
Lundi soir au conseil municipal, la majorité a affirmé sa volonté de faire du Creusot une ville encore plus verte. Pierre-Etienne Graffard et Charles Landre y sont allés de leurs appréciations.
C’était il y a plus de 30 ans ! L’écrivain Christian Bobin avait écrit, en 1994, un texte sur une photo. Il avait alors expliqué que «Le Creusot est une ville ouverte baignée de lumière verte». Entendez par là que la nature est partout, ou plutôt que de n’importe quelle rue ou peut voir de la verdure.
A cette époque là on ne parlait pas forcément souvent de nature. On ne comptait pas les arbres. On les appréciait déjà. Le Parc de la Verrerie, à la fois écrin de verdure et poumon vert de la ville. Mais aussi le Parc des Carrières, le Parc de la Couronne… Sans oublier le Parc des Combes…
Bref, des arbres, de la verdure, à faire pâlir de jalousie des citadins vivant dans des métropoles.
Trois décennies plus tard, les enjeux environnementaux sont plus partagés qu’ils ne l’étaient, même si l’écologie radicale leur fait plus de mal que de bien. N’est-ce pas Sandrine Rousseau !
Mais qu’importe finalement. Ce qui compte c’est ce qui est fait plutôt que ce qui n’a pas été fait et encore plus ce qui sera fait.
C’est le sens de la trame verte qui a été présentée, lundi soir, en conseil municipal, par Evelyne Couillerot. L’intitulé du rapport était : «Renforcement de la trame verte du Creusot, par un plan paysage». Tout un programme, à lire sous les interventions et commentaires de Pierre-Etienne Graffard et de Charles Landre, avec les réponses d’Evelyne Couillerot et de David Marti.
On se permettra d’écrire que s’il existe un au-delà, alors Christian Bobin a, au minimum, souri es échanges…
A.B.
(Photos Alain BOLLERY)
Pierre-Etienne Graffard
«On peut s’interroger sur nombre de réalisations qui contredisent tous ces objectifs»
«Voilà 3 mois, au dernier conseil, vous avez voté à l’unanimité, la suppression du square Foch constituant un point de fraîcheur, suppression induisant l’abattage de 6 arbres en bonne santé. Aujourd’hui, vous nous demandez d’approuver un plan paysage pour notre ville, plan qui vient en totale contradiction avec la décision prise pour ce square. Si j’étais cruel, j’évoquerais sur la même période l’ouverture d’un énième centre commercial qui là encore a conduit à l’abattage de nombreux arbres. Même contradiction pour ne citer que cet aspect du projet, avec les préconisations du Plan paysage.
Bref. Ce travail technique de qualité sur Le Creusot est très intéressant et je ne peux qu’y souscrire. Comme on souscrit d’année en année, à nombre d’études et de documents officiels qui engagent, orientent nos politiques publiques.
Pour rappel et pour n’en citer que quelques-uns :
Le PLUIH – Plan local d’urbanisme intercommunal et habitat
Le SCOT - Le schéma de cohérence territoriale, document d'urbanisme qui, à l'échelle d'un territoire, de projet ou bassin de vie, détermine l'organisation spatiale et les grandes orientations de développement d'un territoire
Le PADD – Le Projet d'Aménagement et de Développement Durables qui fixe les principaux objectifs poursuivis dans le cadre de l’application du PLUI et met en cohérence les différentes politiques publiques.
Le PCAET – Le plan climat-air-énergie territorial, outil de planification, à la fois stratégique et opérationnel, qui permet aux collectivités d'aborder l'ensemble de la problématique air-énergie-climat sur leur territoire.
Autant de plans, schémas directeurs, orientations politiques généralement votés à l’unanimité par le conseil communautaire et validés tout autant à l’unanimité par les conseils municipaux concernés quand les règlements l’imposent.
On peut à cela ajouter les schémas directeurs, les chartes, les plans qui devraient logiquement conditionner l’obtention de subventions de la région pour nos projets de ville. Comme par exemple,
Le STRADDET – Le schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires
Le SRCE - document de planification régional dédié à la préservation de la trame verte et bleue.
Le point commun à tout cela, et la liste est loin d’être exhaustive, porte sur l’aménagement du territoire en prenant compte des besoins des collectivités mais dans la préservation, l’atténuation voire la réparation de notre environnement. Pourtant quand on s’intéresse un peu à ces questions, on peut s’interroger sur nombre de réalisations qui contredisent tous ces objectifs, stratégies, orientations pourtant décidés, validés, votés.
En fait, on fait référence à ces documents qui engagent nos collectivités quand les projets rentrent dans le cadre souhaité. Alors, On s’en félicite, on communique. L’écologie, c’est vraiment bien.
Sinon, et bien on modifie, on amende, on complète pour faire comme on a prévu de le faire et tant pis pour les engagements pris. L’écologie, ça suffit !
Certains élus et pas les moindres, vous diront même qu’il faut « faire vivre » ce qui a été voté et tant pis si cela contredit ce qui a été entériné par les assemblées représentatives.
Vous nous demandez d’adopter les objectifs et le plan d’action du Plan paysage de la Ville du Creusot. Voter POUR ne posera aucun problème à notre assemblée qui le fera sans doute à l’unanimité. Les difficultés interviendront plus tard pour les futures actions décidées qui pourront oublier les objectifs et le plan d’action de ce plan paysage pour notre ville.
Au Creusot, nous ne connaissons pas les inondations, les glissements de terrain, les montagnes qui s’effondrent. Nos maisons ne sont pas bâties sur des terres argileuses sensibles aux sécheresses, nous épargnant les fissures. Par contre Au Creusot comme partout ailleurs nous devons subir les canicules sur des fréquences qui seront de plus en plus rapprochées. Le rapport que vous nous présenté en fait longuement état.
J’attire votre attention sur la cartographie de la page 7 matérialisant les ilots de chaleur et qui tord le cou de cette idée bien répandue au Creusot que nous avons suffisamment d’arbres et de végétations pour que l’on puisse se dédouaner d’actions d’envergure et se permettre de couper les arbres adultes compensé par la plantation d’arbres d’ornement alignés en bordure de voirie.
En lien avec la question de la chaleur, je profite de l’occasion pour revenir sur des propos tenus en public cet été par l’élu en charge à la CUCM de la question de l’eau, et qui affirmait de façon très assurée que « nous n’avons pas de problème avec la ressource en eau ». Même si nos robinets ont coulé tout l’été, Est-ce que cela permet de dire pour un responsable en charge de l’eau que la ressource en eau n’est pas un problème majeur ? Demandez à nos agriculteurs leurs avis. Nous avons comme tout le monde un problème avec la ressource en eau ne serait-ce que par le seul fait qu’il nous faudra tôt ou tard et assurément, si on le peut évidemment, subvenir aux besoins des territoires proches en difficultés. Je referme cette parenthèse.
Sans revendiquer l’écologie comme modèle de gouvernance majoritaire, l’opinion public, les habitants de notre ville, se retourneront immanquablement sur les responsables en charge de la gestion communale avec cette simple question « avez-vous fait ce qu’il fallait pour préserver notre cadre de vie ? ». Tout simplement. Les études d’opinions démontrent ces attentes fortes et légitimes, ces actes forts en lieux et place de la seule communication qui a bien des vertus mais qui n’impacte pas la vie des gens.
Je vous prie de m’excuser de la longueur de mon intervention mais il faut parfois prendre un peu de temps pour développer une idée. Dire je suis « POUR » le rapport présentant le plan paysage aurait été un peu court».
Charles Landre
«Il faut que l’entretien de la ville soit à la hauteur de l’ambition de végétalisation»
«Si on peut souscrire aux principes généraux, j’aimerai apporter des éléments. Vous présentez des objectifs, je suis surpris par la contradiction entre les intentions et ce que vous faites. Par exemple, avenue de Verdun, où des arbres ont été remplacés par de jeunes pousses.
Sur la ville vous avez organisé la destruction d’arbres, notamment sur le nouveau centre commercial d’Harfleur. On peut raser et planter, ça coût cher, en se donnant bonne conscience.
Concernant les ilots de fraicheurs, la ville du Creusot est bien dans les clous, mieux que Strasbourg, Nantes ou Grenoble. On aurait gagné à avoir un autre référentiel.
Quand vous parlez de la tonte différenciée, cela pose problème quand à côté ce n’est pas entretenu, comme rue Albert 1er. Les habitants ne voient plus la différence avec des pousses sur les trottoirs. Il faut que l’entretien de la ville soit à la hauteur de l’ambition de végétalisation.
Pour les nouveaux chemins de ballade, de nombreux sont inaccessibles ou ont disparu, comme à La Marolle. Il conviendrait de remettre en place une réflexion sur ces chemins. Le Creusot est une ville très verte. Il faut une politique publique avec un entretien urbains qui soient faits. De nombreux creusotins trouvent que la ville se verdit, mais pas comme ils le veulent.
Le Parc de la Verrerie et le Parc des Carrières sont peut être entretenus de façon vertueuse. Des femmes nous disent ne plus oser aller au Parc de la Verrerie ou des Carrières, car il y a des zones cachées, avec des groupes qui agressent ou insultent»
David Marti
«Monsieur Landre, vous parlez du quartier de la Marolle, des chemins inaccessibles. Lesquels ?»
Charles Landre
«Après la rue des Alpes. Ou encore les Hauts de Baudot».
David Marti
«On va vérifier»
Evelyne Couillerot
«Oui on peut regarder ce qui peut être amélioré. On est parti d’études et de cartographies. Nous habitons une ville verte. Mais il y a des choses à faire.
Il y a eu 52 plantations d’arbres sur le secteur Foch / Verdun. Vous êtes offensé que l’on va planter 70 arbres place Schneider.
Comment lier la tonte différencier à la sécurité. C’est maxi 40 centimètres de haut.
Oui Pierre-Etienne Graffard, on ne contourne pas les documents avec Intersport
Une zone UF c’es t: Tout type d’activité. On est en plein dedans. Cela a été adopté en mars 2020. Nous avons adopté le PLUIE à l’unanimité en 2019 à la CCM et vous y siégiez. Dire le contraire c’est du mensonge. S’il y avait eu souci, le Préfet ou la CDAC auraient remis en cause le permis de construite.
75 arbres conservés, 97 arrachés et 97 seront replantés.
Avant les démolitions c’était des immeubles et de la voirie !»
Pierre-Etienne Graffard
«Au moment de la première présentation d’Intersport, en commission, j’avais dit que ce n’était pas possible sur nouvelle zone commerciale. La réponse que vous m’aviez faite, c’était on modifiera le PLUI»
Evelyne Couillerot
«J’ai vérifié c’est un zonage UF. Avant le zonage n’interdisait pas ce type d’activité».
David Marti
«Oui il faut des coupes différenciées»
«Le square Foch, on a tout essayé. On aurait souhaité le garder, à condition qu’il soit conservé comme un square. Depuis des années le voisinage se plaignait de la vie nocturne et diurne. On a essayé avec les habitants, on n’y est pas arrivé. Oui ce square a des arbres, mais il y a le parc de la Charmille pas loin. Ce que l’on fait n’est pas illogique.
Concernant le centre commercial, il ne s’agit pas d’un hyper, mais de belles boutiques qui se sont installées. On nous dit qu’il faut amener du commerce. Et quand on en amène ou nous le reproche. Des arbres ont été coupés et d’autres replantés. Je vous invite à aller parler avec les personnes ; Intersport serait parti. Intersport s’est agrandi avec une offre que nous n’avions jamais eue. Si on ne fait rien, on nous le reproche. Pour éviter l’évasion commerciale il faut des solutions.
Concernant l’eau, Monsieur Graffard, on a la chance de ne pas avoir de problèmes d’eau. Oui a a des réserves d’eau suffisantes. Ce sont des ressources de surface : Notre eau potable, on la puise. Oui c’est mieux que les nappes phréatiques.
Ne pas être vigilant . Oui vous avez raison. Il le faut. On a sécurisé les plans d’eau comme à la Sorme si un camion se renverse. On a aussi fait en sorte d’éviter que nos agriculteurs aillent puiser dans les plans d’eau potable. On a subventionné pour qu’ils puissent aller puiser l’eau à la source.
L’inconvénient : C’est plus de traitement et donc eau plus chère.
Monsieur Landre, sur le quartier du Tennis, il faudra m’expliquer. Au printemps, regardez et observez si ce quartier n’est pas magnifique. C’est ce que disent les habitants. Oui il faut des coupes différenciées.
Il faut savoir ce qu’on veut : Ville lisse, sans insectes et sans abeilles et sans faune. Oui il faut accepter plus d’herbes… Ou alors remettre des pesticides. Ce n’est pas ce que l’on veut.
Sécurité Parc de la Verrerie : On a fait participer des femmes pour savoir où elles n’aiment pas aller… Elles se sont exprimées. Le parc de la Verrerie n’est jamais ressorti. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne s’y passe rien. D’ailleurs regardez le nombre de personnes qui sont dans le parc le mercredi ou le week-end. On a mis des moyens supplémentaires, avec Police Municipale, médiateurs, Police. Oui il y a des lieux où il faut plus de sécurité : La zone de la gare et on y travaille en lien avec la Police Nationale».
Alain BOLLERY
Pour en savoir plus :
Renforcement de la trame verte du Creusot par un plan paysager :
La trame verte et bleue est un réseau de continuités écologiques, rivières, forêts, landes, bocages, qui abritent la faune et flore sauvage tout en permettant leur circulation. Ces réseaux ont été identifiés dès 2012 à l'échelle de la région par le Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) de Bourgogne puis repris à l'échelle de la CUCM dans les documents d'urbanisme de l'époque, le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) et le Plan Local d'Urbanisme (PLUi).
Rappel du principe de trame verte et bleue
Les objectifs nationaux des TVB peuvent se résumer à :
•
Une identification de réservoirs de biodiversité et de corridors écologiques, avec des
sous-trames pour chaque grand biotope (forêts, bocages, landes, rivières et ripisylve...).
Extrait de Continuités écologiques - CEREMA 2023 (haut), des documents Synthèse de la TVB (bas à gauche) et Patrimoines naturels de qualité (bas d droite), annexe au PLUiH de la CUCM 2020
Pour la ville du Creusot, les enjeux identifiés dans la TVB se déclinent autour de :
◦ La prise en compte des paysages dans les aménagements, notamment péri-urbains,
◦ Le maintien et la restauration de réservoirs de biodiversité typiques, comme les landes, les prairies avec des haies bocagères, les forêts, les ripisy/ves le long des ruisseaux et étangs,
• La prise en compte des continuités écologiques dans le renouvellement urbain, et la gestion des traversées d'ouvrages existants (usines, voie ferrée, axes routiers).
Les documents communautaires Projet d'Aménagement et de Développement Durables (PADD) de 2017 puis le Plan Local d'Urbanisme intercommunal et Habitat (PLUiH) de 2020 révisé en 2022 reprennent ces objectifs écologiques en les associant aux enjeux d'urbanisme et d'habitat.
La force de ces documents règlementaires est d'associer des enjeux classiques de mobilité et prévention des risques aux objectifs récents de limitation de l'artificialisation des sols et de sobriété (énergie, déchets, eau), de valorisation des ressources agricoles et naturelles locales.
Les enjeux d'adaptation aux changements climatiques sont pris en compte dans les volets habitat et consommation d'espaces.
Landes acides, forêts, bocages, ces milieux naturels remarquables du Creusot Aucun inventaire exhaustif des landes à pelouses sèches acides n'a été réalisé à ce jour, ni dans le cadre de la TVB intercommunale, ni celui du PLUH. Régionalement, ces milieux très spécifiques sont peu étudiés, et difficiles à cartographier vus du ciel, mais pourtant rares et à protéger. Entre la Chaume et d'autres pelouses acides, le seul corridor local envisageable pour cette sous-trame est un lien entre la Chaume du Creusot et celles situées plus au sud, vers Montceau, Mont Saint-Vincent.
La trame verte de la CUCM identifie deux continuums forestiers de part et d'autre de La Bourbince.
Les forêts au nord-ouest de la commune sont reliées aux massifs forestiers du plateau d'Antully au Nord, et Marmagne, Saint-Symphorien, Uchon à l'ouest. Il n'est pas recherché de continuité traversant ou contournant la ville du Creusot vers le sud ou le sud-est. Par contre, la création de continuités écologiques entre les parcs urbains arborés et massifs forestiers est proposée aux PADD et PLUiH.
La sous-trame des bocages est très présente tout autour du Creusot. L'enjeux est de maintenir ce paysage dont des haies fonctionnelles, riches en biodiversité et utiles à l'élevage, sur le banc communal.
Enfin, la trame verte et bleue des zones humides n'est identifiée à l'échelle intercommunale qu'aux abords des plans d'eau de Torcy, marginalement autour des étangs de la Verrerie et le long du ruisseau
Le Montmarin.
faune sauvage courante, passereaux, hérissons, chauves-souris... que l'on retrouve dans chacune de ces sous-trames s'accommode très bien de milieux plus urbains comme les jardins et friches industrielles. La trame verte support de cette faune sauvage courante est bien présente et dense au Creusot, et bien visible si l'on cartographie l'ensemble des espaces de nature ordinaire cachés derrière les façades continues des grands axes, ou maillant les lotissements.
2. Apports de la mission S'green
Dans le cadre du programme Action Cœur de Ville (ACV), un groupement de 3 bureaux d'études a realisé en 2021 une mission de diagnostic de la nature en ville sur le territoire du Creusot, étude suivie de propositions d'actions et d'une feuille de route pour l'Appel à projets Plan de paysage auquel a répondu la CUCM.
Ce diagnostic a repris les éléments de la TVB, du PADD et de la partie diagnostic du PLUH, focalisés sur la ville.
Le volet paysager a détaillé l'urbanisme existant au Creusot, mais aussi les interfaces visibles entre les milieux industriels, résidentiels et naturels :
Une forte présence du minéral en ville, héritage de l'aménagement industriel de la fin du XIXème siècle, agrémenté d'alignements et haies en taille architecturée, contrastant avec le Parc de la Verrerie,
◦ Un habitat individuel partagé entre les cités jardins ouvriers, auxquelles succédèrent les maisons accolées sur rue, avec jardin en fond de parcelle, puis les lotissements,
◦ Un habitat collectif dispersé,
◦ Une colonne vertébrale industrielle, coupant la ville en deux, et parsemée de friches,
◦ Des interfaces très nettes entre les espaces naturels, industriels, et de centre-ville.
Les propositions d'actions ont balayé à la fois les enjeux de biodiversité, de paysage urbain, d'habitat et de mobilités douces, à partir d'une valorisation des interfaces entre milieux naturels et
résidentiels, puis industrie et nature, et enfin habitat et industrie. Cette approche par interfaces voulait traiter « ce qui se voit », l'entrée ou la bordure entre chaque secteur de la ville.
Les propositions d'actions de l'étude S'green répondaient aux attendus de l'AAP Plan de paysage 2021-2022, avec des solutions très urbaines et focalisées sur les interfaces :
◦ Une re-végétalisation des axes de circulation par la plantation d'arbres, arbustes et jachères fleuries, pour à la fois recréer des corridors écologiques et des liaisons mobilités douces, et des entrées de ville plus accueillantes,
◦ Une désimperméabilisation de voiries et trottoirs surdimensionnés,
◦ Des jachères fleuries et fauche tardive le long des infrastructures de transports, clôtures industrielles,
◦ Des expérimentations de phytoremédiation de sols pollués et d'agriculture urbaine hors sols.
La déminéralisation favorise l'infiltration et répond aux objectifs du Zéro Artificialisation Nette (ZAN).
Mais le coût oscille entre 150 et 450€/m' selon la qualité de l'aménagement paysager et hydraulique mis en place (prairie, pavés filtrants, noues, arbres...). Sa mise en œuvre sur le domaine public relève de la CUCM. Une expérimentation est menée sur le domaine routier au Creusot rue des Puddleurs ou encore rue de l'Artillerie (places de stationnement rendues perméables par l'emploi de pavés drainants aux joints non bétonnés). Dans le renouvellement des espaces publics, ces éléments sont systématiquement pris en compte
L'agriculture hors sol répond à une rareté du foncier agricole pour de petites productions maraichères à haute valeur ajoutée (crudités, petits fruits, plantes aromatiques) en exploitant des terrains pollués, inutilisables pour d'autres usages. Le Plan Alimentaire Territorial (PAT) en cours d'élaboration a déja ciblé la nécessité de renforcer la production maraichère locale, mais sur des terres adaptées, saines et disponibles C'est ce qu'a amorcé la ville du Creusot avec l'opération de maraîchage aux serres municipales où 700kgs de légumes ont été produits la 1 année et un quasi doublement l'année suivante (année pleine). Légumes 100% bio destinés principalement à la crèche municipale, le surplus allant à l'épicerie sociale. Dans le même registre, la phytoremédiation est encore au stade expérimental et necessite des investissements puis un suivi technique poussé. Elle est à réserver aux industriels soucieux de valoriser leur foncier historiquement pollué.
3. Approche Développement Durable
Tout en s'appuyant sur les diagnostics de la TVB, les orientations du PADD, et une partie de la mission
S'green, la ville du Creusot s'est engagée dans un plan d'actions répondant principalement aux Objectifs de Développement Durable (ODD) : ODD 11 « Villes et communautés durables », ODD 13 «lutte contre les changements climatiques », ODD 14 et 15 « Vie aquatique et vie terrestre », et par ricochet à d'autres ODD.
Les ODD 13 et 14 relatifs à la biodiversité sont déjà très bien pris en compte dans les objectifs de la
TVB, mais l'aménagement d'une ville verte, apaisée et résiliente aux canicules fait appel à des références et données plus récentes.
La règle des « 3-30-300 »
Développée par les métropoles « European Green Capital », porté en France par Nantes, Strasbourg.
ou Grenoble, cette règle propose de viser pour chaque habitant les objectifs suivants :
◦ Voir 3 arbres depuis son domicile ou son lieu de travail,
◦ Chaque quartier devrait être recouvert à 30% de canopée,
◦ Résider à moins de 300 mètres d'un parc, square ou espace vert ombragé.
Le premier objectif nécessite une cartographie exhaustive de la végétation, en distinguant les arbres de la végétation au sol. Cette analyse est rendue possible par l'imagerie LIDAR, déjà disponible et utilisée pour ces calculs de canopée par les métropoles.
Depuis 2021 et jusqu'en 2026, l'Institut géographique national a lancé une campagne d'imagerie LIDAR 3D sur la France entière. Les données 3D acquises en février-mars 2025 sur Le Creusot seront disponibles au 1er trimestre 2026, permettant de positionner précisément les arbres sur le territoire avec une précision de 50cm, et de calculer la surface de canopée par ville, par quartier...
Le second objectif de 30% de canopée peut déjà être estimé à partir de l'analyse de la COuverture du Sol par Intelligence Artificielle (CoSIA), étude réalisée en 2023 par l'IGN. Selon ces données, Le Creusot est déjà couvert par 38% de canopée. Mais certains quartiers sont moins bien plantés, comme Croix Menée-Chanliau, Foch, Mouillelongue, Plaine des Riaux-Cité Industrielle, qui vont de 16 à 20% d'indice de canopée, alors que La Chaume-Les Riaux et Quartier des Combes sont à 51 et 65%.
Enfin, la proximité des parcs, squares ou cimetières ombragés, et forêts ouvertes au public, peut étre analysée par la cartographie suivante :
Les quartiers d'habitation à plus de 300m d'un espace arboré ouvert au public sont rares en dehors de l'axe des usines, non habité. Les « trous » comme dans le quartier rue Albert 1° / rue de Volnay, rue du Pas de Cible ou intersection rue Marceau / rue de Chanzy sont essentiellement en petits collectifs ou maisons individuelles, disposant d'espaces extérieurs privatifs. Certains espaces comme
l'intersection rue Marceau/rue de Chanzy seront à réfléchir avec l'aménagement d'un ilot vert sur voirie.
Identification des ilots de chaleur - ilots de fraicheur
Un des effets les mieux étudiés du changement climatique est l'augmentation du risque de canicule, notamment en zones urbaines. Les chercheurs et bureaux d'études maitrisent l'impact des bâtiments, revêtements routiers, mais aussi des arbres, pelouses, prairies sur la chaleur ressentie en journée et la nuit. La carte suivante simule l'impact des bâtiments, des surfaces minérales et de la végétation sur le microclimat local :
Cette carte figure avant tout des risques d'ilots de chaleur à proximité des usines, dans les quartiers Saint-Charles, Molette, Couronne malgré les parcs voisins, mais aussi sur les grandes artères en front bâti continu. Des équipements publics comme le Lycée ou l'Hôtel-Dieu sont aussi sensibles.
Aménagement d'espaces ombragés Ecole du dehors
Les écoles maternelles, élémentaires et primaires du Creusot sont demandeuses d'espaces extérieurs ombragés pour y réaliser des séances Ecole du dehors. La cartographie des sites Charles de Gaulle, Prévert, Charmille, Camille Claudel et Victor Hugo permet d'identifier les lieux ombragés du quartier ou il est possible d'aménager un espace d'école du dehors. Des aménagements ont été réalisés aux écoles Charles de Gaulle et Sud Michelet. En lien avec les équipes pédagogiques les plus volontaires, de tels aménagements pourront se poursuivre dans un calendrier à définir conjointement avec l'Education Nationale.
Gestion différenciée des espaces
Dans lesprit d'une proposition de l'étude S'green de fauche tardive, mais sans prairies fleuries, la gestion des tontes des grandes surfaces vertes est interrogée. Pourquoi tondre et pour qui ?
La gestion différenciée joue sur les fréquences de tonte, de taille, la nature des plantations au regard de lusage de chaque espace et de son enjeu paysager. Au Creusot, la taille architecturée et la tonte devant le château de La Verrerie vont souligner l'esthétique des façades de celui-ci. A l'opposé, la fauche tardive de la partie champêtre du Parc de la Verrerie souligne le paysage forestier dominé par les grands hêtres.
Cette gestion différenciée pourra être étendue à d'autres gazons, aujourd'hui tondus régulièrement, pour peu que l'on traite bien les abords de chemins, les zones de jeux de ballon, de pique-nique. Les autres surfaces, les cœurs de parcelles sont laissés plus libres, permettant la floraison de fleurs sauvages spontanées ou ressemées. Visuellement, l'impression d'entretien dure plus longtemps entre deux tontes de printemps, car le bord de chemin restera plus court que le fond de parcelle malgré la repousse. Deux fauches tardives en été puis fin d'automne ou hiver permettent de maitriser la végétation et éviter la pousse de ronces, arbustes...
Cette gestion pourra être progressivement étendue en sélectionnant de nouveaux secteurs chaque année, puis en dessinant les zones de tonte et de fauche, et en communiquant de façon pédagogique auprès de la population sur cette gestion.
4. Perspectives et catalogue d'actions
A partir de ce travail trame verte / plan paysage, les actions pourront être mieux ciblées.
Les objectifs de renaturation de la ville, d'amélioration du paysage urbain détaillés dans les études antérieures, en incluant plus fortement l'adaptation aux changements climatiques au travers de petites actions concrètes et visibles seront poursuivis. Les projets de moyen terme seront articulés avec le Plan paysage de la CUCM, et bénéficieront d'aides associées.
Le tableau ci-dessous propose une liste d'actions non exhaustive. C'est une base pour l'élaboration d'un plan d'actions à court et moyen terme.


