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28/08/2021 03:17
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JUSTICE : Selon Éric Dupond-Moretti, «les personnels pénitentiaires sont au coeur des enjeux les plus sensibles de notre société»

Le ministre de la Justice a visité le centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand ce vendredi 27 août. «Pour changer l'image de la prison, il faut pouvoir valoriser vos missions», a déclaré Éric Dupond-Moretti aux personnels pénitentiaires. Dans ce centre précurseur, le ministre a également mis l'accent sur le travail pénitentiaire.
Le garde des Sceaux a suivi une visite particulièrement dense en séquences permettant de découvrir les facettes du centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand faisant écho aux préoccupations portées dans la loi sur la confiance dans la justice.

Ce vendredi 27 août 2021, Éric Dupond-Moretti s'est adressé tout à la fois aux personnels pénitentiaires dont il a la tutelle afin d'envisager la revalorisation de leurs métiers et aux nombreux parlementaires présents afin de défendre la loi qu'il porte.

Le ministre de la Justice a été accueilli par Éric Valentim, maire de Varennes-le-Grand, et Julien Charles, préfet de la Saône-et-Loire. Étaient présents les parlementaires de la Saône-et-Loire Jérôme Durain (PS), Raphaël Gauvain (LREM), Fabien Genet (LR), Rémy Rebeyrotte (LREM) et Cécile Untermaier (PS) ainsi qu'André Accary (divers droite), président du conseil départemental de la Saône-et-Loire.

La délégation comprenait également Olivier Tainturier, sous-préfet de Chalon-sur-Saône, Pascal Vion, directeur interrégional des services pénitentiaires de Dijon, Renaud Lassince, chef d'établissement du centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand, Franck Chaulet, directeur adjoint de la protection judiciaire de la jeunesse, Pascale Dorion, présidente du tribunal judiciaire de Châlon-sur-Saône, et Damien Sarvazeix, procureur de Chalon-sur-Saône.

Un centre pénitentiaire précurseur


Le centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand regroupe une maison d'arrêt, pour les prévenus, et un centre de détention, pour les condamnés. L'ensemble a une capacité de 400 places et accueille environ 450 détenus dont 8 mineurs, uniquement des hommes.

C'est dans le centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand qu'est né, en 2009, le concept de «surveillant référent», devenu «surveillant acteur», afin d'améliorer la reconnaissance du métier. Le surveillant acteur mène des entretiens avec les personnes détenues, en lien avec le conseiller d'insertion, afin de proposer un parcours carcéral adapté à chacun.

Visite des quartiers des mineurs et des nouveaux arrivants


La visite commence par le quartier des mineurs où le ministre, accompagné des parlementaires, rencontre avec les personnels de la direction de l’administration pénitentiaire (DAP), de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ) ainsi que les représentants de l'association Sauvegarde 71.

Dans le quartier des arrivants majeurs, le garde des Sceaux échange avec une personne détenue et un agent en compagnie de représentants du service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) et du procureur de Chalon-sur-Saône. Les nouveaux incarcérés passent là entre cinq et dix jours avant de se voir attribuer une cellule définitive.

L'étape suivante conduit à une boulangerie installée dans les ateliers du centre pénitentiaire. Encore en cours d'équipement, elle fournira bientôt du pain aux occupants du site et participera à la réinsertion des personnes détenues qui suivront cette formation. «Je préfère un boulanger qui s'installe à un détenu qui sort et qui récidive et qui reste ancré dans la délinquance», déclarera le ministre.

Inauguration de la salle de sport David Maurice


Une séquence particulièrement émouvante se déroule sur le parvis du centre pénitentiaire où a été construit une nouvelle salle de sports. Inaugurée par Éric Dupond-Moretti, elle est baptisée «salle de sport David Maurice», du nom d'un surveillant très impliqué dans son métier – décédé en 2015.

«Ses états de service sont un exemple d'investissement sans faille ; il portait les valeurs de l'administration pénitentiaire et il lui a fait honneur», dira le garde des Sceaux. L'inauguration se déroule en présence de la veuve de David Maurice et de ses deux enfants.

Né en 1974, David Maurice est entré d’ans l’administration pénitentiaire en 2000 (soit la 148e promotion d’élève surveillant). Il a été nommé stagiaire à la maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône le 4 décembre 2000, titularisé le 13 novembre 2001, puis muté au centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand le 17 octobre 2002. Il devint surveillant brigadier en 2014. «Très apprécié par ses collègues, c’est à l’unanimité que les agents de l’établissement ont décidé d’associer son nom à la salle de sport qui leur est dédiée», indique la direction interrégionale des services pénitentiaires de Dijon.

«Un maillon absolument essentiel du service public de la justice»


Après avoir échangé avec les personnels de l'équipe régionale d'intervention et de sécurité, chargés d'intervenir lors des situations de crise en milieu pénitentiaire, le ministre prend la parole en indiquant être venu «rendre hommage» aux personnels pénitentiaires qui sont «au cœur des enjeux les plus sensibles de notre société».

«Vous exercez des fonctions qui ne sont pas toujours reconnues à leur juste valeur. Elles sont souvent méconnues. Pour changer l'image de la prison, il faut pouvoir valoriser vos missions. Vous êtes un maillon absolument essentiel du service public de la justice avec une action quotidienne empreinte d'une grande humanité. Vous participez au travail de réinsertion donc à la prévention de la récidive. Vous gérez les tensions, la violence parfois. Parfois, vous en êtes victimes. Vous contribuez encore à la prévention des risques suicidaires, c'est pourquoi nous avons signé avec les principales organisations professionnelles représentatives une charte inédite, le 19 avril 2021, qui réaffirme le fondement de votre engagement», déclare le le ministre en s'adressent aux personnels pénitentiaires.

«Je poursuis mon action pour assortir cette reconnaissance d'une amélioration de la rémunération des agents», ajoute le ministre. Le 23 août dernier, le Premier ministre a annoncé la rétroactivité au 1e janvier de l'indemnité pour charges pénitentiaires (ICP), ce qui était une revendication des organisations syndicales.

À plusieurs reprises, Éric Dupond-Moretti prendra le temps d'échanger avec le personnel pénitentiaire qu'il rencontre au gré de sa visite. Ainsi, après l'inauguration du dojo, plutôt que de discuter sur le parvis, le ministre conviera une vingtaine d'agents à le suivre pour prendre le temps d'écouter leurs problématiques à l'écart des médias.

Le garde des Sceaux sensibilise les sénateurs à son projet de loi


Devant les députés et sénateurs présents, le garde des Sceaux aborde le projet de loi pour la confiance dans l'institution judiciaire visant notamment à supprimer les crédits de réduction automatique de peine pour les détenus. La loi prévoit de donner «aux surveillants un pouvoir plus important dans l'appréciation du comportement du détenu».

En mai, l'Assemblée nationale a adopté le projet de loi en première lecture. Il arrivera au Sénat en septembre prochain. «Nous aurons, je l'espère, le plaisir d'enrichir ensemble ce texte mais de ne point changer la philosophie générale», glisse-t-il en s'adressant tout particulièrement aux sénateurs Jérôme Durain et Fabien Genet.

Favoriser le travail en détention pour assurer la réinsertion


«Créer les conditions de la réinsertion dès la détention est primordial pour éviter la récidive et assurer la sécurité de tous. Cette réinsertion commence bien évidemment par le travail», rebondit le ministre en référence à la séquence à la boulangerie.

«Aujourd'hui, le travail pénitentiaire reste à un niveau insuffisant dans le système carcéral français puisqu'il concerne moins de 30% des personnes détenues», selon Éric Dupond-Moretti qui se fixe un objectif de 50%. Pour cela, le ministre compte sur l'installation d'entreprises au sein même des centres pénitentiaires.

Sur ce sujet, le projet de loi sur la confiance dans la justice inclut la création d'un statut du détenu au travail. Selon le ministre, «il devra permettre de valoriser les efforts réels d'insertion engagés par les détenus en rapprochant leurs conditions de travail de ce qu'ils connaîtront à leur libération, notamment par l'accès à des droits sociaux supplémentaires attachés au travail pénitentiaire».

Jean-Christophe Tardivon

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