En prenant un avantage de 14 points à l’heure de jeu, les Creusotins ont espéré boire du petit lait. Mais finalement cela a été du Vinaygre, car ils ont encaissé un essai 4 minutes plus tard. Dommage. Ils ont rendu une belle copie, mais c’est à l’aller qu’ils avaient raté le coche.
En inscrivant cinq essais contre un seul pour les joueurs du Dauphiné, les joueurs du Creusot ont fait la démonstration que cette équipe de Vinay était prenable. Peut-être pas chez elle, mais assurément elle est moins à l’aise en déplacement. Pour preuve elle a provoqué une générale qu’elle a payé au prix fort avec l’expulsion de Laporte qui a donc pris celle des vestiaires, tout comme son entraîneur coupable d’avoir frappé un Creusotin et qui, comme le prévoit le règlement, a donc emmené l’ailier Doucet avec lui… Un entraîneur qui n’était pas loin d’en venir aux mains avec des Creusotins entre le terrain et les vestiaires. Carton rouge aussi pour Akrim qui avait répondu du tac au tac à la provocation. On était à la 50ème, Le Creusot menait 21-9 et se retrouvait à jouer à 14 contre 13.
Si l’ouvreur visiteur Bard ajusta une pénalité ramenant à 21-12, cinq minutes plus tard, Galletier s’engouffra dans un trou pour aller marquer sous les poteaux. Avec la transfo de Cati ça faisait donc 26-12 et tout était alors permis.
Mais les espoirs furent de courte durée, avec un essai de Mandon qui profita d’une largesse de la défense creusotine pour faire exulter ses partenaires et les supporters de Vinay. À 26-19 le match était plié, l’exploit pour ainsi dire impossible.
Dommage, car Le Creusot a affiché une belle maîtrise à la touche pendant largement plus d’une heure. Il a su serrer les dents quand les joueurs de l’Isère, en première période, ont tenu le match et donné le sentiment d’être invincibles. Mais on le sait, en rugby, tout pour aller très vite.
C’est la fin du parcours donc pour Le Creusot qui peut être satisfait de sa saison et notamment de ce qu’il a produit au cours des trois derniers mois. Il faudra encore travailler plus et monter en gamme pour espérer plus que la Fédérale 2. Mais est-ce possible ? Et surtout est-ce souhaitable !
Alain BOLLERY
(Photos Alain BOLLERY
et Christophe BOUILLET)
Le film du match
4ème : Drop de l’ouvreur Bard pour Vinay (0-3)
10ème : Pénalité de Bard (0-6)
14ème : Pénal’touche. Le Creusot progresse jusqu’à la ligne mais ne marque pas.
27ème : Pénal’touche : Le Creusot échoue au pied des perches, mais Saipelé finit par marquer en se jetant sur le cuir… Les Dauphinois contestent en estimant qu’il y avait une touche et un en-avant. Catinot transforme (7-6).
30ème : Pénalité de Bard (7-9)
32ème L’arrière Glenat rate de peu un drop de 60 mètres.
40ème : Brachet fait le trou et met Galletier sur orbite pour un essai sous les poteaux, transformé par Catinot (14-9).
47ème : Après une belle progression et du pilonnage c’est Finau qui aplatit. Catinot transforme (21-9).
50ème : Bagarre générale provoquée par Vinay en perdition… Akrim est expulsé, tout comme l’ailier Laporte et l’entraîneur dauphinois, qui rappelle Doucet aux vestiaires…
56ème : Pénalité de Bard (21-12)
62ème : Galletier fait le trou et c’est Deley qui va aplatir (26-12)
66ème : Mandon passe par un trou de souris pour aller inscrire l’essai de la qualification transformé par Bard (26-19)
72ème : Le Creusot rate une dernière occasion avec un en-avant à la réception d’un coup de pied à droite de Catinot.
77ème : Pénalité de Bard (26-22)
80ème : Brachet, auteur d’une belle saison, ajoute un essai à son capital. Catinot transforme (33-22).
Dans les vestiaires
Éric Catinot (entraîneur du Creusot) : « Ce match, c’est une énorme performance. C’est compliqué quand il faut remonter un score de 25 points… Mais les joueurs ont été énormes, on sait qu’on a la capacité pour marquer beaucoup d’essais. Je ne sais pas comment l’aventure va se poursuivre, mais si elle se poursuit, il faut se souvenir de la semaine de préparation merdique avant d’aller à Vinay, du déplacement merdique, et puis de notre absence totale dans l’engagement, parce que là on va avoir beaucoup de regrets. Autant l’année dernière on avait été battu par une grande équipe, autant cette équipe de Vinay, elle est excellente, mais elle était à notre portée.
Depuis trois ans que je suis là, je dis qu’une montée en Fédérale 1 c’est lié à un projet, c’est lié à un fonctionnement. Si le club veut se remettre en question à tous les étages et aller dans le bon sens, alors il y a des belles heures à vivre. Si on continue comme ça, eh bien on se contentera de jouer des seizièmes de finale. »
Léo Brachet (trois-quarts aile du Creusot) : « Il y a forcément beaucoup de frustration. On fait un gros match ici, on gagne avec cinq essais à un… Après, on le sait tous, la frustration ne vient pas de ce match-là, elle vient du match aller où on est tous, individuellement et collectivement, passé à travers. On a des regrets parce qu’on a vu que quand on a posé notre jeu, ça passait. Ça prouve que sur ce match-là on a été supérieur, mais voilà, on s’est un peu échappé le weekend dernier. C’est peut-être la coupure, on sait que ça ne nous réussit pas, mais mentalement on n’était peut-être pas tous prêts à ce match aller. La coupure n’est pas une excuse, on est passé à travers dans l’agressivité (dans le bon sens du terme), l’intensité, les plaquages et ça, ce n’est pas la coupure, c’est l’état d’esprit. C’est décevant pour nos supporters et nos bénévoles qui nous suivent tous les dimanches, qui sont tout le temps là. On savait que ça allait être très compliqué de passer, mais ça nous tenait à cœur, pour nous et pour notre public, de finir sur une bonne note. Mais malgré tout, moi je prends ça un peu comme une défaite. »
Antonin Rozand (entraîneur de Vinay) : « On est content du résultat, on venait ici chercher une place en huitième. On s’attendait à ça, on les avait trouvés un peu absents au match aller, on se doutait que devant leur public ils allaient montrer un autre visage, et c’est ce qu’ils ont fait. Ils doivent avoir des regrets…
De notre côté, on s’était donné comme objectif de prendre les points quand c’était possible pour rester collé au score, c’est ce qu’on a fait. On n’a pas l’objectif de monter en Fédérale 1, on veut juste aller le plus loin possible. C’est déjà mieux que l’année dernière où on avait été sorti par Balma aux tirs au but à ce stade de la compétition. »