Il ne faut pas brûler ce que l’on a adoré… Il est entendu que le spectateur qui paye sa place a le droit de ne pas être content quand il estime que son équipe joue mal. Mais il y a des mots qui peuvent être blessants. Très blessants. Et on ne le répètera jamais assez, il ne faut pas brûler ce que l’on a adoré.
Un joueur qui passe à côté, ou qui n’a pas le rendement habituel en basket, cela se voit beaucoup plus que dans d’autres disciplines sportives. Samedi soir contre Saint-Vallier, ce n’est pas le meilleur Antoine Eïto que l’on a vu. Il n’était pas en réussite et forcément cela l’a rendu malheureux et nerveux. Il n’a pas été le seul à avoir le rendement que les supporters attendent de lui. C’est vrai. Mais ce qui est vrai aussi c’est qu’un Américain ne perçoit pas les mots blessants qui peuvent venir d’une tribune de la part d’un ou deux spectateurs. Antoine Eïto lui comprend parfaitement le Français.

Alors quand Sébastian Machowski, l’a rappelé sur le banc pour qu’il se ressource, Antoine Eïto n’a pas apprécié, mais alors pas du tout apprécié, des paroles et des mots venus des gradins du côté de la porte d’entrée et de sortie des joueurs de l’Elan Chalon.
Le joueur a parfaitement identifié qui avait lancé les propos blessants, au point de vouloir aller s’expliquer avec lui. Il n’a pas pu, car il a été retenu. Et du côté du banc chalonnais il a fallu être costaud pour le convaincre de retourner s’asseoir.
Cet épisode est triplement malheureux. Il est malheureux car on a le droit de ne pas être content, mais on n’a pas le droit de tout dire, même si du côté de la France Insoumise on défend les insultes et l’anonymat au nom de la liberté d’expression, comme cela a été affirmé au Creusot lors des assises de la sécurité…
 Malheureux aussi parce qu’Antoine Eïto, depuis le début de la saison, a montré un investissement personnel qui a valeur d’exemple ; qui plus est en n’étant jamais le dernier a remercier les supporters de leur soutien.
Malheureux enfin car le basket reste un sport et l’enceinte sportive doit rester un lieu de plaisir et de respect. On sait bien que tout le monde, à commencer par les joueurs, espère que l’Elan Chalon va retrouver l’Elite. Mais cela ne peut pas tout justifier.
Le sport reste le sport, avec ses incertitudes, sinon il suffirait de faire le classement des budgets pour dire qui doit monter ou descendre ! Enfin, que chacun ait conscience qu’en décidant de venir à Chalon sur Saône, Antoine Eïto a effectué un choix courageux et respectable. Car il avait encore parfaitement sa place dans une équipe de Pro A. Et c’est bien pour cela qu’il se dépense sur le parquet. Pour retrouver l’Elite avec l’Elan, pas pour le confort.
Sans doute qu’Antoine Eïto, comme d’autres, vivra d’autres matches compliqués. Ca rappelle juste que la dimension humaine doit être à l’esprit de chacune et de chacun.
Sommes nous tous excellents tous les jours dans ce que nous faisons ? Poser la question, c’est aussi avoir la réponse.
Alors aux supporters impatients, gardez votre poing dans la poche, tournez deux fois votre langue dans votre bouche avant de vous lâcher et sachez faire preuve de bienveillance. C’est aussi cela le vivre ensemble.

Alain BOLLERY

(Photos Alain BOLLERY)

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