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> Saone et Loire > SAONE ET LOIRE
30/09/2021 03:17
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Le Préfet Julien Charles annonce que «5 voitures radar privées entreront en service, en janvier, en Saône-et-Loire»

Dans une longue interview, le Préfet Julien Charles fait le point sur la sécurité routière, sur la vaccination en pointe dans le département avec de très bons chiffres, sur le retour aux 90 km/heure, sur le plan de relance, sur les perspectives agricoles, mais aussi sur l’évolution de la délinquance : En hausse en Saône-et-Loire et en baisse au Creusot.
Il est dans la catégorie des jeunes préfets qui ont été nommés en Saône-et-Loire, avec forcément de belles évolutions de carrière à venir. Julien Charles a vécu beaucoup de crises depuis son arrivée : La sécheresse, les mutilations de chevaux, les attaques du loup et évidemment la pandémie. Ses interlocuteurs, à savoir les décideurs du département le décrivent comme efficace et pragmatique. Ils apprécient autant son amabilité que sa réactivité. Julien Charles se confie dans une longue inverview.


En cette rentrée, quel est le bilan de la Saône-et-Loire en matière de sécurité routière ?
JULIEN CHARLES : «Nous sommes plutôt sur des chiffres encourageants, mais on ne peut évidemment pas se satisfaire de voir des personnes tuées sur les routes. A fin août, on comptabilisait 272 accidents contre 321 en 2019, et on dénombrait 19 tués contre 35, soit une baisse de 45%. La comparaison s’effectue bien par rapport à 2019, car en 2020 il y a eu le confinement».


Les causes des accidents mortels sont-elles identifiées ?
«Dans 21% des accidents mortels, l’alcool est cause et dans 13% ce sont les stupéfiants. Parfois les deux. Ce qui interpelle c’est la part des jeunes. Un sur trois avait entre 14 et 29 ans et un sur trois était un piéton ou un deux roues, alors qu’ils ne pèsent que pour 2% du trafic»

Quelles réponses apporter à ces chiffres ?
«Travailler encore plus sur la prévention et intensifier les contrôles. J’ai d’ailleurs demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles et d’être encore plus sur le terrain, pour l’alcoolémie, les stupéfiants, la vitesse, dans toutes les directions. Il faut voir du bleu sur le bord des routes, car on voit encore des vitesses très élevées, trop élevées et pas seulement sur la RCEA. Je souhaite aussi des opérations fortes et médiatique en matière de prévention avec beaucoup de pédagogie».

Concernant les voitures radar privées et banalisées, quand vont elles arriver en Saône-et-Loire ?
«En principe ce sera plutôt au mois de janvier. Le travail préparatoire est engagé et il est en cours de finalisation».

Combien de voitures radar privées pour la Saône-et-Loire ?
«Cinq véhicules seront en fonction dans le département, mais le nombre pourra évoluer en fonction des besoins, à l’échelle de la région. S’il y a besoin de faire plus on fera plus et si elles peuvent aller dans un autre département ce sera le cas»

Sur quels axes ?
«Tous types de routes : Départementales, nationales, autoroute. Le critère étant celui de l’accidentalité. On ne va évidemment pas attendre des accidents pour cibler des routes, car nous avons une cartographie conséquente et précise des accidents. On sait que sur certains axes il y aura des actions plus fortes que sur d’autres».

Ces contrôles privées seront-ils en substitution des contrôles réalisés par les forces de l’ordre ?
«Ce sera en complément. Le fait de disposer de ces véhicules permettra aux gendarmes et aux policiers de faire plus de contrôles sur l’alcoolémie et les stupéfiants. En fait on va élargir la palette des actions que l’on met en place».

La consommation de stupéfiants est-elle inquiétante ?
«Je ne sais pas si elle est ascendante. On a une situation qui n’est pas propre à la Saône-et-Loire. On des conducteurs qui prennent le volant alors qu’ils sont sous l’emprise de stupéfiants. On ne peut plus dire que c’est un phénomène marginal par rapport à l’alcool. Parfois c’est un cocktail des deux. Il y a aussi parfois la fatigue qui est en cause, avec des gens qui prennent le volant, alors qu’ils ne sont pas en état de conduire. C’est pour cela qu’il faut accentuer la prévention».

Faut-il aller encore plus dans les Lycées ?
«Oui, on va relancer un plan d’actions, avec l’Education Nationale, sur ce volet. On va mobiliser d’avantage de moyens. Nous avons 50 intervenants départementaux de sécurité routière. On a aujourd’hui 150 demi-journées d’action de prévention. J’aimerai que l’on aille plus loin l’année prochaine, notamment sur les deux roues et les stupéfiants.  Il y a encore beaucoup de pédagogie à faire. C’est quelque chose qu’il faut que l’on pousse davantage».

Comment appréhendez-vous l’augmentation du nombre d’accidents avec des trottinettes ?
«C’est un phénomène que l’on constate surtout dans les zones urbaines. Il y a une vigilance particulière qui est exercée sur ces publics, car on constate des attitudes extrêmement imprudentes, avec un danger pour les piétons».

Quels sont les derniers chiffres en votre possession concernant la délinquance ?
«A la mi-septembre, en Saône et Loire, on avait une augmentation de la délinquance générale de 13,6% par rapport à 2020, qui était une année particulière. On a une légère augmentation des atteintes à l’intégrité physique des personnes, avec 2700 faits, contre 2300 en 2020. On a une baisse des cambriolages, avec 1245, contre 1450.
Sur Le Creusot, l’ensemble des indicateurs sont à la baisse sur la zone Police, avec une baisse de 8% de la délinquance générale, 14% de baisse sur les violences aux personnes, et 20% de baisses sur les cambriolages.
Un de nos grands sujets de l’année, c’est la lutte contre les stupéfiants. 18 trafics ont été démantelés, c‘est le double par rapport à 2020.
Sur les VIF ont est à la hausse depuis 2 ans. Tous les acteurs sont impliqués et travaillent main dans la main. Avec un déploiement sur l’ensemble du département des réseaux VIF. Avec aussi la mise en place d’intervenants sociaux dans les commissariats et les gendarmerie. La Saône-et-Loire est un département où on fait beaucoup pour ce sujet et on va essayer de poursuivre dans cette voie».

Comment évoluent les effectifs des forces de l’ordre ?
«On est plutôt dans une tendance à la hausse. On avait 423 policiers en 2020 et on en a 428 en 421. Avec des renforts sensibles : 5 postes créés sur Le Creusot et 16 sur Chalon sur Saône. Concernant la gendarmerie, on est passé de 723 militaires en 2020 à 728 cette année. On est dans une consolidation / augmentation».

Le conseil départemental a formulé des propositions pour repasser des routes à 90 km/heure. Quel est la position de l’Etat ?
«Le conseil départemental nous a proposé de rehausser à 90 km/heure sur quatorze routes. J’ai réuni la commission départementale de sécurité routière. Et sur les 14 axes la commission a émis un avis favorable sur la moitié et défavorable sur l’autre moitié.  Ce n’est qu’un avis. Il appartient au conseil départemental de décider. La motivation de cette demande était d’assurer lisibilité et continuité de vitesse, par rapport à ce qui se passe chez nos voisins, comme la Côte-d’Or et l’Allier. Il faut intégrer les notions de sécurité routière. On a fait connaître position. Techniquement, pour analyser chaque demande on a appliqué une grille au regard de la lisibilité de la vitesse, au regard de l’accidentologie enregistrée, la configuration de la route, suffisamment large. C’est à partir d’une analyse technique que les avis ont été donnés».

De nouveaux radars fixes seront ils implantés en Saône-et-Loire ?
«Pour l’instant ce n’est pas envisagé. Le maillage est correct».

Où en est-on de la vaccination en Saône-et-Loire ?
«Je trouve que l’on a des chiffres corrects. 79% de la population a eu une dose et 76% un parcours vaccinal complet. Ce qui explique la bonne situation de la Saône-et-Loire. Il y a eu un effort très important. Je remercie les équipes de soignants, les Maires, leurs équipes, car franchement tout le monde a joué le jeu. On a tous joué collectif. Le pari n’est pas complètement gagné.
On a plusieurs points d’attention : 10% des plus de 75 ans n’ont pas été vaccinés. On rentre dans une deuxième phase. On n’est plus dans un processus massif, mais un processus d’aller vers. Solliciter les médecins de famille, les Maires et les CCAS qui ont connaissance de leur population. L’assurance maladie effectue un phoning, il y a le vaccibus. On va chercher chaque point de vaccination. Maintenant c’est sans rendez-vous. On n’a plus la contrainte de doses. Les centres de vaccinations restent ouverts. Si les gens appellent ou passent, je ne serai pas étonné que l’on puisse les vacciner dans la journée».

Quels chiffres pour les jeunes ?
«On est à 82% de 1ère dose sur les 12/17 ans et 70% ont eu deux doses. Il y a eu un gros travail d’effectuer sur les centres de vaccination. Dernier point, ce sont les précaires. Il y a 42.000 personnes en Saône-et-Loire. On travaille avec tout le monde pour faire de l’individuel».

Quelle est la situation géographique de la vaccination ?
«La carte n’est pas homogène, mais il n’y a pas de zones blanches. C’est dans les zones rurales que la vaccination est un peu plus faible. C’est pour cela que l’on intervient avec le vaccibus. Je rappelle que la Saône-et-Loire est le premier département de la Région Bourgogne – Franche-Comté pour la vaccination et le second pour ce qui est l’incidence, derrière la Nièvre, alors que l’on est le département le plus peuplé de la région».


Le plan de relance a amené beaucoup de visites ministérielles en Saône-et-Loire. Pour combien pèse-t-il ?
«C’est une intervention de l’Etat tout à fait significative. Aujourd’hui on est à 186 millions d’euros, dans tous les champs. Transition écologique, la compétitivité et la cohésion. Cela va de la rénovation des bâtiments, la modernisation des friches, la modernisation des réseaux, la biodiversité, les infrastructures, les aides aux entreprises».

Combien sont allés aux entreprises ?
«113 millions d’euros, dont 73 millions qui sont des  baisses d’impôts de production. Il y a donc 40 millions d’aides aux investissements. Il y a aussi tout le volet cohésion dont on parle moins».

C’est-à-dire ?
«Des projets financés pour des acteurs de l’insertion, des actions culturelles, des efforts pour l’accueil de jour. C’est donc un bien plan de relance extrêmement large. Il va se poursuivre sur l’année 2022. Par contre on arrive à la fin du quoi qu’il en coûte, avec 215 millions pour le fond de solidarité et 165 millions d’euros pour l’activité partielle. En matière économique on parle d’une période derrière nous. Là on est rentré dans un nouveau paradigme, avec une croissance à plus de 6%, un taux de chômage de 6,8% au niveau départemental. Le contexte est autre. Le défi c’est de recruter. Avec un plan d’action sur la formation, pour faire se rencontrer l’offre et la demande d’emploi. C’est le grande sujet de mobilisation de l’automne. Aider les entreprises à trouver les salariés dont elles ont besoin. Y compris en travaillant sur le chômage de longue durée. Il y a encore de la tension dans la restauration, dans le BTP, les soins à la personne, l’industrie. Mais il n’y a pas de solution unique. C’est un panel d’actions, notamment la mobilité qui est un frein à l’embauche».


En agriculture, on est passé de la sécheresse aux inondations. Quelle est la situation .
«On est en contacts très réguliers avec la profession. Elle est confronté à des défis nombreux et intenses. Il y a transition environnementale. C’est le secteur d’activité qui la subit le plus intensément. Cela amène à revoir tous les mécanismes, notamment d’assurance, qui permettait de couvrir les risques. Une assurance ça marche quand vous êtes de temps en temps avec un risque. C’est pour cela que le Président a dit qu’il faut passer à un mécanisme fondé sur la solidarité nationale.  Pour la viticulture, l’année a été terrible, avec le gel, la maladie».

Qui de la PAC, la politique agricole commune ?
«Elle évolue. On est dans une transition. A partir de 2023 on sera sur un régime pérène. La France doit mettre en place un schéma stratégique. On va avoir des éco-régimes. Et concernant les aides couplées, elles vont être progressivement rééquilibrées, en faveur des cultures de protéines. Cela fera baisser les aides animales. Cela préoccuper dans le secteur animal. Mais je pense que cela peut représenter un avantage, car cela permettra l’autonomie fourragère des exploitations. Ce sujet de la PAC va donc introduire une évolution. Mais je pense que cela peut être une opportunité pour les exploitations de Saône-et-Loire. L’indemnité compensatoire de handicap naturelle est maintenue, ce qui était une inquiétude.
Troisième défi : Tout ce qui tourne autour de la loi EGALIM et donc le prix payé à l’éleveur. On fera tout pour arriver, avec le Préfet de Région, pour faire en sorte que l’on arrive au développement des contractualisations, pour leur assurer un prix garanti».

Le loup vous a déjà occupé deux fois. La chambre régionale d’agriculture souhaite des autorisations de tirs plus rapide ?
«Si la présence d’un loup devait être à nouveau confirmée. On déploierai le dispositif du plan national, avec l’indemnisation de l’éleveur, la mise en place de protection. Et quand on constate qu’elle est en place, les autorisations de tir. Nous on les donne sur 24 heures maximum. Il est arrivé qu’on les donne dans la journée. Mais ne perdons pas de vue que le loup est protégée et que donc l’autorisation de tir est dérogatoire. L’engagement que l’on prend vis à vis des éleveurs, c’est d’optimiser les délais.
Sachant que durant l’année écoulée, on s’est efforcé de renforcer le dispositif. Le nombre de louveterie a été revu à la hausse et grâce à l’aide de l’Etat et de la Région, le matériel a remis à la neuf. Ils ont été formés à tirer le loup.
Je souhaite que l’on soit réactif, parce qu’on le doit à la profession, mais il ne faut pas perdre de vue que l’espère est protégée et qu’il y a un cadre légal. Je ne veux pas prendre le risque que les arrêtés soient invalidés. Je ne veux pas sacrifier la vitesse à la robustesse».
On souhaite faire reconnaître des exploitations comme partiellement non protégeables. On a des éleveurs volontaires. On travaille avec eux. Pour que d’ici la fin de l’année ils puissent être reconnus par le préfet coordinateur, ce qui leur permettra d’avoir des autorisations de tirs plus rapides, sans avoir à mettre en place tout le mécanisme de protection avant».
Recueilli par Alain BOLLERY