Dans le prolongement de la cérémonie aux Monuments aux Morts, c'est à l'ALTO que s'est terminée la commémoration de la fin de la 1ère guerre mondiale. David Marti a lu le message du Ministre avant d'adresser le sien.
Comme le veut la tradition, après la cérémonie devant le Monument aux Morts avec les dépôts de gerbes, c'est à l'ALTO que tout le monde s'est retrouvé. L'occasion pour le Maire David Marti de lire le message du Ministre des Armées, avant de prononcer un discours pour bien situer les enjeux de notre monde qui est loin d'être partout en paix.
David Marti a notamment insisté sur la responsabilité collective.
Message de Sébastien Lecornu, Ministre des Armées, et de Monsieur Jean-Louis Thieriot, ministre délégué auprès du ministre des Armées et des Anciens combattants.
C’était il y a 106 ans, en 1918. À la 11ème heure du 11ème jour du 11ème mois, de la boue des Flandres à la frontière suisse, les clairons égrènent les notes du « cessez-le-feu ». Aux fiertés de la victoire se mêle le cortège d’ombres des « péris en terre », accompagné de ceux qui les pleurent. Ce sont ces sacrifices que nous commémorons aujourd’hui, auxquels sont agrégés depuis 2012 celui de tous les « morts pour la France ».
Honorer leur mémoire, c’est écouter ce qu’ils nous disent encore aujourd’hui.
Ils nous laissent un devoir de gratitude, de lucidité et d’espérance.
Le devoir de gratitude, c’est tout simplement se souvenir du sacrifice de ces jeunes hommes, habités des promesses de la vie, qui ont consenti à tout donner pour que la France demeure. Les épreuves qu’ils ont traversées sont inimaginables.
Pour nous en imprégner, laissons la parole à un témoin, le général de Castelnau. Leur vie, c’était « marcher, marcher encore, marcher quand même à demi-mort de fatigue, trempé jusqu’aux os, transi de froid ou bien épuisé de chaleur et de soif dans l’air embrasé d’une journée torride (…). Gravir la pente du terrain sous le lourd fardeau du sac, charger baïonnette au canon dans le sifflement des balles, le crépitement des mitrailleuses et le mugissement des obus. Combattre le jour, combattre la nuit, veiller toujours ; mourir obscurément dans le sillon d’un labour ».
Le devoir de lucidité, c’est de ne pas oublier que 21 ans après que les canons se fussent tus, il a fallu reprendre les armes en 1939. La conjonction de la lâcheté et de l’aveuglement ont transformé la « der des der » en « armistice de vingt ans » pour reprendre les mots du maréchal Foch. À l’heure où la tragédie de la guerre a fait son grand retour en Europe, à l’heure où certaines puissances remettent en cause tous les fondements de l’ordre et du droit international, ceux de 14 et ceux de toutes les guerres nous murmurent de continuer à défendre la paix.
Le devoir d’espérance, c’est de ne jamais douter des ressources de la France pour venir à bout des défis qui se présentent à elle. La guerre change de visage, mais de génération en génération, les soldats de France demeurent animés de la même volonté de défendre l’honneur et la patrie.
En cette année du 80ème anniversaire de la Libération, souvenons-nous des soldats du commando Kieffer qui ont foulé les plages de Normandie le 6 juin 1944 ; souvenons-nous des soldats de la 1ère armée de Lattre qui ont débarqué en Provence ; de ceux de la 2ème division blindée du général Leclerc qui depuis le désert, à Kouffra, sont remontés jusqu’à Strasbourg pour la libérer et accomplir leur serment ; souvenons-nous des héros de la résistance intérieure, mais aussi du calvaire des incorporés de force d’Alsace-Moselle, souvenons-nous du courage des parachutistes de Dien Bien Phu, de celui des soldats qui se battent en opération extérieure et notamment ceux du Liban qui y défendent la paix depuis 1978 : comment ne pas voir que ces combattants ressemblent comme des frères aux Poilus de 1914 ?
Au fil de notre histoire, les soldats morts pour la France, ceux tombés pour le service de la Nation, ou pour le service de la République nous disent les pérennités françaises. Toujours, nos armées sont là pour accomplir la mission.
C’est pourquoi, réunis au pied du monument aux morts, élus, anciens combattants de toutes les générations du feu, enfants des écoles, nous ne sommes pas seulement la garde des morts, nous sommes d’abord les sentinelles des vivants.
Vive la République !
Et vive la France !
Le discours de David Marti
Après
des années d’un cauchemar interminable et 10 millions de morts, la
possibilité d’un nouveau départ voyait le jour pour les rescapés de
cette guerre atroce qui marquera leur corps et leur âme à tout jamais.
Les
limites infranchissables de la réalité s’ouvraient enfin pour laisser à
toutes ces vies si fragiles, celles des vainqueurs et des vaincus, la
possibilité d’un recommencement.
La première guerre mondiale a
ébranlé l’humanité toute entière laissant ses traces indélébiles partout
comme un témoignage de ce qu’un conflit de cette ampleur peut générer
sans aucune limite dans la désolation, la haine et l’horreur. Malgré
toutes ces souffrances, l’être humain à bien heureusement cette capacité
à saisir la moindre étincelle de vie pour se relever et reconstruire.
Au-delà
de l’incompréhension, la colère, de la rancœur il subsistait au plus
profond de chacun le désir de rapprochement des peuples qui ne pouvait
s’accomplir que par le pardon. Nous devons réfléchir à cela à chaque
épreuve traversée et engendrée par un conflit armé pour que l’intérêt
collectif dépasse celui de l’individu.
Dès la fin du conflit, il
fallait le plus rapidement possible changer la haine des peuples en
réconciliation et faire se rejoindre les forces antagonistes de
différents camps en dessinant les contours de la Société des Nations
dont la vocation serait l’évitement de toute guerre potentielle.
Vaine
utopie ou réappropriation maladroite des valeurs démocratiques ? Déjà
vingt ans plus tard, une nouvelle guerre éclatait. Un nouveau conflit
nourri par l’humiliation, l’esprit de revanche et, par conséquent, la
montée des nationalismes.
Comme à chaque commémoration qui nous
réunit, nous devons comme en ce 11 novembre, aussi prendre la pleine
mesure des irresponsabilités collectives et les conséquences qu’elles
engendrent.
Regarder en arrière, s’interroger et agir chacun à notre
place car nous avons tous la possibilité de faire en sorte par nos
choix, nos paroles et nos actes que les erreurs du passé ne produisent
les mêmes effets dévastateurs.
Il est plus que temps d’en prendre
conscience alors que les démocraties en Europe et dans le monde se
trouvent de plus en plus fragilisées par les discours populistes
construits sur le rejet de toute ouverture vers l’autre et la haine de
l’étranger.
L’obscurantisme contemporain, l’extrémisme ou les
bouleversements climatiques menacent à nouveau notre héritage de paix.
Ils constituent notre combat, celui d’aujourd’hui et de demain pour que
les enfants du XXIème siècle puissent encore faire des choix en
conscience et liberté.
Agissons avec lucidité, tolérance, humilité et
courage comme l’ont fait d’autres avant nous pour se relever, lutter et
reconstruire l’édifice tant de fois écroulé.
Regarder ailleurs pour
ne pas avoir à assumer notre propre responsabilité aussi petite qu’elle
puisse être n’est pas digne de ce que nos générations précédentes nous
ont légué par le travail, l’effort, le sacrifice et la souffrance mais
aussi la joie de vivre et de partage dans les moments les plus
difficiles que nous pouvons traverser.
Faisons-en sorte que les
journées commémoratives soient bien entendu des moments dédiés à la
mémoire mais aussi une opportunité d’alimenter nos consciences pour
comprendre le passé et appréhender l’avenir sur le chemin de la paix et
de la liberté que tant de femmes et d’hommes ont défendu au sacrifice de
leur vie.
Et comme l’a écrit le poète anglais Samuel Butler
« A une juste guerre, préférons une injuste paix »
Vive La République
Vive La France
Vive L’Europe