Des émotions qui succèdent aux émotions pendant plus de 24 heures… C’est bien pour cela que l’Ultra Trail du Mont Blanc est unique au monde. Il est pour les Traileurs leur Olympe. Le remporter c’est comme décrocher l’or aux Jeux Olympiques. Peut être plus fort encore, allez donc savoir...
Il faut avoir suivi les arrivées qui s’enchaînent pour comprendre pourquoi les émotions gagnent tous les spectateurs. Implacablement.

Bien évidemment il y a les cracks qui se disputent la victoire sur un rythme effréné. L’objectif est de s’imposer, de figurer sur le podium, ou encore d’intégrer le Top 10, le Top 20, le Top 50… 
Ce n’est pas pour rien que l’organisation diffuse la «Conquête du Paradis» pour ces Traileurs qui démontrent que l’impossible ne l’est pas, et font tomber les records.
Ils méritent un infinie respect, car faire vaciller le chrono sur 171,5 kilomètres démontre que l’homme ou la femme peuvent se transcender pour dépasser les limites.
Elles et ils méritent un infini respect. Mais il s’agit là d’un dénominateur commun pour toutes celles et tous ceux des plus de 2300 participants qui vont au bout de leurs limites, qui serrent les dents pour mieux digérer la douleur, les muscles qui crient au supplice, les genoux et les chevilles qui se demandent quand ça va s’arrêter, les coeurs qui attendent de retrouver un rythme normal.
Mais curieusement ce n’est pas au plus fort de l’effort, pas dans les ascensions et les sommets les plus vertigineux autour du Mont Blanc qu’ils battent le plus fort. 
Non le plus fort c’est dans les deux ou trois derniers kilomètres. Il faut avoir vu le bonheur des enfants accompagnant leur maman ou leur papa jusqu’à la ligne. Il faut voir le bonheur de la bise reçue de l’épouse ou de l’époux… Il faut voir les larmes couler et se mélanger avec les sourires. Il faut le voir et on ne peut que partager intérieurement ces émotions qui le dimanche se succèdent parfois plus qu'à la minute, au fil des arrivées !
Tout cela, les spectateurs le vivent et le partagent intensément. Les émotions sont partagées, démultipliées à un niveau si élevé que l’on se demande si une épreuve sportive peut procurer autant d’émotions pendant plus de 24 heures.
Pourquoi si longtemps ? Car les spectateurs ne désertent pas après les arrivées des premiers.
Ce dimanche 28 août après midi ils étaient là pour les derniers de l'UTMB, l'Ultra Trail du Mont Blanc, salués comme les autres car leur exploit était authentique. Car terminer c’est déjà un exploit. Même accompagné dans les derniers kilomètres, même soutenu car les jambes disent non mais que la volonté de finir est plus forte que la douleur. Chapeau Mesdames. Chapeau Messieurs. Elles et ils ne courent pas pour l'argent. Mais leur salaire d'un jour, d'une d'heure, d'une minute, bien qu'il ne soit pas imposable, est immense. Leur salaire c'est de pouvoir conserver précieusement un dossard, un classement et des souvenirs plein la tête.

Alain BOLLERY

(©Photos Manon BOLLERY)

 
Cette année l'UTMB a été remporté par l'Espagnol Kilian Jornet en 19 heures 49 minutes et 30 secondes sur 171 km, devant le Français Mathieu Blanchard  à 5 minutes 20 secondes. Chez les femmes, la victoire est revenue à l'américaine Katie Schide en 23 heures 15 minutes et 12 secondes, devant la Canadienne Marianne Hogan à 1h16...