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> Vie locale > LE CREUSOT
21/06/2022 03:16
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David Marti : «La personnalisation du pouvoir et son système sont à bout de souffle… Le score du Rassemblement National est inquiétant»

Le Maire du Creusot analyse les résultats des législatives et s’inquiète pour ka démocratie. Il n’épargne pas le Président de la République. Il parle aussi des résultats de la NUPES et de ses composantes.

Vous aviez imaginé une assemblée aussi éclatée ?
DAVID MARTI : «On se retrouve avec une composition du parlement inédite dans la cinquième république. Depuis que les législatives suivent la Présidentielle on avait toujours un Président légitimé. Là il se retrouve sans majorité absolue. C’est inédit et cela va rendre les choses compliquées sur le plan républicain. Car le Président va pour ainsi dire se retrouver dans l’impossibilité d’appliquer son programme, sauf à trouver des accords de circonstance.
On ne peut pas parler de cohabitation au sens où on a pu en connaitre. Là ce n’est pas ça. On va voir fleurir des situations de blocage, ou alors on sera en présence, je le répète, d’accords de circonstances».

 
Cela vous inspire quoi ?
«On va être en présence d’une situation extrêmement difficile. Je pense ce sera impossible. Car comment le Président peut-il gouverner ? Avec les Républicains ? Ils ont annoncé qu’ils sont dans l’opposition. Avec une partie de la gauche ? Les socialistes ne sont pas assez nombreux.
Paradoxalement, le ni ni, le ni droit ni gauche, va s’appliquer. Seul ça ne marche pas !
Je pense que face à cette situation, il va y avoir une tentative de droitisation avec Les Républicains, car c’est la seule porte de sortie. C’est inquiétant et je ne peux pas m’en satisfaire».
 
Qui a gagné les élections ?
«Le grand gagnant c’est le Rassemblement National. Il gagne sans propositions. Démonstration a été faite que le Rassemblement National peut entrer en force à l’Assemblée Nationale, sans la proportionnelle…»
 
Vous militez cependant pour l’instauration d’une proportionnelle ?
«Oui, je le répète. Il faut instaurer au minimum une dose de proportionnelle, pour une meilleure représentation. On le constate, au fil des élections, l’abstention progresse. Notre démocratie est clairement en danger, car personne ne peut se satisfaire de moins de 50% de participation».
 
Que pensez-vous des résultats de la NUPES ?
«Le groupe de gauche obtient des résultats encourageants, mais très en deçà de qu’il espérait ou pouvait espérer. En fait, le grand gagnant de l’accord de la NUPES est La France Insoumise qui voit son nombre de députés monter en flèche. En fait si je voulais résumer, c’est une victoire qui est décevante. A l’image du nombre de députés socialistes qui est décevant. Décevant aussi comme le sont les résultats pour Emmanuel Macron qui en porte totalement la responsabilité».
 
C’est-à-dire ?
«Je pense que le Président de la République a fait preuve de suffisance et de négligence, notamment vis-à-vis de sa propre majorité, de son propre camp. Et les défaites d’Edouard Ferrand, de Christophe Castaner, ou du président du groupe MODEM, ou encore de trois Ministres en sont l’illustration. C’est un signal qui veut dire beaucoup de choses et c’est une défaite cinglante pour Emmanuel Macron. La personnalisation du pouvoir et son système sont à bout de souffle. Et je pose la question : Quelle va être la suite ?»
 
Vous avez des craintes ?
«Oui. Très clairement le score du Rassemblement National est inquiétant. Aujourd’hui il est légitime pour revendiquer la Présidence de la commission des finances».
 
Vous y êtes favorable ?
«Cela n’étonnera personne, l’extrême droite, c’est mon combat. Mais on ne peut pas changer les règles de désignation de la présidence de la commission des finances. Ce serait un très mauvais signal envoyé aux électrices et aux électeurs. Les règles républicaines doivent s’appliquer. La question qui se poser maintenant, c’est l’Europe ! Quelle va être aujourd’hui le rôle et la place de la France au sein de l’Europe ?
On risque de payer durablement les conséquences de la campagne et de ses résultats. Incontestablement la France se retrouve affaiblie au niveau européen.
Tout cela me fait dire que je ne vois pas un Gouvernement tenir dans la durée. Dans un an ou dix huit mois, je pense que se posera la question d’une dissolution…»
 
Votre analyse sur les résultats dans la circonscription ?
«Déjà, le plus important, on échappe à l’élection d’une députée du Rassemblement Nationale. Rémy Rebeyrotte a gagné, mais pas aussi largement qu’on pouvait le penser. Heureusement que Le Creusot et Autun lui ont donné de l’avance en nombre de voix. Je note qu’à Autun, dont il a été le Maire, le score n’est pas si élevé que cela, alors qu’il avait le soutien du Maire. Moi-même j’avais appelé à voter pour Rémy Rebeyrotte».
 
Avez-vous pris votre décision quant à votre avenir au Parti Socialiste ?
«Je n’ai pas pris de décision et je ne veux rien faire dans la précipitation. Je veux regarder quelles orientations vont être prises».
 
Au soir du 1er tour, vous aviez été très critique sur Emmanuel Macron. Vous l’êtes toujours ?
«J’aurai voulu un autre discours de sa part entre les deux tours. Je considère qu’il s’est brûlé à son propre jeu. Je n’ai pas accepté son absence de position claire face à l’extrême droite. Je n’accepte pas les ambiguïtés d’un certain nombre de membres de son équipe. Je le dis très clairement, l’extrême droite et la NUPES ce n’est pas la même chose. On ne peut pas les mettre sur le même plan. Face à l’extrême droite, on doit voter contre. Toujours. En responsabilité. Je regrette que la majorité présidentielle n’a pas pris ses responsabilités. Et sur le sujet, la gauche a été beaucoup plus claire et responsable que la majorité présidentielle».
Recueilli par Alain BOLLERY
 

Dimanche soir à l'annonce des résultats :

(Photos Christophe BOUILLET)