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15/09/2021 07:50
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LE CREUSOT : Le Général Pierre de Villiers est venu parler aux agriculteurs, et alors ? «Sans agriculteurs il n’y a plus de pays»

La chambre d’agriculture avait pris l’initiative, mardi soir, d’avoir un conférencier pas vraiment spécialiste de l’agriculture, pour dépasser lignes, avoir un autre regard. L’ancien Chef d’Etat Major des Armées a lancé beaucoup de mots clef, après avoir dressé des constats que tout le monde connaît.
La halle des sports, mardi soir, n’était pas un lieu de compétition, ni un lien de confrontation. Le Général Pierre de Villiers est venu parler aux agriculteurs de Saône-et-Loire, à l’initiative de la Chambre d’Agriculture. Une initiative remarquée par David Marti qui, dans ses mots d’accueil, a souligné le travail réalisé avec la profession : «On a des liens très étroits avec la chambre d’agriculture. On travaille pour l’intérêt général. Le monde agricole est un acteur économique sur le territoire communautaire».
Bernard Lacour expliqua lui le sens de ce rendez-vous : «Le but de cette invitation, c’est d’être en capacité de gérer mais aussi de savoir prendre du recul sur le temps. On est dans une société où les décisions sur le long terme sont difficiles à prendre. On est dans la gestion du quotidien. Ce sont les réflexions qui permettent de tracer la route. L’agriculture par sa puissance a géré une forme d’indépendance de la France. Créons de nouvelles fondations». Comme d’habitude une approche bien pensée, avec du bon sens, de la part du patron des agriculteurs du département de Saône-et-Loire.
Derrière lui, le Général, s’est d’abord et surtout attaché à dresser de nombreux constats, comme dans un inventaire à la Prévert. Le plus souvent en édictant des évidences. Mais c’est mieux en le disant… Extraits :
«L’agri bashing doit cesser. On a un point commun, entre votre région et celle où j’ai grandi, c’est la race charolaise que l’on retrouve en Vendée.
Nous devons d’urgence avoir la stratégie du temps long dans nos préoccupations. Les fractures dans notre société sont multiples. Il y a le terrorisme de masse apparu en 2001. Un des objectifs c’est d’imposer la barbarie.
A un monde instable se sont ajoutés le dérèglement climatique et l’immigration massive. Ce qui inquiète. Oui le temps presse, mais il faut prendre le temps de parler, alors que l’on croule sous les informations. La performance immédiate prime sur les stratégies Vous les agriculteurs, vous avez cette notion de temps.
La fracture territoriale est là avec des gens qui ne se comprennent plus. Il a fallu inventer la fête des voisins. Le retrait des services publics dans le monde rural est mal vécu.
Les gilets jaunes ce n’est pas un problème social, c’est une rupture sociétale.
Didier Deschamps il a gagné, parce qu’il avait emmené la meilleure équipe…»
Le Général lança dénonça aussi «le ravage des écrans. On se parle par messageq, alors que le gars est à cinq mètres dans la pièce. L’individualisme gagne.
Si je voulais résumer mon propos, c’est la crise sanitaire avec le retour de la mort, une crise économique, une crise financière, une crise sociale qui est plus profonde que cela, une crise politique avec la montée des extrémismes.
Mais il faut arrêter de dire que tout va mal, que l’on va se suicider collectivement. Je n’ai pas été le chef d’état major de n’importe quel pays.
La confiance est le carburant de l’autorité. Ce n’est pas l’autoritarisme. On en est loin, il est temps d’y revenir. Il faut concevoir, convaincre, conduire»
Avec quelle stratégie ? «Il faut revenir à l’humilité. Avoir aussi enthousiasme et passion. Oui les emmerdes volent par escadrille, comme disait Chirac. Pour une société fraternelle, il faut arrêter la violence verbale». Et d’asséner : »Un mot très important pour réconcilier les français, c’est le courage : Dire la vérité».
Le Général en est convaincu : «Il faut retrouver l’intelligence du cœur. Le jeune de moins de 30 ans, il attend de l’engagement. Je plaide aussi pour un nouveau pacte sociale, pour aimer les agriculteurs. On a pour cela besoin d’unité».
Pierre de Villiers parle encore d’espérance, pour lancer : «On a un génie français, on est le moteur de l’Europe, mais on est les seuls à ne pas s’en apercevoir !» Et de conclure : «Sans agriculteurs il n’y a plus de pays».
Bernard Lacour prolonge : «Ce que l’on fait, ce que l’on décide, doit concerner l’homme. Pour qu’il s’épanouisse, il faut qu’il trouve sa place». Le Général de Villiers demande alors que «l’on arrête les bla-bla».
A.B.