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> Sport > FOOTBALL
25/05/2023 03:17
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FOOTBALL : Vincent Rameau quitte Le Breuil et le coaching

Le Luzycois d’adoption a mis un point d’honneur à terminer celle qui devrait être sa dernière saison en tant qu’entraîneur. Retour sur une carrière jalonnée d’exploits, retour sur un parcours, hors norme, d’un homme qui a tout donné au football.
Un passionné comme on en rencontre peu dans une vie, un homme qui vit sa vie en fonction de sa passion, sa raison de vivre, jusqu’à l’overdose, jusqu’au point de se dire : et moi là-dedans ? Vincent Rameau s’est posé cette question, terrible question, en octobre, comme on reçoit une baffe en pleine figure quand on ne s’y attend pas. Le frère, Alexis, malade, ne peut plus marcher, pire, il ne peut plus utiliser ses bras alors qu’il était, lui aussi, un indécrottable « footeux », ça fait réfléchir, relativiser.
« Il fallait l’aider, soutenir mes parents aussi, j’ai accompli une vie au service des autres, mais moi là-dedans ? Je n’avais plus envie de supporter les absences injustifiées, les excuses à deux balles, trop s’en était trop. J’ai eu ça en octobre sans en parler à personne, ce n’est qu’en janvier que j’en ai discuté avec les dirigeants, je ne voulais pas lâcher mes gars en cours de saison, jamais, mais ma décision était prise. »

Vincent Rameau, pour ceux qui ne savent pas, est le coach qui a remporté avec la « JOC » la Coupe de Bourgogne en U18 face à l’A.J. Auxerre, qui a fait monter Luzy en R3 et qui a fait monter Le Breuil en R2. Des exploits incroyables, on vous avait prévenus.

 «Il fallait avoir 18 ans, je n’en avais que 17»...

Tout avait commencé à 6 ans, à Issy-l’Évêque, tonton Claude Raymond venait de créer une section « débutants » et c’est tout naturellement que le petit Vincent intégra le club, son premier. Serge Nivot, l’alors président du club, aujourd’hui devenu maire, lui demanda, par la suite, un coup de main pour encadrer les jeunes du club et c’est ainsi que commença une invraisemblable carrière : « J’y ai pris goût », il n’avait que 16 ans.
Un an plus tard, il décide de passer l’initiateur : « Il fallait avoir 18 ans, je n’en avais que 17. » Comme un premier clin d’œil, c’est un certain Alain Bichon qui releva le problème au début du stage : « La formation se passait à Montchanin, je n’avais pas de voiture, je suis resté et j’ai fini le stage major de promotion… »
Les diplômes en poche, dont celui pour coacher en senior, c’est à seulement 20 ans qu’il prend l’équipe fanion d’Issy : « Certains joueurs avaient l’âge de mon père. »
Le début des exploits allait commencer : « J’ai pris l’équipe qui végétait en D3, nous sommes montés deux fois de suite pour nous hisser en D1, inenvisageable jusque-là. »
La carrière devait prendre son envol et, tout en conservant les rênes d’Issy, Vincent Rameau prend l’équipe B des U18 de la J.O.Creusot. Le président était Marcel Thomas, le responsable jeunes, Philippe Maringue, nous étions en 2003 : « Avec les seniors d’Issy et la B des U18 du Creusot, je n’avais que le lundi sans foot. C’est donc naturellement que j’ai quitté Issy pour prendre l’équipe une des U15 qui jouait en Ligue. »

«J’ai récupéré la fameuse génération 1989/1990 de la JOC»

Une rencontre, des rencontres qui ravissent encore aujourd’hui l’éducateur : « J’ai récupéré la fameuse génération 1989/1990 de la JOC, les Jeoffrey Romagon, les Thomas Ciliberti, les Samuel Da Silva, un choc, un tourbillon, sans parler des 1990, des joueurs et des garçons exceptionnels. » La plupart finiront en équipe première, en Honneur, la R1 aujourd’hui.
C’est avec ce groupe extraordinaire qu’il signera son grand moment, « mon meilleur moment, un de mes plus beaux souvenirs ». La Coupe de Bourgogne U18 en battant l’A.J. Auxerre en finale à Saint-Marcel. C’était 2008, l’année du centenaire du club creusotin, fraîchement promu en DH : « On a tellement fêté le titre que le lundi, aucun loulou n’a été en cours… »
BEF en poche et création de la « C » avec, comme d’habitude, une montée dès la première saison, c’est en 2011 que l’aventure creusotine se termine : « Je souhaitais prendre la B. » La raison est lâchée sans amertume ni regrets. C’est Luzy qui flaire l’aubaine et l’engage.
Après un maintien arraché en fin de saison, l’Issycois signe un nouveau miracle avec la montée en R3 : « On s’est retrouvé avec la JOC et Saint-Sernin l’année où ses derniers montent en R2. »
En 2016, nouvelle aventure, un temps pressenti au Creusot, il signe au Breuil qui naviguait en R3 : « Les premières saisons, avec une formidable équipe, je manque la montée, la saison où nous sommes moins costauds, on monte en R2… » Un nouveau miracle, car jamais Le Breuil n’avait évolué à ce niveau : « Cette montée n’a pas été mon meilleur moment, la suivante, le maintien obtenu au dernier moment a été incroyable. »

«Mon essence, c’est de voir 45 gars venir aux entraînements»

Un exploit de plus, mais l’essentiel, comme toujours chez lui, est ailleurs : « Mon essence, c’est de voir 45 gars venir aux entraînements, malgré la descente, ils sont là. »
On comprend le ressort de ce passionné, un coach qui a fait 90 000 Km juste pour entraîner Le Breuil, quand on aime, on ne compte pas…
Vincent Rameau arrête, finit sa carrière, le coaching : « Je ne suis plus en adéquation avec le foot à la carte que les joueurs exigent aujourd’hui. » Vincent ? Allez quoi, c’est vraiment la fin ? « Oui, j’arrête, vraiment…Je veux profiter de ma famille, ma compagne, les amis, je veux enfin penser à moi… » Vincent ? Bien Vrai ? « Oui, effectivement, j’ai reçu de sacrés messages qui m’ont bouleversé, ça me manquera, c’est sûr. » Vincent ? « Oui d’accord, il ne faut jamais dire jamais…Je prends juste une licence pour jouer… » Incorrigible Vincent Rameau.
Dimanche, au Breuil, comme un dernier clin d’œil du destin, Vincent Rameau coachera son dernier match à la maison contre…la JOC. Nous y voyons un formidable prétexte pour que tous ses anciens joueurs, ceux qu’il appelle encore « ses loulous », viennent le saluer, ça sera un sacré moment, sans aucun doute.
Il nous dit que ça sera sa dernière, on a vraiment du mal à y croire. Il ne faut jamais dire jamais.
Vincent Brucci