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> Saone et Loire > SAONE ET LOIRE
24/02/2023 03:17
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Frédéric Brochot : «Pour affaiblir notre agriculture, le Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté ne pourrait pas s’y prendre autrement…»

A la veille de l’ouverture du salon international de l’agriculture, à Paris, Frédéric Brochot se livre dans une interview sans filtre. Le vice-président du conseil départemental de Saône-et-Loire, en charge de l’agriculture, souligne l’importance du RDV parisien pour la promotion du département et de ses 5 AOP. Il parle des enjeux liés à la raréfaction des réserves en eau et accuse la Région de trainer les pieds pour signer une convention avec les départements.
Il n’a pas la langue dans sa poche Frédéric Brochot. Eleveur charolais à Autun, il est aussi vice-président du conseil départemental de Saône-et-Loire avec une passion pour toutes les questions et problématiques liées à l’agriculture et à l’élevage.
Juste avant l’ouverture du salon de l’agriculture il se confie dans une interview à creusot-infos. Il parle sans filtre et personne ne pourra l’accuser de manier la langue de bois. Ce n’est pas le genre.
 
En quoi le salon de l’agriculture est important pour un département comme la Saône-et-Loire ?
FREDERIC BROCHOT : «Je rappelle qu’outre de très bons vins, nous sommes un territoire qui peut revendiquer cinq AOP. Celle du bœuf de Charolles, celle du Fromage de chèvre charolais, celle du Fromage de chèvre mâconnais, celle du Beurre et de la Crème de Bresse et celle de la Volaille de Bresse. Ce sont de vraies richesses, de vraies pépites pour notre territoire. Il est donc important pour nous de mettre en avant les belles réalités de la Saône et Loire et nous avons décidé de mettre en plus notre tourisme sous les projecteurs, car là encore nous avons des atouts. Aucun territoire ne sera oublié.

C’est pour cela que nous avons décidé, contrairement au passé, de ne pas rester sur une seule ou deux journées Saône-et-Loire. Cette année, on va mettre le paquet pendant les neufs journées du salon de l’agriculture».
 
Pourquoi cette offensive promotionnelle ?
«Depuis quelques années, je trouvais que notre présence n’était pas assez forte, que l’on n’était pas assez payé en retour de notre participation aux côtés du Conseil Régional. Je l’avais dis à André Accary. Et j’avais clairement signifié à la Région que s’il n’y avait pas de changement on ne participerait plus.
La Saône-et-Loire a été le seul des huit départements de la Grande Région à vouloir être très actif de l’ouverture jusqu’à la fin du salon. C’est un joli défi qu’avec le Président Accary nous avons voulu relever…»
 
Avec quelle ambition, quels objectifs ?
«Mettre en valeur l’ensemble des productions des agriculteurs et des éleveurs de Saône et Loire. Même le laboratoire sera présent. Avec aussi la Maison du Charolais qui va assurer de la restauration sur le stand pendant tout le salon. C’est une grande première. Les visiteurs qui viendront sur le stand de la Saône-et-Loire, dans le bâtiment 3, pourront voir et découvrir le département, mais aussi manger et déguster. Et j’ajoute que l’on fait participer les chefs des collèges. Il est aussi utile de préciser que notre stand, on pourra le réutiliser sur d’autres événements».
 
Ce salon de l’agriculture 2023 arrive alors que la France est inquiète avec le peu de précipitations. Comment se prépare la profession ?
«Je ressens beaucoup d’inquiétudes chez les collègues agriculteurs ou éleveurs. Je suis personnellement très très inquiet du manque d’eau. La Saône n’a pas bougé, les rivières comme l’Arroux et le Ternin, par exemple, n’ont pas débordé. On accumule les déficits depuis quatre ans. Beaucoup d’agriculteurs se posent la question de savoir s’ils vont semer du maïs car ce n’est pas la peine si c’est pour avoir juste de la paille…
Beaucoup, avec l’aide du département, ont investi dans des récupérateurs d’eau. Il le fallait, mais ça ne fera pas pousser l’herbe, cela fera juste baisser la facture…»
 
Dans quel contexte cela se situe-t-il ?
«La commercialisation est mieux qu’elle ne l’a été. Mais attention, les charges structurelles ne font qu’augmenter. On a besoin de soutenir l’agriculture, maintenant. Il faut faire vite…»
 
Les départements ont-ils trouvé un accord avec le Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté ?
«La Région est dans le brouillard et elle n’avance pas. Le problème, c’est que la convention n’est pas signée. On en est au point où, dans la logique, par exemple, les départements ne peuvent plus aider aux financements des récupérateurs d’eau dont les agriculteurs ont besoin.
La Flavescence dorée progresse et la Région a écrit pour dire qu’elle n’apportera plus d’aides. Pour résumer la Région ne veut pas que l’on finance et elle ne finance plus en disant de se tourner vers les départements.
Ces exemples, qui ne sont pas les seuls, montrent en fait que pour affaiblir notre agriculture le Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté ne pourrait pas s’y prendre autrement. C’est grave !»
 
C’est quoi pour vous l’urgence aujourd’hui ?
«On demande tous une dérogation d’autorisation. Il faut que les départements puissent rapidement apporter des financements. J’ai demandé un rendez-vous à Christian Morel, le vice-président du Conseil Régional en charge d’agriculture. Car il y a aussi la question des crédits européens. C’est quand même 2 millions pendant 5 ans. Et que constate-t-on ? Qu’ils changent la grille sans concertation. La vérité, c’est que l’on n’arrive pas à échanger avec la Région. Les agriculteurs sont en grandes difficultés pour leurs investissements. La Bourgogne – Franche-Comté, c’est la seule région de France où ça se passe comme ça. Et la conséquence, c’est une économie qu’ils sont en train de déstabiliser. Tous les départements,  on attend une proposition pour que se tienne une réunion constructive».
Recueilli par Alain BOLLERY