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> Saone et Loire > SAONE ET LOIRE
23/03/2023 08:00
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OPINION : Le Docteur Mauduit, président du Conseil de l'Ordre des Médecins, répond à Rémy Rebeyrotte

Réponse à I'Article signé par Monsieur REBEYROTTE, Député de Saône et Loire,
paru dans Creusot info du 13 mars 2023
Les médecins de Saône et Loire et le Conseil départemental de Saône et Loire de I'Ordre des médecins ont été extrêmement choqués par les propos du député, Monsieur Rémy REBEYROTTE, parus dans le journal < Creusot-lnfo > du 13 mars 2023.
On note d'emblée une contre-vérité qui donne le ton du texte publié par les parlementaires signataires. Le Conseil National de I'Ordre des Médecins (CNOM) ne s'est jamais opposé à la suppression du ( numerus clausus > en 2018, bien au contraire, c'était

une demande pressante des médecins depuis de nombreuses années.
Pour mémoire, en 2014,|'ancien Président du Conseil Départemental de Saône et Loire de l'ordre des médecins (CDOM 71), le docteur Gérard MONTAGNON, avait alerté I'actuel Sénateur, Monsieur Fabien GENET, sur la grave crise démographique qui débutait et avait averti les députés du département dont Monsieur REBEYROTTE sur ce danger. Malheureusement, aucune mesure n'a été prise à la suite de cet avertissement.
On rappelle ensuite, comme Madame Agnés BUZIN, ancienne ministre de la santé, I'a fait, il y a quelques jours sur France 2, que la crise démographique était prévisible depuis de nombreuses années, car cette mesure inspirée par les hauts fonctionnaires et validée par tous les ministres de la santé depuis 1973, ne s'est pas accompagnée d'études prospectives sur l'évolution et le vieillissement de la population pourtant prévisible. ll s'agit là d'une faute politique majeure dont les patients payent les lourdes conséquences, et que, bien entendu, aucun homme politique, dont les signataires de I'article qui nous met en cause, ne voudra assumer. Pour eux la responsabilité de la crise démographique actuelle repose sur les médecins, qui par < malthusianisme et corporatisme >se seraient opposés à la suppression
du << numerus clausus >.
Puis, par insinuation, on essaye de faire croire que le monde médical se livre < à des abus injustifiables, faisant grimper les prix de I'intérim >. ll s'agit d'une insulte inadmissible pour la communauté médicale qui n'est en rien responsable de ces excès. Concernant les tarifs excessifs payés à certains médecins intérimaires, on rappelle que ce sont les directeurs d'hôpitaux qui acceptent de telles rémunérations avec I'approbation des maires qui sont membres du Conseil de surveillance. Par ailleurs, on connait I'influence des parlementaires pour recruter, ou maintenir, tel ou tel praticien afin de ne pas fermer un service, ce qui serait délétère pour I'hôpital de leur circonscription.
ll n'est pas nécessaire d'être élu local pour être confronté au désarroi des populations: les médecins vivent au quotidien cette situation dramatique, qui ne peut que s'aggraver dans les années à venir. Nos appels n'ont jamais été entendus, car nous n'avons pas besoin des voix des patients pour exercer, mais les élus, sentant la situation leur échapper, cherchent des < boucs émissaires > et désignent les médecins, alors même que ceux-ci sont victimes d'une situation qu'ils déplorent.
Mais peut-être serait-il instructif pour vous, les élus, d'aller à la rencontre des médecins, dans leur cabinet ou dans leur service, afin de prendre la mesure de leurs difficultés.
On comprend d'autant moins la position et les contre-vérités énoncées par Monsieur REBEYROTTE que nous avons pris la peine de venir lui expliquer les difficultés rencontrées par les médecins, notamment dans sa circonscription, à sa permanence du Creusot, le 14 octobre 2022 précisém ent.
< C'esf aux professrbnnels de santé de s'adapter aux tenitoires et non aux tenitoires de s'adapter aux professrbnnels de santé > écrit Monsieur REBEYROTTE.
Voilà une bien belle formule, préparée par vos conseillers en communication ?
ll y a bien longtemps que les médecins se sont adaptés aux territoires : ce sont eux, du moins s'ils en restent, qui assurent les urgences au quotidien! Ce n'est certainement pas un hasard si dans notre département plusieurs secteurs de garde sont vides, faute de médecins.
Vous parlez de << problème démographique > ? Mais cette crise était prévisible depuis longtemps : qu'avez-vous fait ?
Quant au < partage des tâches )) avec les autres professionnels de santé, il y a bien longtemps qu'il est une réalité tant en milieu hospitalier que dans le secteur libéral. Les médecins ont leurs propres réseaux, qui ne sont pas toujours formalisés dans des structures de type CPTS, mais qui fonctionnent. Tous les médecins ont leurs correspondants spécialistes et professionnels avec qui ils travaillent: sages-femmes, kinésithérapeutes, infirmiers, orthophonistes, ergothérapeutes... et cela sans la lourdeur administrative chronophage et épuisante au détriment du temps médical consacré à leurs patients.
La position adoptée par Monsieur REBEYROTTE ne peut qu'aggraver la situation que nous déplorons, en décourageant les médecins épuisés par la crise sanitaire et exaspérés par le manque de reconnaissance, alors même qu'ils consacrent leur vie à soigner leurs patients, souvent au-delà du raisonnable et au détriment de leur santé.
Alors, et pour conclure, nous vous retournons votre formule : << C'est aux HOMMES POLITIQUES de s'adapter aux territoires, et non aux territoires de s'adapter aux HOMMES POLITIQUES D.
Docteur Gilles MAUDUIT
Président du Conseil départemental de Saône et loire de I'Ordre des Médecins