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09/11/2021 16:20
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Sécurité routière : La Saône-et-Loire va mettre le paquet pour diminuer le nombre d’accidents et de tués

On ne peut jamais se satisfaire d’une augmentation du nombre d’accidents et de victimes. Alors le Préfet Julien Charles a décrété la mobilisation générale. Les contrôles vont s’intensifier et les actions de prévention aussi.
Notamment sur la vitesse, sur l’alcool et les stupéfiants. En sachant que le cocktail «alcool + stupéfiants» multiplie par 29 le risque d’accident. La violence routière va s’afficher dans les abribus et les gares pour marquer les esprits. Avec aussi un concours vidéo pour les lycéens avec jusqu'à 500 euros à gagner.
C’est vrai que les chiffres sont meilleurs en 2021 qu’en 2019 pour le nombre de tués sur les routes de Saône-et-Loire, au 31 octobre. Mais le nombre d’accidents est lui en augmentation.
Alors face à la violence routière qui endeuille encore trop de familles, génère trop de handicaps et de blessures, Julien Charles Préfet de Saône-et-Loire a décrété la mobilisation générale de tous les services.
L’annonce a été faite ce mardi en Préfecture, au cours d’une conférence de presse qui a mobilisé les représentants de tous les services compétents.



Julien Charles : «Avoir une action forte, visible et dans le temps»

Préfet de Saône-et-Loire
«J’ai souhaité une mobilisation de l’ensemble des acteurs, jusqu’à l’autorité académique.
Quelles actions souhaite-t-on mettre en place ? La sécurité routière est un enjeu fort.
L’évolution de la situation a montré une année 2020 atypique. Sur 2021, au 31 octobre, on dénombre 24 tués sur les routes. Ce chiffre était de 23 pour l’année 2020. C’était 48 tués en 2019 sur la même période. On devrait avoir une amélioration de la situation, sir la tendance se confirme.
Par contre sur les accidents. On en comptabilisait 366 à fin octobre, alors que sur 2020 sur l’ensemble de l’année on était à 340 accidents. On a une augmentation assez forte du nombre d’accidents» a d’abord expliqué le Préfet.
Les causes sont la vitesse, l’alcool et les stupéfiants. 21% des décès en 2019 étaient dûs à l’alcool et 13% aux stupéfiants.
«Le phénomène c’est la part grandissante de stupéfiants. Avec un volume toujours important de l’alcool. Et malheureusement le cocktail alcool cannabis qui multiplie par 29 le risque d’accident !» remarque le Préfet qui note que le bilan est un peu en demi teinte, puisqu’il se dégrade sur l’accidentalité.
Face à ce constat, les acteurs publics ont souhaité se mobiliser sur une action continue et soutenue.
Avec évidemment deux volets : Le contrôle avec de la répression. Mais aussi les actions de prévention.
Sur le front du contrôle, il y a une mobilisation très forte de la police et de la gendarmerie avec une action renforcée ces dernières semaines.
Jusqu’au 1er novembre, près de 7000 excès de vitesse ont été enregistré ; et près de 1400 permis de conduire retenus, mais aussi près de 160 véhicules en fourrière.
60.000 alcoolémie et 5000 personnes positives aux stupéfiants, ont été comptabilisées.
Les radars automatiques enregistrent environ 160.000 excès de vitesse.
«On a souhaité pouvoir être plus actif sur le champ de la prévention. 27.000 personnes ont été sensibilisées au cours des trois dernières années, dans les collèges et les lycées, notamment. C’est l’action des bénévoles de la sécurité routière.
On souhaite aller plus loin. Le premier travail est une campagne de communication sur la question de la sécurité routière, sur les questions de la drogue et de l’alcool. Dans les gares et les abribus.
Concernant la prévention avec les intervenants de la sécurité routière, on va en recruter de nouveaux. Des gens ont envie de s’engager pour se projeter plus massivement sur le terrain.
Avec la justice on souhaite mettre en place des stages d’intérêt général.
Le 25 novembre on organisera les états généraux de la sécurité routière, avec des intervenants dans la santé, des élus. Dégager des pistes d’action.
Pour les jeunes publics, on va lancer un concours pour les lycéens : Devenir influenceur de la sécurité routière. On leur proposera de réaliser un clip vidéo. Un jury sera constitué avec des récompenses pour les équipes.
On travaille aussi sur un jeu vidéo sur la sécurité routière.
L’action est dans toutes les directions. Il est important d’avoir une action forte, visible et dans le temps.
Il faut faire changer les comportements.
Oui on voit des choses s’améliorer. Il faut accentuer ce qui va bien et maîtriser ce qui ne va pas»
Et le Préfet d’ajouter : «Mobilisation de l’ensemble des acteurs publics. 2020 a marqué une cassure. On ne souhaite pas renouer avec les chiffres du passé.
Avec l’affichage un peu choc, on n’a pas voulu masquer ce qu’est la réalité».
Concernant le retour de certains axes aux 90 km/heure, ainsi qu’il l’avait dit dans une interview à creusot-infos, le Préfet rappelle que c’est le sujet de la lisibilité de la route quand on arrive d’un département voisin. On a considéré que les enjeux étaient trop forts sur sept axes pour lesquels on a émis un avis négatif.


Colonel Guillaume Dard

Commandant du groupement de gendarmerie
«Les unités de gendarmes ce sont les cinq compagnies de gendarmerie qui travaillent sur leurs territoires, avec les brigades. Et l’EDSR avec une centaine de militaires qui ne font quasiment que de la sécurité routière. Sur l’A6 on n’est pas dans les limites territoriales.
On dispose d’environ une trentaine de motos pour œuvrer en civil et en tenue et tous les moyens radars
L’arrivée du nouveau test drugschek 3000. Avec un prélèvement de salive pour un résultat en cinq minutes. Fumer un joint se détecte trois ou quatre jours après. On fait de plus en plus de tests positifs aux stupéfiants chez les jeunes, et un peu moins sur l’alcool».


Emmanuel Breton

Commissaire et directeur départemental adjoint de la sécurité publique
«On a mis en place un système de renfort des effectifs de Police, avec des CRS qui viennent régulièrement sur notre département. Treize motards qui viennent sur deux circonscriptions. Le Creusot / Montceau et Chalon / Mâcon. Le bilan d’activités est assez fort avec 500 contraventions en deux mois.
Chalon sur Saône a une unité dédiée pour la sécurité de proximité en associant les Polices Municipales, avec des mises en fourrière. Le message : Il faut que cela s’arrête.
Concernant les trottinettes électriques, on est en lien avec les principaux de collèges, pour des contrôles coordonnées.
Une loi oblige à s’assurer et à un certain nombre de choses. Les jeunes ont tendance à faire n’importe quoi»


Eric Jallet

Procureur de la République de Mâcon
«C’est la vie des personnes qui est en jeu. Les forces de l’ordre, la certitude du contrôle, c’est le début de la raison. On a un nombre d’heures sur la route important. Avec aussi des réquisitions de contrôles d’identité, pour des contrôles plus approfondis.
Augmenter la capacité de contrôle, c’est augmenter la capacité de détecter les infractions.
Le Procureur a l’opportunité des poursuites. On a la certitude de la poursuite qui est proche de 100%
50% des poursuites pénales concernent la sécurité routière. A Mâcon, pour la 1ère alcoolémie, c’est une ordonnance pénale. Les peines de suspensions administratives ont augmenté, ce qui permet d’augmenter les suspensions judiciaires. Dans les 3 ou 4 mois les gens sont jugés.
Pour un défaut de permis ou défaut d’assurance, on est dans une forme d’automatisation avec des traitements à Rennes.
On a une forme de standardisation pour les grands flux. La certitude du contrôle est connue.
Pour les gens en état de récidive légale : Addiction, cannabis banalisé… On est dans le reflet de la France en Saône-et-Loire. On est dans un département vigneron. Alcool + Stups sont en augmentation.
Dès la 2ème procédure, en CRPC (reconnaissance de culpabilité), les gens signent une peine d’emprisonnement, avec sursis probatoire, et obligation de soins. Avec interdiction de conduire un véhicule moteur.
Pour ceux qui récidivent encore : Comparution immédiate ou déferrement au parquet, pour une incarcération ou surveillance par bracelet électronique.
La réponse pénale est différenciée en fonction de l’évolution.
On espère toujours que la réponse judiciaire arrive à faire baisser.
Il y a des problèmes de comportement, jusqu’à l’usage d’un téléphone portable.
Avec des stages de sécurité routière on essaye d’avoir une réponse éducative».


Fabien Ben

Directeur académique
«La sécurité routière est un apprentissage placé dans le temps long. Les enfants doivent maîtriser les codes depuis le plus jeune âge. Avec attestation de sécurité routière en fin de 5ème et en fin de 3ème. Au lycée : Une demi-journée obligatoire.
On a mis en place un réseau. On compte quatre référents qui viennent en complément pour accompagner les enseignants. Mais aussi un référent dans chaque établissement de second degré. Le travail qui est mené se fait au quotidien. Comme respecter autrui, bien sûr. Mais connaissance des addictions, également»


Jean-Pierre Goron

Directeur départemental des territoires
«Les états généraux le 25 novembre seront l’occasion d’installer un véritable réseau. On a besoin d’un volet fort sur chacun territoires. On parlera de l’évolution de la voirie dans les villes. On parlera aussi les usages et effets des produits psychotropes. Il y a les médicaments et les produits illicites.
Les vidéos réalisées par les lycéens seront diffusées sur Instagram, pourquoi pas sur Tik Tok. Avec trois prix Les lauréats, par équipes de 3, auront une aide de 500 euros par candidat pour le 1er prix. Puis ensuite 300 euros et 200 euros.


Lieutenant Colonel Philippe Demousseau

Chef de la communication au SDIS
«On ne peut être que partenaire. Les pompiers partent tous sur les secours routiers. On a besoin d’une indication de la voiture avant d’y toucher. Pour pouvoir être le plus efficace possible. On a besoin d’avoir des pompiers spécialistes dans la désincarcération.
Les voitures ont des zones protégées mais cela engendre des désincarcérations plus difficiles»


Jean-Patrick Courtois

Vice-président du conseil départemental
«Les jeunes ne se rendent pas compte des dangers des trottinettes. C’est la même chose pour la vitesse en centre ville»


Trottinettes : Le chiffre qui parle

C’est le commissaire Emmanuel Breton qui a communiqué le chiffre : «On a effectué un contrôle de trottinettes à Chalon sur Saône. Sur les 24 personnes contrôlées, les 24 ne savaient pas qu’il y avait une obligation d’être assuré !»

Alain BOLLERY