Saône et Loire
«Il ne faut pas opposer économie, industrie et écologie»
«Vous allez construire une cathédrale sidérurgique. Pour ce projet, vous avez fait travailler vos équipes de façon remarquable avec une qualité du dossier qui a été porté au niveau national. Ici vous allez relever les défis de la décarbonation. Il faut dire au conseil régional que non il ne faut pas opposer économie, industrie et écologie. Car oui on peut relever les défis climatiques. Les émissions de CO2 ont diminué de 4,5% l’année dernière. Je le répète, n’opposons pas économie, industrie et écologie. Vous allez décarboner pour vous et pour les autres. Cet investissement est important pour tout le bassin. Oui il y a des choses fortes qui se passent ici. Comme le nucléaire pour lequel il y a des personnes à convaincre à la Région. Car elle est bien l’énergie la moins carbonée. Mon cher David, pour le territoire, un des enjeux est l’habitat pour accueillir les cadres et les techniciens qui vont venir ici pour répondre aux besoins des industriels»