Maladresse des uns ou talent de l’autre ? Les deux, mon capitaine ! Côté attaquants creusotins, on peut employer tous les verbes possibles, rater, vendanger, manquer, échouer, craquer, foirer, gâcher, à vous de choisir, parce que côté Sanserninois, pour l’extrême défenseur, on emploiera qu’un terme : impeccable. C’est la différence entre ces deux équipes, la « JOC » qui, passé les dix premières minutes du match, a dominé son adversaire en se procurant 9 claires occasions de marquer, certaines de manière rocambolesque et Saint-Sernin qui a attendu, patiemment, son heure, pour obtenir l’erreur recherchée. Elle allait venir, fatalement, elle est venue, ponctuelle, confirmant le théorème du foot : actions gâchées, but encaissé.
Avec cette victoire, Saint-Sernin conserve son léger avantage sur la meute de cinq équipes. Avec cette défaite, les Creusotins ne sont plus à portée de tir du leader. Vu le match, c’est rageant.
Que le Montporcher est beau avec ses couleurs, sa douceur printanière et son nombreux public. Il l’est encore plus quand il accueille un derby, qui plus est, un match qui assignait la première place de ce drôle de championnat, six équipes jouent la montée et se tenaient, avant le coup d’envoi, en quatre points.
Saint-Sernin est très bien rentré dans cette rencontre, bien en place, gagnant les duels et arrivant même à se rendre dangereux sur des attaques placées. La première, néanmoins, est à mettre au crédit de la « JOC », Ilyass Selloumi se retrouvant en duel devant le gardien sanserninois, Alan Benet, qui détourne le ballon avec ses pieds (1re). Ça commençait bien. Réponse des Violets, en jaune aujourd’hui, par Hugo Pechoux, qui reprenait un ballon claqué par Yannis Baverel, le portier local (8e).
Ilyass Selloumi aura une autre possibilité, ça ne sera pas la dernière, sur une grosse relance de son gardien : le ballon lobe la défense sanserninoise, l’attaquant se retrouve encore une fois en face-à-face avec Alan Benet, pour perdre, encore une fois, son duel (12e). Dix minutes plus tard, c’est Fabijan Selimovski, autre attaquant creusotin, qui reprenait parfaitement le ballon, mais n’arrivait pas à cadrer.
Saint-Sernin demandera un penalty, à la demi-heure de jeu, sur une action confuse dans la surface creusotine (31e), mais la meilleure action des visiteurs viendra d’Hugo Pechoux (encore) qui, après avoir débordé son flanc gauche, adressait un tir croisé, un peu trop (41e). Ce sont les Bleus qui concluront la première période sur une double occasion. Yannis Baverel trouvait, encore une fois, un attaquant, cette fois-ci Hugo Peyrichon, seul devant le gardien, inutile de le nommer, le compte va exploser, qui détourne. L’attaquant voit revenir le ballon dans ses pieds, retire, encore détourné, le ballon revient sur Bessam Oueslati qui ne cadre pas à gardien battu. A la pause, 0-0.
Le scenario s’est poursuivi en seconde période, dès le début avec un véritable miracle d’Alan Benet : deux tirs détournés à bout portant de Fabijan Selimovski, le ballon revenant sur le pied d’Ilyass Selloumi qui, à deux mètres de la ligne de but, voit son ballon encore une fois détourné par…
Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce ne sera pas l’action la plus incroyable du match. Ilyass Selloumi, qui prenait souvent de vitesse son adversaire, dribblait le dernier défenseur, puis le gardien, mais, à cage vide, ne redressait pas assez le ballon pour l’ouverture du score (64e). Rageant.
Saint-Sernin, on l’a dit, remerciait tant de politesse et attendait l’erreur fatidique. Elle arriva. Hugo Pechoux, le plus en vue offensivement côté sanserninois, est fauché dans la surface creusotine, penalty sifflé, transformé par Alan Maignien (78e). Le foot est si simple, et si cruel en même temps. La poisse creusotine avait commencé avant le match avec les blessures de Mourad Chachoue, d’abord, et de Metehan Demirel, ensuite (il fera 10 minutes tout de même). Qui sait, si le scenario du match aurait changé avec eux sur le terrain ? Avec des Si, on le sait…
Ce soir, Saint-Sernin reste leader et la « JOC » n’est plus maîtresse de son destin.
 

Au Creusot, stade du Montporcher, Saint-Sernin du Bois (C) bat la JO Creusot 1 à 0 (0-0)

Arbitre M. Ayhan Parali (Tramaye)
JO Creusot : Baverel, Chekroune, Iytutuncu, Ali Belarbi, Rodrigues©, Krarroubi, Selloumi, Sofi, Peyrichon, Oueslati, Selimovski, Demirel, Romagon et Chachoue
Saint-Sernin du Bois : Benet, Bonin, Moreau, Pereira©, Brun, Noizillier, Mostefaoui, Hamulka, Magnien, Bonin, Pechoux, André, Da Silva et Moine
Mathieu Goujon, coach de Saint-Sernin : « Content de la victoire, j’avais demandé aux gars de sortir un gros match, d’être là dans les duels. On savait qu’ils voulaient nous battre pour prendre notre place, on a été bons, on a fait un match d’un vrai Saint-Sernin et on prend un peu de large. On pense à nous, on pense à nous. »
Mustapha Sofi, coach du Creusot : « C’est une immense déception. On ne va pas se cacher derrière les excuses, mais je perds un joueur qui monte en A avant le match, à l’échauffement, je perds Mourad Chachoue, puis Metehan Demirel. Sur la première mi-temps, on n’a pas trop eu le ballon, malgré tout, nous avons trois grosses occasions et puis en deuxième, tout le monde l’a vu, on a je ne sais combien d’occasions, des sauvetages incroyables d’Alan (Benet) et comme souvent dans ce genre de match, tu ne marques pas, tu te fais punir. On a eu aujourd’hui un déficit criant dans la finition avec de vraies grosses actions et quand tu ne marques pas, tu ne gagnes pas. C’est dommage, on gagnait ce match, on était premiers, là tout le monde va nous passer devant. On fera le maximum pour bien finir, ce n’est pas fini, mais oui, on a pris un gros coup sur la tête. »

Vincent Brucci