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18/05/2021 11:45
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Basket (Jeep Elite) : «Huit matches pour que l’Elan Chalon se sauve ce n’est pas impossible», estime Dominique Juillot

Le Président de l’Elan Chalon s’est confié, ce mardi matin, en conférence de presse. La situation est grave, avec un risque de voir le club descendre en Pro B. Dominique Juillot fixe les enjeux de cette fin de saison. Il explique pourquoi il avait décidé de ne plus prendre les décisions. Il ne sera plus Président la saison prochaine. Il évoque aussi des regroupements à l’horizon.
L’heure est grave à l’Elan Chalon et il est plutôt rare de voir Dominique Juillot se donner en conférence de presse. Il l’a fait ce mardi matin, avec une longue déclaration. Le Président Juillot est blessé par la situation actuelle, par les risques de voir le club plonger en Pro B.
«Comme vous avez pu l’observer, je ne m’exprime plus depuis pas mal de mois. C’est une volonté personnelle. Car depuis un an ou deux je souhaite passer la main. Depuis 25 ans, je prends toutes les décisions majeures et importantes, bonnes, pas bonnes. C’est moi qui les ai prises. J’ai souhaité cette année laisser les autres prendre les décisions.
Je ne me cache pas, je souhaite que chacun prenne conscience de son rôle. Même si je suis toujours à côté, même si je fais des remarques depuis pas mal de mois. J’ai esquissé certaines pistes. On peut être fatigué. Quand ça ne fonctionne pas, peut être qu’il faut trouver d’autres pistes. Le club est en échec depuis 4 ans.

«Rassembler toute l’énergie»
Aujourd’hui il y a des attentes. Il est nécessaire de faire preuve de volontarisme auprès des joueurs, de la direction, des autres salariés qui subissent, comme les supporters.
Dans le peu de temps qui reste je vais à titre personnel faire comprendre aux joueurs qu’il y a un intérêt suprême qui s’appelle l’Elan. Si celui-ci n’est pas respecté, je ne doute pas que les joueurs ne soient pas touchés individuellement si le club descend en Pro B.
Il n’y a aucune raison pour que l’équipe soit à ce niveau là. Il faut rassembler toute l’énergie pour sauver ce qui peut l’être.
Toutes les solutions ont été épuisées ou des décisions pas prises. De recruter, d’apporter du sang neuf à côté d’un entraîneur qui était jeune. Cela dans un environnement insupportable, avec ces matches à huis clos. On en paye un lourd tribut. Tout cela a sans doute endormi un peu tout le monde.

«Là je n’ai pas pris les décisions»
Depuis le début de saison, je mets en garde. Dans le temps, j’aurais pris les décisions. Là je ne les ai pas prises. Si d’aventure on ne s’en sort pas, je vais le regretter.
Tout recrutement est interdit. Les deux mois après la blessure d’Ousmane sont dépassés.
Il faut garder de l’espoir. Huit matches pour se sauver ce n’est pas impossible. On reçoit et on se déplace chez certains. Si on ne gagne pas, on ne peut pas se maintenir.
Je suis sûr que certains auront des regrets.

«J’ai alerté beaucoup depuis l’été»
Changer de coach pour les derniers matches ? Ce n’est pas moi qui ai pris la décision de changer. J’ai alerté beaucoup depuis l’été. J’ai dit qu’il fallait aider Julien. On sortait d’un échec avec Philippe Hervé. C’est un échec douloureux. Je souhaitais retrouver dans le club ce qui avait fait sa force, dans sa forme familiale.
Il y a eu euphorie avec trois victoires sur quatre, sur pas grand-chose. J’ai bien vu pendant l’été, au début de saison, qu’il y avait des imperfections. Il y a eu arrêt. Le temps n’a pas permis de progresser.
Je n’ai pas pris les décisions. Elles ont été prises par la direction générale, Rémy Delpon, le coach. Je n’ai pas voulu prendre la décision tout seul.
Ce club n’appartient pas à Dominique Juillot, il appartient à un collectif.

«Je n’ai plus la force physique»
A l’issue de ces huit matches, je vais essayer de passer la main. J’ai mis en place un petit groupe. On va bien trouver quelqu’un. Je ne veux pas laisser, mais je ne veux plus gouverner.
Ca me rend malade, je ne veux pas y laisser ma santé. Je n’ai plus la force physique. J’y laisse ma santé.
Je ne voulais pas quitter le club, l’année après le titre. Mais après. Le club je l’ai senti en danger de l’intérieur. Il y avait le risque de le voir détourné de ce qui avait fait sa force. Je pensais que ma présence était encore obligatoire.
Les solutions ne passeront pas par moi demain. S’il y a un directoire j’y serai s’il y a ma place.
Je pense qu’on a les moyens de se sauver, ce sera plus facile. Si ce n’est pas le cas, on ne repartira pas d’une feuille blanche. Il y aura des révisions. Ma fierté c’était qu’on n’était jamais descendu. Mais plein de clubs sont descendus et ne sont pas remontés.
Je regrette que le ligue n’ait pas pris en compte cette saison qui n’était pas équitable. Rien n’est normal. Il fallait faire une saison blanche.
On a affaibli le basket, on va perdre des clubs qui vont manquer au basket français. A Chalon si on a le public, l’organisation qui pèse, on n’en n’est pas là. Nous il y a une telle osmose, que oui on le paye. Mais ça ne peut pas être une excuse.
Ma prise de parole auprès des joueurs ce sera tout à l’heure. Je n’imagine pas un sportif être conscient de la situation, dont ils seraient les responsables.  Je pense qu’il y aura des choses de sauvables.

«Une grande tristesse»
J’ai une grande tristesse, c’est une équipe qui ne s’est pas aidée et que l’on n’a pas aidée. On n’a pas créé les conditions et ils ne les ont pas prises en interne. Individuellement il y a meilleur que ce que l’équipe produit. Sans doute manque de courage. Je ne pense pas que l’on soit l’avant dernière équipe du championnat. Cette équipe n’a pas eu le courage, la force mentale.
Il faut toujours prendre les décisions rapidement. Plus on attend, plus c’est difficile, plus le temps presse et plus on les prend sous la contrainte.
Au début de saison, on a trop attendu pour prendre les décisions pour recruter. Moi je crois à la concurrence. Notre club est dans un espèce de confort où chacun se dit que la force collective va corriger les imperfections personnelles.
Précision et exigence, je l’ai dit des dizaines de fois. On n’a pas assez imposé cette exigence.
Quand Philippe Hervé est arrivé il avait une philosophie mais pas les joueurs.
Ali Bouziane a cette qualité qu’il sent le basket. Il voit les choses, il les sent. On avait pensé que le club était assez fort pour accompagner le coach.
Depuis le mois de novembre, je dis attention, on peut être relégable. C’était faire preuve d’irresponsabilité de ne pas le considérer.

«Peut être passer par des regroupements»
J’ai un sentiment de tristesse. Car il y a beaucoup de monde, mais parfois on est tout seul.
On a une chance, c’est que le club a une situation saine.
Oui ce club m’a apporté des joies immenses, mais je suis miné. Pas pour moi et pour tous ceux qui sont dans ce club, pour ce que l’on a construit. Ce qui me fait le plus mal c’est que je ne peux pas me désintéresser. Mais je n’ai plus la force. Il faut que les autres prennent les décisions.
Je ne sais pas si j’aurai pris cette décision de changer. Je ne savais pas. Ali peut changer deux ou trois choses et son enthousiasme. Julien était un mec honnête.
Peut être qu’il faudra redessiner l’avenir. La ligue veut moins de clubs, peut être qu’il faudra passer par des regroupements. Ca peut être Dijon, ça peut être Bourg.
Aujourd’hui il y a des franchises. On serait plus fort regroupés qu’individuellement. Trop tôt ? Bien perçu ?
Sans doute que Dijon et bien d’autres vont se poser la question.

«Fierté et honnêteté»
J’ai parlé aux joueur et je leur ai dit qu’il ne leur restait qu’une chose, la fierté et l’honnêteté. S’ils descendent ils en seront marqués. Là on n’est plus dans le domaine technique.
Les joueurs sont touchés et ont le sentiment de se dire qu’ils font quelque chose de pas bien. Le seul et dernier levier à actionner c’est la fierté. Est-ce que j’ai le droit d’emmener le club en Pro B. Sinon je serai coupable. Chacun aura des excuses et chacun se regardera dans la glace. Il y a des bons joueurs de basket».
Recueilli par Alain BOLLERY