Après la partie politique, dans son interview de rentrée, David Marti, maire du Creusot et Président de la Communauté Urbaine, aborde d’autres sujets. Dont celui de la fermeture de la structure d’accueil des réfugiés ukrainiens dans l’ancien Foyer des Jeunes Travailleurs, aux Acacias.
Il évoque aussi les travaux de la Place Schneider, le parking de la gare TGV, les démolitions et les nouvelles constructions de logements, le cinéma…
Comment va Le Creusot en cette rentrée 2024 ?
DAVID MARTI : «Le Creusot, dans le contexte actuel, va bien. La communauté urbaine aussi va bien. Nous avons passé un été agréable, serein, au niveau tranquillité publique, grâce au déploiement de toutes les forces que nous avons mises, avec la police nationale, avec la police municipale, avec des sociétés privées. Et toutes nos activités se sont très bien passées».
Partout ?
«Il y a eu quelques petits incidents à la piscine, mais qui ont valu le renvoi de très peu de personnes, deux ou trois. Mais sinon , on a eu un été très apaisé, avec un bilan, en plus, sur toutes nos activités, qui est très positif.
A la fois sur Creusot Vacances Jeunes, à la fois sur les activités jeunesse, le complexe aquatique… Bien entendu l'été des beaux bagages, vraiment très très positif, très serein et tout s'est très très bien passé.
Donc l'été a été agréable hormis un petit peu la météo puisque nous avons eu un mois un peu compliqué donc forcément ça joue aussi sur certaines activités. Je pense notamment au complexe aquatique mais, malgré tout, la fréquentation a été bonne et y compris sur les animations les nocturnes».
Concernant la météo et la décision de ne pas effectuer la dernière soirée des beaux bagages, beaucoup de personnes se sont étonnées que les derniers concerts n’ont pas été délocalisés à l'Alto ou à la Nef en disant «même si ça avait été un peu plus tard on aurait été content, de toute façon les artistes étaient là». Pourquoi vous ne l'avez pas fait ?
«On ne l'a pas fait, car il faut savoir qu'une soirée comme ça, sous un chapiteau, ce sont des moyens techniques énormes, vraiment… A la fois la scène, à la fois tous les moyens techniques qui sont autour, c'est une préparation qui est très importante et on ne pouvait pas doublonner… J’explique : Dans ces cas là, il faut doublonner, c'est à dire on met la même installation sous chapiteau et la même installation protégée dans une salle. Ce n'était pas possible financièrement. C'est pas possible car ce sont des coûts qui sont importants et techniquement c'est pas possible.
Quand vous regardez les festivals qui sont organisés ailleurs en France, en extérieur, des festivals musicaux, il n'y a pas de repli. C'est soit on fait, soit on fait pas. Donc ici c'était pareil la décision était difficile à prendre je l'ai prise vraiment en mon âme et conscience. Après vraiment un effet climatique sous forme de tornade qui a marqué les esprits, qui a fait des dégâts, qui a marqué les équipes qui étaient sur place puisque moi j'étais sur place juste après parce que j'étais dehors à ce moment là et avec Jérémy Pinto nous avons passé une bonne partie de soirée. J’étais en contact avec la Préfecture qui elle-même était en contact avec des prévisionnistes et la grande inquiétude elle portait sur les rafales de vent.
C'est à dire que quand on est sous chapiteau, quand on atteint des rafales de vent allant jusqu'à 80 km heure, elles ont été bien plus fortes dans l'après-midi, puisqu’on était au delà de 100 km heure, il faut évacuer de toute urgence le public qui est sous chapiteau, avec des risques de panique, avec des aussi d’autres risques, puisque ça se passe dans le parc.
Les prévisionnistes n'étaient pas capables de me dire avec certitude si les rafales allaient être de tel niveau. Il y avait une perturbation qui venait de Clermont-Ferrand qui était très forte et donc à partir de là j'ai pris la décision en concertation avec l'équipe, avec également le producteur qui était là avec nous… Aussi de l'orchestre national de Barbès, de dire on ne le fait pas.
On ne pouvait pas faire prendre de risque ni aux musiciens ni au public ni à l'équipe technique voilà décision difficile mais de raison».
L'automne va être marqué par le lancement des travaux sur Place Schneider. Qu'est-ce qu'on vous dit quand vous voyez les gens en ville ?
«Je crois qu'après tout le travail que nous avons mené d'informations, de concertation, d'explications, la question qui revient aujourd'hui c'est quand est-ce que commencent les travaux.
C'est-à-dire qu'il y a une certaine impatience à voir ce que sera la place une fois les travaux terminés. Et ça je le ressens. Je me suis rendu beaucoup au marché ou même dans les manifestations parce qu'on a eu de nombreuses manifestations durant tout l'été.
Cette question elle revient… D'abord une satisfaction concernant les places de stationnement que nous avons fait sur la rue Marcel Sembat.
Les Creusotins ne s'attendaient pas à ce qu'il y ait autant de places et ça c'est un élément positif. Ils voient maintenant, ils visualisent le nombre de places qui sont là, qui effectivement ne seront plus sur la place mais seront là et ça, ça rassure énormément.
Et ensuite, après toute l'explication que nous avons pu donner, même certaines personnes, moi elles me l'ont dit, qui étaient plutôt, dans le meilleur des cas, sceptiques, dans d'autres cas plutôt défavorables aux aménagements, aujourd'hui disent ce sera beau.
Donc cette impatience elle est réelle et je sens moi de manière plutôt positive, même très positive, les aménagements de la place et encore une fois les places de stationnement que nous avons fait sont de nature à rassurer à la fois les et à la fois le public».
Il avait été dit que ça serait une zone bleue, vous confirmez qu'il n'y aura pas de parcmètre ?
«Oui je confirme : Il n'y aura pas de parcmètre, aucune place ne sera payante, il y aura uniquement une zone bleue.
Comme nous avons mis déjà des zones bleues justement sur les stationnements, une partie en tout cas, une petite partie sur les stationnements que nous avons fait rue Marcel Sembat. Donc il n'y aura pas de parking payant au Creusot».
Il y a un parking qui est payant et pour lequel il y a des usagers qui qui rouspètent régulièrement sur des difficultés à entrer, des difficultés à sortir des parkings de la gare de Creusot TGV. Avec des stationnements à l'arrivée des TGV sur des longueurs car les gens ne veulent pas payer les 80 centimes si jamais ils dépassent les 20 minutes.
Est-ce que vous avez des discussions avec EFIA par rapport à cela et notamment sur la fiabilité des barrières parce que ça ça revient régulièrement ?
«Écoutez je ne dis pas qu'il ne peut pas arriver sur des parkings comme ça d'incidents, de panne, de problèmes.
Il y en a eu, il y en aura sans doute encore. Après il faut essayer d'être objectif. Globalement depuis que nous avons ce parking dans la gestion, tel qu'il est aujourd'hui.
Nous avons quasiment réglé tous les problèmes que nous avions avant. Moi j'étais en première ligne pour recevoir les personnes qui voyaient leur voiture détériorée, pour recevoir des piétons qui s'étaient fait renverser, pour les voitures dégradées, pour les gendarmes qui n'en pouvaient plus d'intervenir puisqu'on est en zone gendarmerie.
Nous avons réglé tous ces problèmes.
Je prends régulièrement le TGV, moi j'ai pas eu de difficultés particulières. Mais je sais que parfois il y a un dysfonctionnement, ça peut arriver»
Il semblent se répéter plus régulièrement…
«Alors si ça se répète ce n’est pas normal. Bien entendu que nous sommes en contact avec EFFIA. Et bien entendu que nous faisons remonter les difficultés et nous demandons à EFFIA de régler le problème le plus vite possible.
Maintenant, globalement, ce parking fonctionne plutôt bien. Après, le dysfonctionnement zéro n'existe pas».
Pourquoi ne pas exiger d’EFFIA que la durée de gratuité sur l'entrée avant la sortie pour les personnes qui viennent déposer ou chercher quelqu'un soit plus longue, ce qui éviterait les stationnements avant l’entrée, avant les barrières qui mettent le bazar. Parce que c'est pas autre chose ?
«Vous savez des stationnements qui sont gratuits 20 minutes, allez en chercher, vous verrez qu'il n'y en a pas beaucoup. Donc moi j'estime que ce stationnement de 20 minutes gratuit, quand on est en dépose minute, il est bien suffisant. Après si on pouvait le mettre à 30 minutes, je pense que ça serait la même chose, parce que vous en aurez toujours qui arrivent bien avant par peur de ne pas être là à la minute la personne qu'ils viennent chercher.
Donc, je pense que 20 minutes, c'est bien suffisant dans l'équilibre global de la gestion du parquis. Très honnêtement, et c'est pas ça qui réglerait le problème !»
Il semblerait que les Réfugiés Ukrainiens sont en train de partir ?
«Oh, c'est pas une rumeur. Je vais donner les faits et la réalité. Notre SASS, puisque on appelle ça le SAS, doit fermer.
Pourquoi ? Parce que l'Etat a décidé, le gouvernement a décidé, qu'il fallait fermer les SAS pour des raisons financières. C'est à dire que l'Etat a décidé, l’ancien gouvernement a décidé qu'il n'y avait plus les moyens financiers pour maintenir ces SAS.
Ce qui ne veut pas dire que les accompagnements financiers aux personnes disparaissent».
C’est-à-dire ?
«Les personnes réfugiés, on va dire politiques, continuent d'avoir un accompagnement financier. Par contre, les SASS en termes de structure, doivent fermer. Donc j'ai été informé par le préfet, qui est venu sur place d'ailleurs. Pour faire un état des lieux et pour voir comment, alors on avait un délai qui a été rallongé. On a jusqu'au mois d'octobre, pour voir comment les conditions de fermeture pouvaient se réaliser.
Il y a tout un travail qui a été enclenché avec les personnes qui gèrent la structure».
C'est au 1er octobre ou c'est fin octobre ?
«Ca doit être fin septembre, début octobre, je n'ai pas la date exacte. Mais en tout cas, il faut qu'ils ferment. Et on nous a annoncé ça juste avant l'été. Ça a été une surprise.
Nous avons donc enclenché un travail avec les services de l'État, avec le PON, qui gère aussi ces structures, avec tous ceux qui y travaillent, pour que le SASS ferme. À ce jour, ce que je peux dire, c'est qu'après ce travail qui a été fait, nous avons encore une dizaine de personnes qui sont toujours au SASS, donc très peu».
Et les autres ?
«Les autres ont été déplacés, c'est-à-dire au cours de l'été, soit sur des logements transitoires, avant d'en avoir un définitif, avec notamment le CHRS. Et nous cherchons des solutions de relogement. D'autres ont exprimé le souhait de partir ailleurs, car ils n'ont pas d'obligation à rester là. Mais pour ceux qui restent ici, il y a un accompagnement de fait pour qu'ils trouvent logement.
C'est ce que nous sommes en train de faire ; depuis le mois de juin. Voilà la situation. Moi je regrette que l'État ait décidé comme ça de fermer ces structures qui vraiment jouent un rôle important dans l'accueil, dans l'intégration.
C'est vraiment regrettable comme des aides qui petit à petit disparaissent quand il s'agit d'apprendre le français, quand il s'agit de permettre toute intégration. Moi je dénonce aussi cette décision. Même si encore une fois les aides aux personnes elles restent. Jusqu'à quand ? J'espère qu'elles vont rester encore parce que ce sont des personnes qui ont besoin d'être accompagnées mais c'est une décision pour moi antisociale et qui ne va pas dans le sens de ce que nous souhaitons collectivement.
L'état avait mis les moyens au travers de ces SASS d'accompagner les communes comme Le Creusot qui s'était déclaré volontaire pour accueillir, puisque nous sommes la ville référente et volontaire pour accueillir les réfugiés. Nous avons eu des aides financières pour cela, ça nous coûte de l'argent quand même, mais nous avons eu des aides, l'État a répondu présent».
Quel est votre sentiment ?
«Je trouve dommage que cela s'arrête parce que malheureusement la situation de l'Ukraine, pour parler de l'Ukraine, mais il y en aura sans doute d'autres, hélas, fait qu'on n'a pas fini de voir des familles ukrainiennes arriver sur le territoire français.
Et donc, comment on fait ? Comment on va faire ? Voilà, donc c'est une situation qui est bien regretable. Mais en tout cas, on y met toute notre énergie».
Quel est l'avenir de ce bâtiment ?
«L'avenir de ce bâtiment, écoutez, il appartient à l'Opac.
Aujourd'hui, à ma connaissance, il n'y a pas de projet en tant que tel sur ce bâtiment».
Il faut le conserver ?
«Je pense qu'il faut le conserver tant qu'on peut le conserver, il peut servir, malheureusement il pourrait servir encore si la situation venait à se dégrader au niveau international, pour l'accueil.
C'est un bâtiment qui est intéressant, jusqu'à quand je ne sais pas, parce que démolir un bâtiment comme ça, ça coûte très cher et ça, le propriétaire, je ne sais pas si aujourd'hui il est en capacité de le faire, ça paraît un peu compliqué».
En parlant de démolition, à La Charmille, il y a déjà la tour, une barre ,
à Saint-Henri, il y a la maison du concierge, les projets pour ces deux sites ?
«Sur la Charmille, les démolitions pour une partie ont été faites, ce qui est conforme à ce que nous avait dit Habellis, le bailleur social. Elles se poursuivent jusqu'à la fin de l'année.
Donc voilà, on est dans ce qu'on avait prévu. Et puis derrière, il y aura de nouveaux logements qui vont être construits par Habellis.
Normalement fin d'année les derniers bâtiments seront démolis et après on aura les constructions. On aura pas mal de logements avec différents niveaux de loyer»
Et à Saint-Henri ?
«A Saint-Henri, c'est pareil, la démolition a commencé et là nous aurons une résidence de 60 logements avec une ouverture qui est prévue en 2026.
60 logements résidentiels là aussi avec différents niveaux de loyers de manière à pouvoir accueillir les nouveaux résidents. Puisque je le disais, Le Creusot va bien et la communauté urbaine va bien sur le plan économique. Ca va bien voir très bien nous savons – et c'est déjà le cas - que nous avons des personnes qui viennent de l'extérieur pour travailler ici parce que les entreprises recrutent parce qu'il y a des nouvelles implantations donc il faut apporter des réponses en termes de logement.
Avec ce que nous faisons avec Habellis, avec ce que nous faisons à Saint-Henri, c'est déjà un premier élément de réponse»
Il y a aussi le site de l’ancienne Maternelle Mouillelongue…
«Sur la Mouillelongue on est pareil là-dessus. La démolition c'est plutôt de l'année prochaine. C’est une résidence du même type qu'à Saint-Henri».
Et l'éco-quartier ?
«L'éco-quartier, là ça prend un peu plus de temps. On est en contact et moi je rencontre régulièrement des promoteurs qui sont très intéressés d'une manière générale.
Aujourd'hui nous avons beaucoup de personnes, promoteurs, porteurs de projets qui sont intéressés par le territoire par rapport à la dynamique économique et industrielle.
C'est vrai que l'éco quartier en face du technopôle est très attractif donc nous travaillons avec des porteurs de projets. Avec au moins trois tranches.
La difficulté aujourd'hui c'est que le marché de l'immobilier est à l'arrêt, c'est à dire
des promoteurs qui sont intéressés mais un marché de l'immobilier qui est à l'arrêt. Les coûts de construction qui ont beaucoup augmenté et puis les taux d'intérêt qui ont beaucoup augmenté, qui commencent à descendre et donc ça ralentit. Le marché de l'immobilier aujourd'hui est paralysé et on espère que ça va repartir et donc on est dans l'attente de ce démarrage. Mais nous avons des porteurs de projets qui sont très intéressés. Nous ferons là je pense une belle opération immobilière».
Il y en a d'autres de prévues sur la ville ?
Une résidence étudiante que va porter l'Opac à côté de la résidence actuelle, donc une très belle résidence étudiante. Pour une livraison à la rentrée 2026. C'est bien parce qu'on va apporter une nouvelle offre».
Et les îlots dégradés ?
«Et bien là les démolitions devraient commencer aussi en 2025 sur la rue Foch, à son entrée. Toutes les transactions financières avec les propriétaires privés sont faites.
Après il y en aura sur la rue Édith Cavell, mais aussi sur d’autres secteurs».
Comment les choses avancent-elles pour le recrutement de MCGP qui va débuter au Creusot ?
«C'est le dossier le plus urgent et c'est là dessus qu'on travaille d'abord et puis Jimmy on y travaille aussi régulièrement. Les choses avancent normalement. Nous avons beaucoup de projets qui vont sortir là. Les cinémas, la crèche, on va inaugurer, la recyclerie à Monceau, qui est un gros projet également, la place Schneider, l'écomusée, la muséographie».
Les travaux du cinéma débutent bientôt ?
«D’ici quelques semaines, nous allons poser la 1ère pierre à Montceau et au Creusot. Le même jour !»
Recueilli par Alain BOLLERY