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02/10/2025 16:30
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LE CREUSOT : Environ 300 personnes mobilisées contre la politique du Gouvernement et le projet de budget

Notre reportage.
Le rendez-vous était donné à l'ALTO et il concernait les secteurs de Montceau les Mines, Gueugnon et évidemment Le Creusot. Après la manifestation d'Autun qui a rassemblé une trentaine de personnes (lire notre article), les syndicats s'attendaient à ce que ce jeudi 2 octobre le rassemblement au Creusot, devant l'ALTO, soit moins important. Il l'a été avec moins de 300 personnes déterminées.
Après les discours de Force Ouvrière, de la CGT et de la CFDT, le cortège a pris la direction du quartier Saint-Charles. Pour prendre la rue Anatole France, puis la rue de l'Yser, pour revenir au coeur de ville.

Lire les discours des syndicats sous les photos.






Le discours de Force Ouvrière
Les promesses de rupture de Lecornu ne doivent pas masquer la continuité: austérité, perte de droits, flexibilisation accrue... le modèle social est à nouveau attaqué, et les travailleurs sont les victimes de la première ligne.
Rien ne peut justifier que 9,8 millions de personnes soient en dessous du seuil de pauvreté. Le niveau le plus élevé jamais observé.
Macron tond ceux qui n'ont que leur force de travail en exonérant les patrons des cotisations sociales et en les exemptant d'impôts à la hauteur de leur fortune. A l'instar des 211 milliards grassement distribués en 2024.
Nous connaissons, au quotidien, les conséquences des choix d'économies des gouvernements successifs par la destruction de nos services publics, la casse de notre Sécurité Sociale et de notre Assurance Chômage, l'absence de pris en compte de la crise environnementale qui touche plus gravement les plus précaires.
La désignation d'un nouveau gouvernement ne fait que recycler les ministres de l'ancien.
Sébastien Lecornu, ministre de tous les gouvernements Macron depuis 2022, a soutenu tous les budgets d'austérité et la contre-réforme des retraites.
Autant dire que son engagement inconditionnel auprès du Président de la République et de tous les Premiers ministres précédents ne laisse aucun doute sur ses orientations politiques.
Nous n'avons rien à attendre de ce Premier ministre et de son futur gouvernement qui n'aura à souhait que d'économiser 43,8 milliards d'euros dans le budget 2026 par réduction des dépenses publiques et des budgets sociaux.
Non, la nomination d'un nouveau gouvernement ne changera rien au fond : les déserts médicaux s'étendent, la crise de l'hôpital s'aggrave, l'enseignement est mis à mal, le budget de la Sécurité sociale reste corseté par une logique comptable, avec un déficit utilisé comme prétexte pour imposer des coupes : doublement des franchises médicales, économies de plusieurs milliards sur le dos des assurés.
L'ultimatum remis au nouveau Premier Ministre n'a pas été entendu et l'entrevue entre l'intersyndicale et M. Lecornu n'a apporté aucune réponse à nos attentes, ni de rupture avec les mesures annoncées en juillet, ni d'engagement en faveur d'une véritable justice sociale.
Face à ce constat, nous n'avons pas d'autre choix que de nous mobiliser aujourd'hui pour porter nos revendications suivantes :
NON A LA POLITIQUE D'AUSTERITE
ABROGATION DE LA REFORME DES RETRAITES
DEFENSE DU SERVICE PUBLIC ET DE LA SECURITE SOCIALE AUGMENTATION DES SALAIRES, DU POINT D'INDICE, DES
RETRAITES ET MINIMAS SOCIAUX
RETRAIT DEFINITIF DU DOUBLEMENT DES FRANCHISES
MEDICALES ET DES RESTRICTIONS SUR LES ARRETS MALADIES
CONDITIONNEMENT DES AIDES PUBLIQUES AUX ENTREPRISES
SUSPENSION
DURCISSEMENT
LA CONVENTIONNELLE ET DE LA REDUCTION
RUPTURE DES RECOURS PRUD'HOMAUX
LA PAIX PAR LA JUSTICE SOCIALE


Le discours de la CGT
Sourd à la mobilisation massive des 10 et 18 septembre, le pouvoir en place n’entend rien changer à la politique austéritaire, antisociale et écocide des précédents gouvernements. À ce stade peu importe le casting gouvernemental, qui peut changer d’un jour à l’autre, c’est bien Emmanuel Macron qui bloque le pays en n’acceptant aucune concession et en continuant à nommer des pantins illégitimes. Cette obstination dans le déni de démocratie est irresponsable et doit cesser. 
Ce pouvoir est en réalité plus fragile que jamais, impuissant à étouffer les revendications de justice sociale et fiscale qui sont en train de gagner la bataille de l’opinion.
Et, c’est bien ce qui fait peur aux véritables commanditaires. Les ultra-riches sont fébriles au point de descendre eux-mêmes dans l’arène médiatique pour prendre le relais des politiques qui ont perdu tout crédit. Il suffit de voir avec quelle virulence le patronat et ses relais médiatiques dénoncent le projet de taxe Zucman. Le Medef annonce même un «énorme meeting patronal» le 13 octobre pour dissuader le gouvernement de tout recul sur la fiscalité des entreprises et des milliardaires. 
Le capitalisme est en effet confronté aujourd’hui à une crise systémique en raison d'une stagnation de la productivité qui pèse sur le taux de profit des entreprises.
Ce n'est certes pas la première fois qu'une telle situation se produit. Et l'on voit que le capital recourt toujours aux mêmes méthodes pour accroître sa part des richesses créées par les travailleurs. 
Sa première réaction est d'investir dans de nouvelles technologies censées permettre des gains de productivité. L'intelligence artificielle (IA) est aujourd’hui cet eldorado espéré qui devrait transformer radicalement l'économie et réduire le fardeau que constituent les salariés dont le travail pourra désormais être réalisé à moindre coût par des ordinateurs. Les investisseurs, et tout ce que la finance compte de spéculateurs, se précipitent donc pour financer à coup de milliards les nouveaux acteurs de ce secteur. 
Une autre solution est de trouver de nouvelles sources de profit en ouvrant de nouveaux marchés. Il existe de vastes secteurs qui échappent encore à l'emprise du marché et qui suscitent la convoitise du capital : la protection sociale et les services publics. Ce n'est donc pas un hasard si les gouvernements successifs s'attaquent avec constance à leur démantèlement: privatisations, ouverture à la concurrence, réduction des droits sociaux et des systèmes de solidarité, etc. Pour le plus grand profit d'entreprises privées et au détriment des salarié·e·s et d'une grande partie de la population. 
Restaurer le taux de profit passe aussi par la destruction d'une partie du capital, ce qui améliore la rentabilité du capital restant. Et de ce point de vue, il n'y a rien de mieux que la guerre. Et c’est bien malheureusement ce que nous vivons aujourd’hui avec une offensive des va-t-en- guerre et un accroissement extraordinaire des budgets militaires. Pour le plus grand profit des multinationales de l'armement et au risque de faire peser une lourde menace sur les travailleuses et les travailleurs qui, comme on le sait, sont toujours les premières victimes des guerres. 
Le capital peut également améliorer sa profitabilité en pesant sur le partage de la plus-value. Cela passe par la pression sur les salaires mais aussi la réduction des cotisations sociales dites patronales ou leur transfert sur la collectivité, c'est-à-dire in fine sur les salarié·e·s et les retraité·e·s, 
via des exonérations. Mais tout ceci n'est possible que si on limite les capacités de réaction des salarié·e·s. On comprend mieux ainsi les attaques menées contre le droit du travail. 
L'ampleur de l'offensive du capital est telle toutefois que s'en prendre aux protections des salarié·e·s ne suffit pas. La destruction d'un modèle social hérité de décennies de luttes sociales, et constitutif de la société d'aujourd’hui, affecte l'ensemble de la population. Ce sont donc les réactions de celle-ci qu’il faut prévenir et empêcher en limitant les libertés publiques (restriction des possibilités de manifestation, atteinte à la liberté de la presse, etc.) et en pratiquant une politique de plus en plus autoritaire. Et c'est bien ce à quoi on assiste en France, notamment depuis l'élection de Macron, l'exemple le plus flagrant étant la réforme des retraites.
Mais pour le capital, ces politiques autoritaires trouvent leurs limites en démocratie. D'où la tentation de subvertir l'ordre démocratique. Les États-Unis avec Trump en sont un exemple. Mais en France aussi le patronat n'hésite plus à soutenir l'extrême-droite pour faire prévaloir ses intérêts comme le prouve le rapprochement entre le MEDEF et le RN. 
La journée de mobilisation du 18 septembre fut une incontestable réussite pour le mouvement social.
Elle confirme que nos revendications sont au cœur du débat public.
Parmi elles, deux se distinguent particulièrement par leur place prise dans le débat public : 
• la question de la justice sociale, fiscale et environnementale ;
• le rôle des services publics.
Il est encourageant de voir que le débat public sur le financement et la dette et des services publics progressent dans la société même s’il demeure parfois marqué par certaines postures. L’opinion selon laquelle seules les administrations seraient responsables de la dérive budgétaire est largement battue en brèche. Pour nous, c’est un indéniable signe d’avancée. 
Grâce à nos grèves et à la pression populaire, le gouvernement a déjà décidé d’abandonner son projet de supprimer deux jours fériés et suspendu les décrets de doublement des franchises médicales ; 
Mais le compte est loin d’y être avec les coupes sombres pour les services publics, l’aggravation des injustices, la disette pour les salaires, comme le maintien de la contre-réforme des retraites, pour ne citer que quelques exemples. De nombreuses revendications de l’intersyndicale et de la population sont encore à obtenir. 
C’est donc maintenant qu’il faut accélérer, le mouvement social doit encore s’amplifier pour imposer les priorités de la population :

Augmenter les salaires pour vivre dignement de son travail et abroger la réforme des retraites passée en force ; 
Financer nos services publics notamment par une vraie justice fiscale avec la taxation des patrimoines, des dividendes et des rachats d’action, le rétablissement de l’ISF, une vraie progressivité de l’impôt sur le revenu ;

Arrêter les suppressions d’emplois dans la Fonction publique et embaucher par concours à la hauteur des missions ; 
Stopper les licenciements pour protéger nos emplois et nos industries avec une transition environnementale ;

Protéger notre Sécurité sociale pour tous les aléas de la vie ;

Arrêter les 211 milliards d’euros d’aides publiques annuelles aux entreprises, financer nos services publics sur tout le territoire. 


Le discours de la CFDT
La CFDT, en intersyndicale, a appelé l'ensemble des salarié.es, de tous les secteurs, toutes les entreprises et les administrations à se mobiliser ce 2 octobre, partout en France
Nous nous exprimons aujourd’hui à un moment crucial. Le budget 2026 n’est pas un simple document comptable : il doit être une réponse à la crise sociale profonde que traverse notre pays.
Les inégalités se creusent, la précarité s’installe, et de plus en plus de nos concitoyens peinent à se loger, à se nourrir, à se soigner ou à envisager un avenir digne. Face à cette réalité, notre responsabilité est claire : faire du budget 2026 un instrument de justice sociale et de solidarité.
Cela signifie trois choses simples :
1.   Protéger : garantir les services publics essentiels — santé, éducation, logement, sécurité sociale — qui sont le socle de notre cohésion nationale.
2.   Soutenir : donner de l’oxygène au pouvoir d’achat des ménages, aux jeunes, aux retraités, aux familles, et aux travailleurs qui portent l’économie mais voient leurs efforts trop rarement récompensés.
3.   Investir : préparer l’avenir en misant sur la transition écologique, l’emploi durable, et la formation, afin que la croissance de demain ne se fasse pas au détriment des générations futures.
4.   À renforcer la solidarité et à défendre une protection sociale forte pour tous. 
Les syndicats (CFDT, CGT, FO, UNSA, etc.) appellent à une mobilisation massive car ils estiment que le gouvernement n’a apporté aucune réponse concrète aux attentes du monde du travail lors des dernières réunions. Les revendications portées depuis des années restent sans suite. 
Notre objectif est de dénoncer un projet de budget qui sera présenté par le nouveau premier ministre, très proche de celui de M BAYROU. Et jugé injuste et insuffisant pour répondre aux besoins des services publics, des politiques sociales et aux attentes des travailleurs.
Regardons les choix qui sont faits.
On nous annonce une baisse de la dépense publique, au nom de la maîtrise des déficits. Mais dans le même temps, ce sont les services publics — hôpitaux, écoles, transports — qui continuent de manquer de moyens. On parle d’efficacité budgétaire, mais ce sont les patients qui attendent des mois pour un rendez-vous, ce sont les enseignants qui ne peuvent plus assurer correctement leurs missions, ce sont les territoires qui se sentent abandonnés.
On nous dit que la priorité est à l’investissement productif. Mais les aides aux grandes entreprises, souvent sans condition ni contrepartie, représentent des milliards, pendant que les petites et moyennes entreprises, véritables employeurs locaux, n’obtiennent que des miettes.
On nous annonce une réforme des minima sociaux sous prétexte d’incitation à l’emploi, mais en réalité, ce sont des économies réalisées sur le dos des plus fragiles, alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter.
La CFDT nous demandons, c’est un autre cap.
Le budget 2026 doit être un budget de justice sociale et de transition :
Un budget qui protège : en sanctuarisant les moyens de l’hôpital public, de l’éducation, et du logement social. Réduire les déficits ne doit pas signifier réduire la dignité.
Un budget qui soutient : en donnant la priorité au pouvoir d’achat. Cela passe par la revalorisation des minima sociaux, le soutien aux retraites modestes, et une fiscalité plus progressive qui demande davantage d’effort à ceux qui en ont les moyens.
Un budget qui investit dans l’avenir : transition écologique, formation, emploi durable. Chaque euro investi doit préparer une société plus juste et plus soutenable.
Le gouvernement nous propose un budget d’ajustement comptable. Nous, nous réclamons un budget d’ambition sociale. Car dans un pays fracturé par la précarité, ce n’est pas l’austérité qui ramènera la confiance, mais la solidarité.
Je le redis avec force  le budget n’est pas un exercice technique. C’est un choix de société. En 2026, faisons le choix de l’humain plutôt que celui des coupes budgétaires.

Cette mobilisation du 2 octobre est motivée par le refus d’un budget jugé injuste, la demande de meilleures conditions de travail et de rémunération, la défense des services publics, la justice sociale et fiscale, et la volonté d’obtenir des réponses concrètes du gouvernement aux revendications portées par les syndicats.
Elle se veut à part des partis politiques, chacun sa place et ses moyens.
La date du 2 s’inscrit dans ce cadre-là, après le 6 octobre il y aura la présentation du discours de politique général du premier ministre, M LECORNU il sera temps aux politiques de s’exprimer.
L’action syndicale doit rester notre contrepouvoir.
Un budget n’est pas neutre. C’est un choix politique, un choix de société. Soit il entretient les fractures, soit il construit les solidarités. En 2026, nous devons choisir la voie de l’équité et de l’unité.
Je lance donc un appel à la responsabilité et au courage politique : que le budget 2026 soit celui qui redonne confiance, qui réduit la peur du lendemain, et qui ouvre à chacun la possibilité de vivre dignement.
Le choix politique doit être clair : on ne redresse pas un pays en fragilisant ceux qui sont déjà les plus exposés. Car c’est à l’aune de la justice sociale que l’on mesure la grandeur d’une Nation.
L’austérité n’apporte jamais de justice sociale, et sans justice sociale, il n’y a pas de cohésion nationale