
Une moyenne de 200 dossiers par enquêteur… C’es trop. Beaucoup trop dénonce le syndicat Un1té de la Police. Un embouteillage de plaintes qui profitent aux délinquants avec de vraies réponses judiciaires qui se font attendre… Le syndicat Un1té estime qu’il faudrait 25 enquêtes de plus pour les commissariats de Mâcon, Chalon, Montceau et Le Creusot.

«Il faut bien comprendre que parfois, il faut attendre de six à dix faits de délinquance pour qu’un individu se retrouve au tribunal avec une réponse judiciaire. Si cela était fait dès la première ou la deuxième infraction, de fait cela réduirait le nombre de procédures…» Si Stéphane Gyate, enquêteur au Creusot, se permet d’apporter cette précision, c’est parce les réponses judiciaires qui tardent ont de fait des conséquences directes.
Car il ne faut pas se voiler la face, quand un délinquant rentre chez lui, y compris après une garde-à-vue, trop souvent il en profite pour récidiver.
Que l’on ne se méprenne pas. Les Policiers enquêteurs du syndicat Un1té ne demandent pas une présentation au parquet, obligatoirement à la première infraction. Mais ils aimeraient bien que les réponses judiciaires se fassent moins attendre, qu’elles soient plus rapides. Car cela aurait des effets directs sur leur travail au quotidien qui devient de plus en plus, de plus en plus harassant. Déjà faute de moyens humains.
Pour dire leur mal être, pour dénoncer l’embouteillage monstrueux de plaintes qui s’accumulent et de dossiers non traités, les Policiers enquêteurs d’Un1té se sont rassemblés, mercredi matin, devant le commissariat de Chalon-sur-Saône, avant d’aller distribuer des tracts à la population.
«Trop de victimes attendent sans réponse»
Le ras le bol des enquêteurs est plus que palpable. «On a trop, mais vraiment trop de procédures en attente. Trop de victimes restent sans réponse. Cela par faute de moyens humains et matériels», explique Stéphane Gayte, enquêteur au Creusot après l’avoir été à Chalon-sur-Saône.
«Le logiciel de traitement des plaintes est devenu obsolète et il est souvent en panne, ce qui ralentit le travail. Comme si on avait besoin de cela». Les conséquences du manque d’enquêteurs et de la pauvreté des moyens matériels, est facilement identifiable : «Le service public que l’on doit aux victimes n’est pas assuré et donc la justice qui leur est due n’est pas rendue !»
Les chiffres avancés par Un1té mettent mal à l’aise : «En France, on coule 3 millions de procédures qui sont en attente et donc pas traitées. Pour fonctionner normalement il nous faudrait 2000 enquêteurs de plus. Les victimes ont le sentiment d’être abandonnées et trop d’actants d’actes de délinquance ne sont pas poursuivis».
La situation en Saône-et-Loire, où on compte quatre commissariats de Police, à savoir ceux de Mâcon, de Chalon-sur-Saône, de Montceau-les-Mines et du Creusot, est à l’instar de ce qui est constaté au niveau national.
«On a compté, chaque enquêteur a en moyenne deux cents dossiers à traiter. Chacun comprendra que les enquêteurs ne peuvent pas s’attarder sur les dossiers.
«Les gens sont épuisés»
Le syndicat Un1té a fait ses comptes : «Pour un fonctionnement et un traitement normal des dossiers, en Saône-et-Loire on a besoin de 25 enquêteurs en plus. Entre sept et dix en plus dans les commissariats de Mâcon et de Chalon et de trois à cinq en plus à Montceau et au Creusot. Plus d’enquêteurs, cela veut dire un travail plus efficace», dit Stéphane Gayte. Il ajoute : «Mais il faut aussi en finir avec le tout plainte. Ce qui veut dire que trop de plaintes sont prises, alors que l’on sait que derrière il n’y aura bien de pénal. De même, on considère que les infractions, par exemple, fiscales ou environnementales, ont vocation à être traitées par d’autres».
Les enquêteurs demandent une modernisation à la fois de l’organisation, mais aussi de leurs moyens. «Il faut bien comprendre que les gens sont épuisés. Nous sommes là pour service la population et nos moyens ne le permettent pas. Et tout cela profite aux délinquants et certainement pas aux victimes !»
Alain BOLLERY










