L’échange voulu par la Ministre avec tous ses
interlocutrices et interlocuteurs à la Mairie du Creusot a été intense par son
contenu. La Ministre a retenu les messages et a fait passer les siens. Sans
langue de bois.
Si certaines visites ministérielles ont un côté convenu, ce
n’est pas le cas de celle qu’Elisabeth Moreno a effectué ce jeudi matin au
Creusot. Plutôt que de visiter une entreprise et se limiter à deux ou trois
échanges, comme c’est souvent le cas, la Ministre a préféré un échange très
direct. Tout à la foi avec des collégiens, mais aussi avec des femmes qui
vivent et respirent non pas seulement les différences entre hommes et femmes,
mais aussi les tabous qui entourent l’insertion des femmes dans le monde du
travail et encore plus dans celui de l’industrie.
Au Creusot on le sait, le concept industri’elles a fait ses
preuves. Et encore plus les «industri’elles weeks» qui permettent à des
collégiennes et collégiens de découvrir l’univers industriel.
La Ministre, accompagnée par le Préfet Julien Charles et
accueillie par le Maire David Marti, s’est montrée enthousiasmée par les
témoignages qu’elle a entendus. Elle a aussi lancé beaucoup de messages, car elle
est persuadée que les choses peuvent bouger.
Le Maire David Marti, ayant été obligé de partir pour des
raisons d’agenda, la Ministre a demandé à une collégienne de la Croix Menée
devenir s’installer à côté d’elle pour apporter son témoignage. Il fallait
oser. Elisabeth Moreno s’y est pris à deux fois pour convaincre la jeune fille.
Une façon de dire, en subliminal, qu’il faut savoir oser.
Alain BOLLERY
(Photos Manon BOLLERY)
David Marti
Maire du Creusot
«L’enjeu pour les collectivités territoriales, sur
l’égalité, touche plusieurs champs. La ville du Creusot est très engagée au
niveau de cette égalité. Une loi oblige d’aller vers l’égalité complète, avec
un travail au niveau des ressources humaines.
Il y a aussi la question des VIF, avec une crise sanitaire
qui les accentuées. La ville du Creusot a été très en pointe dans le dispositif
VIF qui s’est étendu au sein du CISPD. C’est un combat que nous menons avec
beaucoup de moyens et une attitude très offensive.
On s’est aussi engagé dans le projet industri’elles, et nous
faisons découvrir les métiers industriels aux filles dès le Collège.
L’industrie pèse pour 40% des emplois. On veut que les jeunes filles découvrent
ces métiers. Vous aurez les témoignages de jeunes femmes qui travaillent dans
l’industrie.
Il faut renouveler le dispositif, pour qu’il prenne une
autre dimension. Le dispositif sera élargi à Territoires d’Industrie, avec une
élue, Valérie Ledun qui va le coordonner.
Notre industrie se développe sur des marchés peu
concurrentiels et elle se développe avec en partenariat avec l’Université et
notamment l’IUT. C’est pour cela que l’on crée un site technopolitain qui aura
vocation à voir se développer des start-up».
Elisabeth Moreno
«J’ai passé les 30 dernières années de la vie. L’égalité
passe par la possibilité de donner aux femmes de toucher leurs rêves du doigt
dans les entreprises. Il n’y a pas de genre dans l’entreprise.
Vous avez su exploiter les potentialités industrielles en
donnant leur place aux femmes.
La semaine prochaine, Marie-Pierre Rixain, porte une
proposition de loi sur l’émancipation des femmes. C’est important, car on va
devoir relancer notre économie. Les femmes ne demandent pas la moitié du ciel,
mais elle sont la moitié de notre pays. L’égalise passe par toutes les sphères de la société.
Les femmes sont passées par exemple du stade de femmes
d’agriculteur, à agricultrice. On ne peut pas continuer avec des femmes
assassinées. Comme cet homme qui immolé son ex-femme.
La question de l’égalité ne peut se réaliser que
collectivement.
Pendant le confinement, les femmes ont subi une charge
importante. Le télétravail c’est compliqué, alors qu’il va se développer.
Industri’elles je trouve cela remarquable. Moi chef
d’entreprise, il me manquait les connexions avec les écoles.
Il y a 1001 et métiers que l’on ne connait pas. Le sujet me
passionne.
Cette guerre de l’égalité… Je reprends. Ce combat pour
l’égalité est un combat que l’on ne gagnera qu’ensemble. Les inégalités on doit
considérer qu’elles peuvent toucher sa sœur, sa mère, sa fille.
Je salue la force et la volonté des femmes».
Isaline Flament
Collégienne à la Croix Menée«J’ai participé au projet de visites
d’entreprise. Une semaine très enrichissante. J’ai pu découvrir une entreprise
qui fabriquait des bornes musicales pour les personnes âgées.A l’heure actuelle j’envisage études scientifiques et je ne
m’interdis pas de travailler dans l’industrie. Je ne m’interdis aucun secteur
professionnel».
Laëtitia Martinez
adjointe au Maire du Creusot
«Ce témoignage permet d’illustrer le dispositif. C’est un
sujet de long cours. Du quotidien, de tous les liens et de tous les enfants.
Notre réflexion a été de dire qu’on avait une obligation d’exemplarité, pour
les jeunes filles et les jeunes garçons.
Jeune je voulais être infirmière, et pas médecin car mon inconscient me renvoyait au métier d'infirmière en pensant que je pouvais pas prétendre à être médecin.
L’industrie ne correspond pas à la réalité, dans son image.
Les sujets de mixité de formation sont essentiels.
Industri’elles c’est 10 ans déjà pour amener les jeunes
filles à découvrir. Aujourd’hui c’est un rendez-vous annuel. La question de
l’éducation est un levier».
Pauline Lalle
(Femme Egalite Emploi)
«45 entreprises sont accompagnées en Bourgogne –
Franche-Comté. L’édition 2021 nous a contraint. Il y aura deux live sur
Instagram d’une heure, avec quatre femmes qui prendront la parole. Ca sera
depuis Le Creusot».
Noah Fréjus
Collégien Croix Menée
«Avec Industri'elles week, on a pu comprendre qu’il n’y a pas de mauvais choix pour
les femmes et les hommes. Les femmes ont la patience pou travailler
l’industrie. On a découvert les filières au Lycée Léon Blum. On a découvert que
les filières ne sont pas réservées aux hommes. C’est que des lycéennes nous ont
expliqué. Elles réussissent mieux que les garçons. Je ne me rendais pas compte des différences dans
l’Industrie».
La Ministre : Si tu
étais Ministre qu’est ce que tu ferrais ?
Noah : «Faire en sorte que les filles et les garçons
comprennent qu’il n’y a pas de genre».
Céline Dufraine
Employée groupe Matière
«Mon arrivée dans l’industrie a été compliquée. J’y suis
arrivée quand j’avais 30 ans. J’ai commencé en tant que soudeuse. On m’a
ensuite fait passer au fraisage, puis placement, puis peinture. Et pour finir on m’a proposé le contrôle
qualité. Quand on me pose des questions je sais de quoi je parle. J’ai cinq
enfants à moi et deux avec mon compagnon».
Question de la Ministre :
Pourquoi êtes vous entrée en industrie ?
«Quand on m’en parlait j’avais le sentiment que c’était
fermé»
Guillaume Mornat
Directeur de l'établissement Mathière du Creusot
«J’ai eu la chance de l’accompagner. Il n’y a pas de frein.
On encourage les femmes à venir. Il y a 5 femmes sur 48 ouvriers.
Il n’y a pas de différence à manager.»
Marion Lorio
Etablissement Alstom
«Je suis native du Creusot. J’ai terminé par une école
d’ingénieur en génie industriel. Je ne rencontre aucune difficulté à
travailler. Mon métier n’appartient pas à un genre. Il n’y a pas de barrière, il
faut se donner les moyens. J’ai le job de mes rêves ! Oui je pense continuer jusqu’à
la retraite».
Réaction de la Ministre : «On a besoin de femmes comme vous dans les
postes de direction . Vous devez être fière de votre travail. Je ne suis
pas certain que vous serez épanouie comme aujourd’hui dans 30 ans».
Nathalie Chen
Ressources humaines Alstom
«La problématique que l’on a ,c’est que l’on a peu de
candidatures de femmes. Il est important de leur expliquer que c’est possible.
C’est le sens d’industri’elles week. Les femmes sont encore rares sur les
métiers de monteur»
Marion Dullier
Framatome
«J’ai étudié à l’IUT. J’ai passé 11 ans chez Industeel. J’ai
eu deux maternités. Je suis chez Framatome, où je m’occupe des compétences et
j’avais effectué la visite d’Isaline. Je veux vraiment remercier la ville du
Creusot avec tout le système de garde des enfants et de loisirs, car c’est essentiel quand
on a des enfants et que l’on travaille».
Réaction de la Ministre : Les
femmes ont souvent des procès d’incompétences, pour les empêcher d’avancer. Si
vous avancez, c’est parce que vous êtes douée»
Abir Tefani
Framatome
«J’ai travaillé 1 an à Paris avant d’intégrer Framatome. Dans
l’équipe projet, nous sommes trois femmes. Il ne faut jamais lâcher l’affaire
pour intégrer une entreprise quand on est une femme !»
Amélie Tarnier
RH Thermodyn
«Cela fait 15 ans que je travaille à Thermodyn. La diversité
est une vraie chance, une richesse. On a 14% de personnels féminins dans tous
les métiers. Les femmes sont sous-représentées à l’atelier faute de candidatures. La
problématique c’est d’expliquer les métiers dont on a besoin. L’alternance est
quelque chose de formidable.
Le poids de l’héritage est très lourd. Mes
parents étaient à l’éducation nationale. Je suis allée à l’école des Grésilles à Dijon.
Pour mes parents je devais faire l’Education Nationale. Cela a été un combat de
leur faire accepter de ne pas supporter l’héritage. Quand j’ai dit que j’allais être dans les ressources humaines, on m’a dit «tu vas licencier». Je leur ai
expliqué que j’allais former et gérer. Industri’elles week, c’est pour cela que
c’est important»
Laure Barrière
Thermodyn
«J’ai travaillé sur les turbines à vapeur. Maintenant je
travaille sur l’intelligence artificielle. Je pense que ça peut apporter
beaucoup aux employés. Je veux donner le choix aux filles. Il faut s’autoriser
à échouer pour réussir».
Réaction de la Ministre : «Oui la transmission c’est essentiel. N’oubliez
pas de tendre la main quand vous réussissez. En France on a une mauvaise
perception de l’échec»
Aurélie Duvernay
(Haulotte) «Je suis chez Haulotte depuis 16 ans et j’ai déjà découvert
plein de métiers.
Stéphane Noirbuisson
Directeur Haulotte
«On a 22% de femmes et elles représentent un tiers du
management»
Réaction de la Ministre : «Une entreprise qui fonctionne bien est une
entreprise équilibrée. La loi veut aller à 30% de femmes dans les postes de
direction, contre 22% aujourd’hui. Une seule femme dirige le CAC40. Le
leadership n’est pas réservé qu’aux hommes. Cela fait 50 ans que l’on dit qu’il faut plus de femmes.
Elles étudient plus, elles sont capables, mais elles n’arrivent pas à trouver
plus. Il faut un coup de pouce, un appel d’air. Il y a trop de barrières»
Elisabeth Moreno
«Le rôle des politiques c’est de rendre possible ce qui est
souhaitable. Les expériences de vie vont nourrir les travaux au sein de notre
ministère