Il est loin le temps où des fumées noires s’échappaient des usines du Creusot. Loin le temps où la sidérurgie était accusée d’être très polluante. En ce sens, dans le berceau de la révolution industrielle en Europe continentale, Industeel groupe ArcelorMittal fait figure de très bon élève.
En moins de deux décennies la production d’aciers a changé autant de siècle que de millénaire. Un bon en avant fulgurant, pour produire des aciers toujours plus et mieux respectueux de l’environnement.
Et après les incertitudes liées à une cession en totalité ou partielle d’Industeel, un projet finalement abandonné, Industeel Creusot a reçu le feu vert du groupe ArcelorMittal pour lancer un gros programme d’investissements dans la cité du pilon.

«9 millions d’euros pour des investissements déjà réalisés pour certains, ou en cours de réalisation pour d’autres», explique Gauthier Platteau, en charge des investissements au Creusot.
«On a effectué un rattrapage par rapport à 2020 où les investissements avaient été gelés», prend soin de souligner Gauthier Platteau. Mais il n’empêche ces investissements sont quand même conséquents. Surtout, ils visent à produire des aciers de plus en plus verts.
Le Creusot qui était jusqu’alors le spécialiste des aciers spéciaux est donc aussi, désormais, la capitale des aciers verts. Sur la planète de la sidérurgie, la tôlerie du Creusot, est désormais le lieu où sont produits les aciers et inox les plus décarbonés de France,  et sans doute même en Europe.
Très clairement, Industeel Creusot groupe ArcelorMittal est plus en avance qu’en retard, en matière de respect des nouvelles normes environnementales. Le Creusot fait la démonstration que produire des aciers verts est possible.

Cédric Chauvy : «On investit,

on sécurise et l’activité repart en 2022»

Le directeur d’Industeel Creusot se veut optimiste. Car si l’activité a chuté de 84.000 tonnes en 2019 à 52.000 tonnes en 2020 et avec une perspective de 50.000 tonnes d’ici la fin de l’année, il est catégorique : «On investit, on sécurise et l’activité repart en 2022». Et d’ajouter : «On sent une reprise des projets». Industeel Creusot emploie aujourd’hui entre 750 et 760 personnes en CDI avec une vingtaine d’intérimaires, pour des remplacements.
«On a une dizaine d’emplois à pourvoir d’ici la fin de l’année». Et en 2022 ? «Ca dépendra des commandes, mais il y aura des embauches». Industeel mise sur l’alternance, notamment pour les métiers de la maintenance, «car la solution c’est de former des jeunes», souligne Cédric Chauvy. Au rang des investissement, le directeur explique : «On a un plan sur cinq ans. On liste les priorités en fonction de l’obsolescence, mais aussi des nouveaux procédés d’automatisation». Industeel Creusot ambitionne d’investir de 7 à 8 millions d’euros par an.

2,35 millions pour la rénovation du four de l’hyper trempe des inox

Le projet avait été lancé à la mi-2020. Il est en train de se terminer en ce début du mois de septembre 2021. Pour la rénovation du four de l’hyper trempe des inox, ce sont 2,35 millions d’euros qui ont engagés. Le four a été conçu par l’entreprise Cleia à Nolay, dans le Sud de la Côte-d’Or, avec les entreprises locales T2M Chaudronnerie, Comeca Group et Jet Flammes de Belfort.
L’objectif du projet ? «Répondre aux nouvelles normes de sécurité et d’environnement», indique Gauthier Platteau. Avec une baisse des émissions de près de 30% des oxydes d’azote et une baisse de la consommation de gaz qui permet de réduire de 10% les émissions de CO2. Avec 13700 Mégawatts consommés en énergie.
Pour Industeel, les bénéfices sont également financiers. La taxe carbone est actuellement de 25 euros la tonne de CO2. Et des hausses à venir sont entendues.

Une nouvelle cabine de laminage

L’été a vu le modernisation et l’automatisation de la cabine de laminage dans laquelle sont passés tant de ministres et de personnalités. Industeel a investi 400.000 euros. La cabine fonctionne désormais avec un lamineur. «Le premier bénéfice, ce sont des gains en qualité. Les dossiers produit arrivent en informatique».

Un nouveau préchauffeur-cuiseur à l’aciérie

250.000 euros ! C’est le montant de l’investissement pour un nouveau préchauffeur-cuiseur de poches à l’aciérie. La nouveauté : Il fonctionne avec 50% de gaz et 50% d’oxygène produit par Westfalen juste à côté de l’aciérie. La consommation de gaz est donc divisée par deux pour division également par deux des émissions de CO2. La consommation de gaz est diminuée de 50.000 euros au prix actuel. «Le préchauffeur remplacé avait plus de 40 ans. On va donc avoir des gains en maintenance», se félicite Gauthier Platteau.

Une nouvelle tour aéro-réfrigérante à l’aciérie

Industeel a aussi profité de l’été pour remplacer et installer une nouvelle tour aéro-réfrigérante à l’aciérie, et le système de pompage. Un investissement de 270.000 euros.

100.000 euros pour les fumées

Les gros tuyaux, ou grosses conduites, qui évacuent les fumées de l’aciérie pour leur filtration doivent aussi parfois être changés. Cela a été fait pour l’un d’entre eux cet été, moyennant 100.000 euros.

Avec le soutien du Plan de relance

Industeel bénéficie du plan de relance pour ses investissements. 30.000 euros pour le préchauffeur. Mais l’entreprise espère aussi bénéficier d’une aide de 500.000 euros pour le nouveau four de l’hyper trempe au titre de la décarbonisation ! Mais aussi pour des outils, pour ce qui concerne le volet nucléaire des activités.

Alain BOLLERY

(Photos Alain BOLLERY et DR)

Le nouveau four de l’hyper trempe des inox :

La nouvelle cabine de laminage :

Le nouveau préchauffeur cuiseur :

La nouvelle tour aéro-réfrigérante :

Les conduits d’évacuation :