
Une conférence à deux voix dans le Petit théâtre de la Verrerie a réuni près de 70 personnes


C’était ce dimanche en fin d’après-midi que le rendez-vous avait été donné. Le dialogue inter-religieux avait proposé une conférence intitulée : Bouddhisme et Christianisme, regards croisés sur Jésus.
Et pour échanger sur le sujet, Lama Dreulma et Monseigneur Benoît Rivière se sont présentés sur la scène du petit théâtre face à près de 70 personnes. Le petit théâtre était donc rempli à sa quasi pleine capacité et pas seulement de spectateurs. En début de soirée, Jean-Claude Bligny a présenté plusieurs de ses œuvres exposées pour l’occasion et représentant des symboles de chaque religion représentée.
Une conférence en deux parties
La conférence de ce dimanche s’est articulée autour de deux parties principales : les points communs ou convergents entre le bouddhisme et le christianisme et les points divergents. En fin d’intervention, les spectateurs présents ont pu poser leurs questions à Lama Dreulma et Mgr Rivière.
Et c’est Lama Dreulma qui a débuté les propos de cette fin d’après-midi par des éléments de comparaison des deux personnages emblématiques des deux religions : Jésus et Bouddha.
Ainsi il ne serait pas exclus selon Lama Dreulma que Jésus ait pu se rendre dans le Pakistan, alors bouddhiste à son époque. Il aurait pu s’inspirer du bouddhisme. Elle relève que les deux sages ne font pas partie du cadre religieux de leur époque, mais qu’ils se présentent chacun comme des guérisseurs. La comparaison se poursuit à travers une analyse des récits de vie de Bouddha et Jésus, tout deux rejetant par exemple toute hiérarchie sociale au profit des exclus. Au fond, la base de leur message est thérapeutique, égalitariste, non-violent et compassionnel. « Tous deux diversifient leurs relations qui ne sont pas exclusives » note-t-elle encore.
Deux religions développées après le décès de Jésus et Bouddha
Dans la suite des comparaisons entre les deux religions, Lama Dreulma note que les deux maîtres n’ont rien fait pour organiser le fonctionnement d’une communauté, qu’ils n’ont pas laissé d’écrits. Le bouddhisme et le christianisme se sont organisés après le décès des deux sages.
La comparaison va jusqu’à montrer que les deux religions se sont développées sur des notions de don de soi, d’altruisme, ou encore de détachement. Elle ajoute que les religions sont à la base d’une révolution.
« Jésus vint accomplir et non pas détruire. Bouddha vint ouvrir la voie de l’illumination à tous. Le divin s’exprime en chacun de nous » poursuit-elle.
Elle poursuit l’exposé sur les points de convergence entre les deux religions :
- la trinité,
- la résurrection de Jésus, élément surnaturel à mettre en parallèle avec celle du bouddhisme,
- ni Bouddha ni Jésus n’ont écrit le texte de chaque religion.
Et de conclure que les deux religions invitent leurs pratiquants à retrouver le message en nous-même au-delà de l’écrit.
Des vérités universelles
Mgr Rivière note effectivement de son côté la place prépondérante des deux maîtres de sagesse dans les enseignements des deux religions. Et d’ajouter : « l’enseignement de Jésus n’est pas seulement un enseignement de sagesse. Il le paie de lui-même ».
S’il ne croît pas que Jésus ait pu se rendre un jour au Pakistan, Mgr Rivière rappelle que la rencontre de ce dimanche après-midi se situe dans un profond respect entre chrétiens et bouddhistes.
Et il relève aussi l’importance de regarder en soi grâce aux éclairages des enseignements transmis par la religion.
Et des convergences entre les deux religions
Pour autant les deux religions ne se rejoignent pas sur tout. Le bouddhisme croît en la réincarnation, ce qui n’est pas le cas du christianisme. Le bouddhisme ne possède pas de Dieu créateur. Il n’y a ni âme, ni sacrement, ni pêcher originel, ni résurrection du corps à la fin des temps dans le bouddhisme. Et dans cette religion, il n’y a pas non plus de différence essentielle entre l’homme et l’animal. Tout deux sont habités par la nature de Bouddha.
Autre chose : chez les chrétiens, Jésus est le grand sauveur ultime. Chez les bouddhistes, on doit se sauver soi-même. « C’est à nous de neutraliser le karma négatif en karma positif. Il faut pratiquer et c’est tout » ajoute Lama Dreulma.
Et de poursuivre : « Jésus crée la lumière. Bouddha apporte une lumière intérieure. Le pratiquant trouve en lui-même cette clarté qui le fait échapper au désir et à la souffrance ».
Mgr Rivière et Lama Dreulma évoque tout deux un ultime point commun entre les deux religions, et au fond, entre toutes les religions : la règle d’or. C’est le fondement naturel de l’éthique universelle : « Traite les autres comme tu voudrais être traité ».
Cela pourrait aussi se résumer par respecte les autres comme tu te respectes, ou encore, respecte l religion de l’autre comme ta propre religion, élément cher au dialogue inter-religieux.
Après quelques éléments de retour sur la règle d’or par Mgr Rivière, les personnes présentes dans la salle ont ensuite posé des questions aux deux conférenciers avant de pouvoir admirer les peintures exposées dans le Petit théâtre de la Verrerie, en début de soirée.
EM











