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> Saone et Loire > SAONE ET LOIRE
20/05/2021 12:15
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La Saône-et-Loire veut planter 600.000 arbres, ce qui fait tousser la gauche qui a demandé si c’est vraiment opportun… En réponse, Violaine Gillet s’est pris une volée de bois vert

C’est un peu comme pour les éoliennes et les parcs photovoltaïques. Il y a celles et ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Au conseil départemental, Violaine Gillet, qui a la fibre verte, s’est posée la question de savoir si on a bien regardé les rapports du GIEC pour savoir s’il est opportun de planter des arbres. Elle s’est pris une bûche de la part de Jean-Claude Becousse, Catherine Amiot et André Accary. Ils ne feront pas campagne en forêt ensemble.
Après les bûches du matin, façon Noël, qui avaient vu André Accary, Evelyne Couillerot et Christian Gillot faire dans la douceur, on a changé de bûche en milieu de matinée. On est passé au bois, le vrai, le brut. Le bois avec lequel on se chauffe. L’annonce, par Jean-Paul Becousse, de voir le département planter 600.000 arbres (lire le rapport ci-dessous), a vu Violaine Gillet, la co-présidente du groupe Gauche 71, monter dans les tours, pardon les arbres, pour s’interroger sur l’opportunité de se lancer ainsi dans la plantation de 600.000 arbres. Elle a appelé la majorité départementale à se référer à ce qu’elle considère comme les seuls vrais spécialistes, à savoir les experts du GIEC.

On ne peut pas dire que les membres de la majorité ont pris des pincettes en bois pour lui répondre. Violaine Gillet a reçu une volée de bois vert. Elle s’est pris une bûche. Cela avant que le rapport soit voté à l’unanimité. C’est peut-être ce qui fait le charme de la politique. Mais quand André Accary a répondu à Violaine Gillet qu’elle devrait en parler à Marie-Guite Dufay qui promet de planter 100.000 arbres si elle est élue, on a vu quelques têtes baissées. Pas facile d’essayer de s’opposer, mine de rien, tout en finissant par approuver, à quelques semaines des élections. Mais il est vrai que les questions environnementales suscitent des trop souvent des réactions enflammées.
A.B.


Violaine Gillet

«Monsieur le Président. Ou dois-je vous appeler Elzéard Bouffier, comme le personnage de Giono ?
Vous voulez comme lui nous raconter la fable de l’homme qui plantait des arbres.
Cela semble simple, s’il y a trop de carbone capturons-le ! C’est communément admis : grâce à la photosynthèse les arbres captent le dioxyde de carbone et le séquestre dans des puits de carbone.
Comme votre rapport l’affirme : « Le plan nature du département met à profit le rôle crucial de la végétation dans l’absorption du carbone et l’atténuation des effets du changement climatique ».
C’est d’ailleurs tendance, de nombreux fonds vous vendent des arbres et chacune et chacun d’entre nous achète des arbres pour compenser tel voyage en avion. 
L’approche est simple, pragmatique, séduisante même, mais plus marketing que scientifique.
Planter des arbres pour créer des puits carbones est un vœu pieu, car cela n’apporte que s’il existe une véritable planification de réduction des gaz à effet de serre. Sans cette approche globale, cela reste du marketing vert.
Or, nous ne savons toujours pas dans ce plan environnement si votre stratégie carbone est de baisser des émissions de gaz à effet de serre, lesquelles et de combien. Choisir les actions pour lutter contre le dérèglement climatique est un choix qui est autant scientifique que politique. Pour être efficient dans la démarche il nous faut mettre en place des actions qui réduisent le plus nos émissions de gaz à effet de serre avant même de penser à le séquestrer dans des puits de carbone.
Certains départements ont adopté un plan climat, de manière volontaire, puisque cela n'est plus obligatoire, et ont structuré leur démarche avec des moyens dédiés et une ingénierie départementale de soutien.
Qu'en est-il ici ? Ce rapport illustre les lacunes d'une approche seulement pragmatique. Le bon sens ce n'est pas la science.
D’abord, si l’on pense atténuer les effets du changement climatique par la captation de carbone dans le végétal c’est que l’on imagine que la plantation d’arbre pourrait absorber plus de carbone que ce que la végétation qui précédait l’arbre absorbait.
Le rapport proposé finance également du renouvellement d’arbres. Lorsque la forêt plantée remplace une autre forêt, parce que les arbres sont morts de maladie ou d’abattage, il n’y a aucun gain net d’absorption de Co2, on compense juste une perte, dans un contexte où les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter du fait de l’activité humaine.
De la même façon si l’on boise des prairies, on perd en captation de carbone car la prairie permanente stocke davantage de carbone, dans son sol, et elle ne se dégrade pas contrairement au sol de la forêt qui en vieillissant devient émetteur de carbone. Le rapport n’impose pas de nature de sol ou de conditions de plantation : cela pose tout de suite la limite de l’effet voulu par ce programme de replantation.
Bref, non, toute forêt n’est pas un puit de carbone quelles que soient les conditions. Comme le précise Jean-Marc Jancovici « la forêt est évidemment un puits de carbone quand elle est jeune et qu’elle remplace un sol agricole »*, même si rien n’est précisé dans le rapport, nous n’imaginons pas que cela soit dans vos intentions.
Alors est-ce qu’il suffit de planter des arbres pour compenser les émissions de gaz à effet de serre et même les réduire ? La réponse des experts, que ce soit le Giec , l’INRA, ou Jean-Marc Jancovici pour ne citer qu’eux, est claire c’est non.
En chiffrant le bilan carbone d’un territoire on peut objectiver les choix d’une collectivité et investir d’abord pour réduire les émissions de carbone là où c’est possible, puis les capter par les moyens les plus efficients.
Une fois encore, cette démarche ancrée sur des objectifs globaux n’est pas explicitée au regard des enjeux climatiques, et donc des gains attendus.
Pour prétendre comme vous le faites dans ce rapport participer à « l’atténuation du changement climatique » il faut pouvoir démontrer que l’on empêche concrètement la planète de se réchauffer sous l’effet conjugué des émissions de gaz à effet de serre et des rayons infrarouges absorbés.
Etes-vous sûrs que les mesures du plan environnement réduisent les émissions de gaz à effet de serre ? Un peu, beaucoup ?
Le savoir nécessiterait une démarche structurée, précédée d’études préalables comme un bilan carbone, et de moyens d’ingénierie territoriale dédiée.
On ne peut en même temps délivrer des chèques vélos et fournir 50 véhicules diesels, faire planter des arbres sans prendre position contre l’arrachage des haies ou les coupes à blanc, ou lancer des micros-forêt Miawaki sans s’interroger sur leur efficacité à terme. Quel sera la captation de Co2 d’un modèle de forêt dont on sait par le peu d’étude scientifiques déjà réalisées que 60 à 80% des arbres seront morts après 12 ans ? A 14€ financés par arbre cela vaut la peine de s’interroger quand on conventionne pour 14163 arbres.
Nos questions sur les effets précis de ces plantations sont restées sans réponse en commission*.
Et commencer par planter les arbres avant de chiffrer et planifier une stratégie globale de réduction des émissions c’est mettre la charrue avant les bœufs.
Vous l’aurez compris, nous sommes favorables à la plantation d’arbres, mais un arbre ne suffit pas à faire un plan climat et rien ne démontre dans ce rapport la contribution de ces plantations à l’atténuation du changement climatique. C’est malheureusement plus compliqué et il ne faudrait pas que ces conventions ou le chèque-arbre du rapport suivant masque la forêt des approximations de votre plan environnement.
Ce vaste recueil d’idées autour du développement durable aurait mérité une structuration et des moyens d’ingénierie pour en faire une véritable stratégie climat pour le département, qui soit à la hauteur des exigences sociales, territoriales et climatiques».


Jean-Claude Becousse

«Le plan environnement a été voté en 2020. Concernant les plantations, je oense que les agents de l’ONF ont la compétence. Il y a une mortalité des frênes. Que fait-on ? Attend-on ? Ou bien suit-on les agents de l’ONF ? Oui il faut aussi reverdir les centre de nos villages. Oui, les effets seront là».


Violaine Gillet

«Non, on n’a pas la science infuse. L’idée est de s’appuyer sur la science, avant de prendre des décisions. Et on peut prendre des décisions et ne pas avoir les résultats. Il faut d’abord faire le choix de réduire les gaz à effets de serre».


Catherine Amiot

«Je veux bien que l’on s'appuie sur des audits, des chiffres au kilo. On le fait sur la rénovation énergétique. Je ne suis pas sûre qu’il fallait tout évaluer avant de commencer, on va prendre beaucoup de retard. En France il y a un déficit de plantations. Si on attend, on ne fera rien. Il est grand temps d’attaquer. On est dans un questionnement à tous les niveaux. Les verdissements, les plantations ça peut poser des questions. Les énergies renouvelables aussi. Je suis désolée de te le dire Violaine, mais sur le plan environnement on a raison d’agir. Je ne doute pas que l’on va gagner en bilan carbone. Tous les gestes comptent. On fait preuve de notre volonté d’agir».


André Accary

«Madame Gillet je vous invite à envoyer les propos que vous avez tenus à Madame Dufay qui propose la même chose que nous. Comme nous elle plante des arbres, et des haies. Oui il y a le camp des études, des évaluations. Nous on a décidé de faire les deux. Nous on s’appuie sur des gens qui savent de quoi ils parlent. On a ce regard pragmatique et de l’action. On ne va pas parler et sautiller pendant des années.
On aura un rapport sur les récupérateurs d’eau. Ce sont une multitude d’actions. Oui il faut évaluer.  On se pose des questions. Les pluies de cette année, c’est une bonne année quand même».

Alain BOLLERY

Pour en savoir plus :
PLAN ENVIRONNEMENT 2020-2030?
Objectif planter 600 000 arbres d’ici 2030 : partenariats avec l’Office nationale des forêts (ONF) et l’Office public Habitat de Saône-et-Loire (OPAC) pour les plantations
Le Plan environnement de Saône-et-Loire 2020-2030, adopté le 18 juin 2020, matérialise la prise de conscience des enjeux liés au réchauffement climatique et la volonté de travailler sur les leviers qui permettront de créer un nouvel équilibre entre aujourd’hui et demain, entre environnement et développement.
Parmi les axes et objectifs de ce projet d’envergure, se décline le Plan nature qui se traduit dans un engagement majeur : planter 600 000 arbres d’ici à 2030.
Il met à profit le rôle crucial de la végétation dans l’absorption du carbone et l’atténuation des effets du changement climatique. Il souligne la place de l’arbre et
la préservation de la biodiversité, qui pourraient occuper une part grandissante dans les projets et les opérations d’aménagement.?Le Département entretenant une relation forte avec deux partenaires majeurs du Vivre et habiter en Saône- et-Loire, l’ONF et l’OPAC, 2 partenariats permettront un avancement des plantations en Saône-et-Loire.
L’ Assemblée approuve l’attribution d’une subvention de 310 000 € pour l’ONF BFC et de?220 000 € à l’OPAC 71 et les conventions pour une durée de 5 ans (2021-2025) qui contribueront à satisfaire l’objectif de planter 600 000 arbres d’ici 2030.