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05/09/2022 03:17
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Interview : David Marti fait le point sur de nombreux sujets, dont la crise énergétique, le cinéma et l’Hôtel-Dieu et annonce qu’il signe le manifeste de Bernard Cazeneuve

Maire du Creusot et Président de la Communauté Urbaine, David Marti a accordé une longue interview de rentrée à creusot-infos. Il parle de son avenir politique au PS ou en dehors…
Quel bilan tirez-vous de cet été 2022 au Creusot ?
DAVID MARTIN : «C’est un bilan très positif. La fréquentation sur l’ensemble des activités, a été remarquable pour les jeunes, les moins jeunes. A commencer par le Festival des Beaux Bagages, dont c’était le 10ème anniversaire, avec 20.500 personnes comptabilisées. C’est une grande satisfaction, avec un format qui maintenant correspond à l’esprit que nous voulons. Bel été aussi à la piscine avec plus de 23.000 entrées enregistrées. On est au niveau de fréquentation parmi les plus hauts pour notre centre nautique, il est vrai au cours d’un bel été».
 
Il y a cependant eu quelques soucis…
«Oui c’est vrai, avec de petites problèmes. Mais moins que l’année dernière. On avait mis des règles, mais des jeunes ne veulent pas respecter les règles. Notre capacité de réactivité a été bonne, avec des expulsions. Mais c’est vrai partout. On essaye de réagir au plus vite quand il y a des problèmes, y compris sur le parc de la Verrerie. On essaye de combattre la divagation des chiens, avec des verbalisations, mais on ne peut avoir quelqu’un en permanence dans le Parc.
Cela ne doit pas occulter notre grande satisfaction dans toutes les activités, il est clair que nous avons eu beaucoup de remerciements. De la part de Creusotins ou de non Creusotins qui ont remercié la ville. Notre volonté, je le rappelle, c’est d’offrir des activités pour le public qui ne part pas ou peu en vacances.
Il y a eu le retour des feux d’artifice. On a pu maintenir seulement ceux de la fête nationale. On réfléchit, si cela est possible, à faire des feux pour les fêtes de fin d’année.
Les activités jeunesse ont bien marché que ce soit avec Creusot Vacances Jeunes, les  chantiers jeunes, les vacances apprenantes… Le Virgo a concerné 700 personnes.
Alors que le contexte est difficile pour les collectivités et les ménages. La ville du Creusot fait la démonstration qu’elle reste en capacité d’organiser des activités et animations gratuites. J’ajoute que le Parc des Combes a très bien marché, malgré les épisodes de canicule. Il est dans la continuité de ce que nous faisons.
On remercie toutes les personnes, services de la ville, bénévoles qui ont permis de vivre un bel été. Tout le monde a été solidaire».

De 250 à 300.000 euros d'économies à trouver...

 
Comment la ville se prépare à la crise énergétique ?
«Avec prudence. Nous devons faire des économies. Le prix de l’énergie, des matières premières nous impacte. Personne ne pouvait le prévoir. On est dans la recherche d’économies. Entre 250.000 et 300.000 euros qu’il faut trouver. Il a fallu, je le rappelle, augmenter les salaires et c’était souhaitable, avec l’augmentation du point d’indice et du SMIC.
Sur tous les chantiers que nous avons débutés, on va vers une augmentation des coûts. Notre objectif est de ne pas trop impacter nos habitants»
 
Les prix des cantines scolaires vont-ils augmenter ?
«On n’a pas augmenté pour la rentrée. Je ne peux pas m’engager au-delà. Notre volonté, si possible, c’est de ne pas augmenter.
Sur les autres activités, on ne s’interdit pas d’augmenter à hauteur de l’inflation, ou dans le mouvement».

Téléphérique urbain ? Rien de décidé et rien au cours de ce mandat

 
Où en est la réflexion de la ville sur un projet de téléphérique entre la Plaine des Riaux et les Combes ?
«On l’a inscrit dans les projets d’avenir. Je rappelle que nous avons dit qu’il faut une liaison douce. On a toujours le projet à l’esprit. Il faut examiner la situation. On en est au stade des études et il n’y aura pas de réalisation au cours du mandat. Il faut de toute façon soumettre une pré-étude à la DREAL. La question est bien de savoir comment réaliser une liaison douce. On touche aux loisirs et à l’économie. C’est une réalisation à terminer avant la fin du mandat suivant, c’est-à-dire d’ici 2032, si c’est réalisable. Il y a beaucoup de partenaires financeurs qui nous incitent. Cela va dans le sens de la préservation du climat. Les partenaires sont prêts à nous suivre».
 
Et sur le cinéma, comment évolue le projet ?
«On avance petit à petit. On travaille avec un porteur de projets, Monsieur Régis Faure qui a repris le Morvan Techniquement on avance plutôt bien. Notre objectif c’est que Le Creusot ait son complexe en 2025. Il est raisonnable de le penser. Mais avec la crise, je ne peux rien garantir».

Hôpital ? «Le Creusot ne peut pas être une variable d'ajustement»

 
Quel regard portez vous sur le rapport de l'IGAS sur l'offre hospitalière et l'Hôtel-Dieu ?
«Un rappor de l’IGAS est sorti. Je dirai, un de plus. Comme le précédent il y a des pistes, mais il y a des choses décalées. Ce n’est pas parce qu’il y a un rapport que les choses vont s’organiser comme l’IGAS l’analyse. Il a un travail à mener avec tous les partenaires. Y compris le Député Rémy Rebeyrotte. Ce travail que je l’ai commencé il y a deux mois. J’ai pris rdv avec le nouveau directeur de l’ARS avant même qu’il soit nommé.
L’organisation de la santé est un sujet qui concerne toute la communauté urbaine. Et notamment sur deux points précis : La Maternité et le SMUR est les urgences de nuit.
Les rapporteurs ont fait des oublis, sur la question de la Maternité par exemple. Cela concerne les élus du territoire.
Moi ma méthode c’est le travail et nous verrons le moment venu les actions à mener pour préserver pas simplement la maternité, mais bien ce qui doit être l’Hôpital de l’Ouest du département. L’Hôpital de référence qu'est l'Hôtel-Dieu, avec l’hôpital de Montceu qu’il faut faire évoluer en concertation avec Le Creusot.
Le groupe SOS doit être considéré dans les discussions. Avant de dire il faut fermer la maternité du Creusot ou d’Autun, il faut d’abord travailler pour sécuriser la maternité d’Autun et maintenir la maternité de l’Hôtel Dieu. Sinon je crains que l’on pourrait s’acheminer vers les fermetures des deux, ce qui ne serait pas acceptable. Il faut que les autorités de tutelle accordent des moyens aux deux.
J'ai eu l'occasion de le dire : Les moyens n’ont pas été attribués et répartis de manières équitable.
L’Hôpital de Chalon qui cumule le plus de déficits a eu la plus belle part du gâteau. Le Creusot a été vertueux et il a été négligé par le Ségur de la Santé, comme celui de Montceau. Le Creusot ne peut pas être la variable d’ajustement des autres Hôpitaux. C’est dans le calme et la sérénité que l’on y arrivera, pas dans la gesticulation. Si certains espèrent exister politiquement à travers ce dossier important, ils se trompent et qu’ils ne comptent pas sur moi !»
 
Concernant les travaux, il avait été annoncé que la journée des associations aurait lieu à Jouffroy. Cela n’a pas été le cas…
«Oui c’est vrai. La vérité c’est que l’on a rencontré de vraies difficultés. Une entreprise a déposé le bilan. Une autre a été mise en demeure. Des tarifs ont été multiplié par deux. Tout cela a engendré des retards. Mais c’est vrai pour beaucoup de chantiers et pas seulement au Creusot.
Je rappelle que le projet phare du mandat, c’est c’est celui de l’éco crèche et il n’a pas de retard».

Foch-Verdun : «Attendre pour juger»

 
Où en est-on sur les travaux Foch – Verdun ? Des usagers du secteur trouvent le projet très minéral…
«Pour le moment, en cette rentrée de septembre, on est dans les délais. C’est vrai que le projet semble minéral, mais je rappelle qu’une cinquantaine d’arbres vont être plantés. Il faut attendre que ce soit terminé pour juger. On a le souci de végétaliser le secteur et d’autres
Le secteur Foch-Verdun fait partie des grands aménagements de la Communauté Urbaine, comme c’est le cas à Montceau pour les aménagements du quartier du Plessis, à Torcy, le Boulevard du 8 Mai 1945, à Montchanin la voie verte sur rail, et des espaces publics dans d’autres communes comme Ciry, Essertenne, Gourdon, Les Bizots et Pouilloux».
 
Où en sont les autres dossiers communautaires ?
«Le musée de l’Homme et de l’Industrie va voir une inauguration le 17 septembre, avec le pavillon des Fontaines. Et au printemps 2023 ce sera complètement terminé, avec une exposition sur l’industrie. Concernant le recrutement du nouveau direction, c’est toujours en cours. Je rappelle que va regrouper les collections dans les anciens locaux de la ligue de foot à Montchanin. Il me semble important, aussi, de parler du canal du Centre…»
 
C’est-à-dire ?
«Avec Euro Vélo 6, ou encore l’aménagement des haltes, on a vu de plus en plus de touristes. Il faut continuer ce développement.
Autre sujet : Sur le numérique on travaille pour le développement de la 5G. On s’est lancé pour être un smart territoire avec un opérateur. Cela a déjà commencé».
 
Vous avez aussi décidé de travaux à Coriolis…
On va aménager la plateforme sur deux ans, pour pouvoir accueillir des bâtiments et des entreprises quand il y  a des projets. La Communauté va investir 5,6 millions d’euros.
Sur le volet économique de la communauté urbaine, je rappelle qu’il y a des à l’agriculture : 28 exploitations en ont bénéficié pour l’eau, ce qui représente 66.775 euros. On finance entre 40 et 50%. Et d’autres dossiers sont en cours d’instructions. C’est bénéfique pour tout le monde et pour la préservation des ressources des ressources en eau»
 
Où en est l’accueil des familles ukrainiennes ?
«Depuis mars 2022, ce sont 103 personnes qui ont été accueillies au Creusot. 89 personnes, dont 23 enfants, représentant 45 ménages sont restées. Des personnes ont intégré des logements de droit commun à l’OPAC. On en compte près d’une dizaine. Tous les enfants sont scolarisés. On les a répartis sur deux groupes scolaires : Molette, Marie Curie et Sud Michelet».

La NUPES ? «Un accord de dupes»

 
Irez-vous à la Fête de la Rose à Frangy en Bresse ?
«Je ne suis pas allé à Blois, déjà parce que je suis pas amateur des journées d’été et qu’au Creusot c’était les Beaux Bagages. Cette année particulièrement je n’avais pas envie, compte tenu de mes divergences avec la direction actuelle du Parti Socialiste. Je suis allé à Frangy une seule fois, pour Bernard Cazeneuve. Je n’irai pas cette année, car ce n’est pas la fête de tous les socialistes».
 
Dans une interview à creusot-infos au moment de la création de la NUPES, vous aviez dit envisager de quitter le PS. C’est toujours le cas ?
«J’ai pris mes distances avec le PS depuis l’accord avec la France Insoumise.  Ce qui se passe à l’Assemblée Nationale n’est pas digne du Parti Socialiste. Cela me conforte que c’est un accord de dupes. Je respecte les camarades qui ont soutenu cet accord, mais je ne me retrouve pas dans celui-ci. Je suis toujours adhérent au PS. Il y aura un congrès en novembre. Je verrai les orientations. Je n’irai pas à ce congrès. Je soutiendrai un courant avec d’autres camarades».

«Au nom de la social-démocratie»

 
Comment envisagez vous l’avenir ?
«Depuis l’accord avec la France Insoumise, avec un bon nombre de socialistes, nous nous sommes sentis trahis. On a pris le temps de faire le constat que la social démocratie n’est plus représentée en France.
Il fallait coûte que coûter occuper cet espace de gauche. A quelques uns, autour de Bernard Cazeneuve, on a travaillé à un texte fondateur que Bernard Cazeneuve a révélé ce dimanche 4 septembre dans le JDD. J’en suis cosignataire, avec d’autres. Nous voulons portez la voix de la social démocratie, pour plus de justice sociale, une économie au service du plus grand nombre et pas uniquement libérale.
Maintenant ce texte est soumis aux signatures. Ce n’est pas un parti, c’est un mouvement qui peut rassembler au-delà du PS, des personnes qui se retrouvent dans les valeurs. Je ferai une conférence de presse, à l’automne, en présence de Bernard Cazeneuve qui va venir au Creusot. Il faut porter la voix de la social démocratie dans notre pays».
 
Pourquoi cette ambition ?
«Quand on voit ce qui est en train de se passer, avec un parti présidentiel qui mène une politique de plus en plus à droite, quand on a un Rassemblement Natiopnal qui s’est donné de la respectabilité, que Les Républicains ne trouvent plus une place entre le RN et le parti présidentiel qui se droitise, et une gauche qui est radicale, il y a un espace qu’il faut porter. De nombreux français peuvent s’y reconnaitre. On ne peut pas renoncer entre d’un côté une majorité présidentielle, et de l'autre une gauche et une droite radicales».
 
Recueilli par Alain BOLLERY
 

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