Nous le citons souvent, car c’est un délice de le lire : Philippe Delerm a écrit, il y a tout juste 25 ans, «La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules». Un livre délicieux qui démontre que des plaisirs peuvent aussi minuscules que bons. Samedi soir, l’Elan Chalon a transformé un plaisir minuscule – car comptablement parlant ce n’était qu’une victoire - , en plaisirs majuscules.
Oui des Plaisirs Majuscules avec un grand P et un grand M, car après sa victoire que nous avions jugée enthousiasmante contre Boulazac, l’Elan Chalon, pourtant handicapé par des blessures, a sorti un match XXXXL.

Les joueurs ont mouillé le maillot comme on dit dans le jargon sportif. Et forcément les supporters ont apprécié cette débauche d’énergie, autant que cette rage de vaincre affichée jusqu’à la dernière seconde. Car même s’ils ont d’abord géré leur quatrième quart temps, il leur a fallu mettre du cœur à l’ouvrage pour dompter les velléités des coéquipiers de Missonnier qui s’est rappelé au bon souvenir du Colisée, où il espère assurément revenir plus longtemps.
En fait, depuis la saison du titre en 2017, jamais encore on avait eu le sentiment de voir un groupe aussi soudé. Oh certes, il reste 30 journées de championnat et chacun sait que la conquête de la première place et/ou de la montée, sera tout sauf une partie de plaisir. Mais il n’empêche. Cet Elan là est bien mieux armé que celui de l’année dernière car s’associent à la fois les valeurs de cohésion, de solidarité, de courage pour n’en citer que trois. Le tout dans un savoureux cocktail que les joueurs dégustent avec plaisir, tout en faisant trinquer leurs supporters. Et saluons ceux d’Elan Passion qui agitent des drapeaux personnalisés ce qji est allé droit au cœur de Luka Lapornik.
C’est tellement nouveau que c’est dans une bien belle communion que les joueurs ont effectué leur tour de terrain. On était aux confins de l’extase. On était bien dans des plaisirs majuscules qui vous forgent une identité et qui sont la base autant que le ferment de succès à venir.
Le tout va être de conserver la tête froide, de ne pas tomber dans l’euphorie. Car chacun doit se convaincre, ce championnat sera dur et exigeant. Les prétendants à la montée sont bien plus nombreux qu’il n’y a de places. Mais on est déjà certains d’une chose c’est que Savo Vucevic ne se laissera pas gagner par l’euphorie. Avec son expérience il saura remettre les têtes à l’endroit quand il le faudra. Les joueurs savent tous qu’à n’importe quel moment la foudre Vucevic peut les frapper et que le meilleur est assurément de tout donner pour l’éviter. Et samedi soir on l’a encore vu, quand les circonstances l’imposent le coach de l’Elan ne se dérobe pas.
On le sait, le plus difficile sera bien de conquérir à l’extérieur ces succès qui font la différence à l’heure de l’addition finale. Et on se dit qu’avec l’esprit de groupe qui se manifeste au fil des matches, l’Elan est assurément mieux armé qu’il ne l’était l’année dernière. Et cela alors même que depuis le premier match amical à Lons, jamais encore l’entraîneur monténégrin n’a pu s’appuyer sur son effectif au complet.
En attendant les deux petites semaines qui séparent du déplacement à Saint-Quentin vont être mises à profit pour parfaire les automatismes imposés par les blessures.

Alain BOLLERY

(Photos Alain BOLLERY)