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> Saone et Loire > SAONE ET LOIRE
10/10/2024 03:17
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Arnaud Rousseau, président de la FNSEA : «La PAC c’est le soutien à l’alimentation des Français, sinon les prix exploseraient !»

C’est par Saint-Eusèbe, qu’Arnaud Rousseau, le nouveau Président de la FNSEA a débuté, mercredi, sa visite en Saône-et-Loire. Il est venu prendre le pouls des agriculteurs, des éleveurs et des viticulteurs. Les échanges ont été francs et directs. «Oui il faut se battre contre l’écologie politique, contre ceux qui ne veulent plus rien, sauf le loup», a notamment lancé Arnaud Rousseau.
La commune de Saint-Eusèbe est une destination privilégiée quand il est question d’agriculture. Les plus anciens de souviennent que Jean Glavany, alors Ministre de l’Agriculture, était venu affronter la fronde des éleveurs charolais, en pleine crise de la vache folle.
Ce mercredi 9 octobre, c’est une autre personnalité du monde agricole qui est venue, en la personne d’Arnaud Rousseau, le nouveau Président de la FNSEA. Il s’est rendu sur l’exploitation de la famille Dumout.
Christian Bajard, président de la FDSEA de Saône-et-Loire, Luc Jeannin, vice-président de la FDSEA et administrateur de la FNSEA, mais aussi Maxime Bonnot, président du CDJA, étaient là pour accueillir le Président de la FNSEA, venu prendre le pouls des agriculteurs. Il a salué tout le monde, avant les échanges, et notamment Jérémy Decerle, l’ancien Député européen.
C’est Christian Bajard qui s’est chargé de présenter le profil de la Saône et Loire agricole, en n’oubliant pas de préciser que les éleveurs sont confrontés aux attaques récurrentes du loup.
 
Un remplacement pour un départ… c’est compliqué
 
Maxime Bonnot a lui abordé le «renouvellement des générations, avec 80 à 100 installations en moyenne, sur les cinq dernières années. «C’est difficile et compliqué et notre objectif doit être d’aller sur le «un pour un». C’est-à-dire un départ, une installation. C’est compliqué, parce qu’il faut des capitaux», a-t-il dit, avant d’embrayer sur la questions des crédits du FEADER et l’annonce d’une manifestation le 18 octobre à Dijon (lire notre article).
Arnaud Rousseau a alors commencé par expliquer ses origines : «Je suis de Seine et Marne, où j’ai pris la succession de mon père et de mon grand-père. Je suis Maire de ma commune et ma place au cimetière est prête», a-t-il lancé, non sans humour.
Et de poursuivre : «J’ai des convictions. La première c’est de promouvoir notre métier, car il a du sens. Et c’est bien parce qu’il a du sens que l’on doit vivre de notre métier. Il faut gagner sa vie. Mais sans primes, la question, c’est comment on fait ? Moi ce qui m’intéresse c’est l’économie et construire des filières. Ma deuxième conviction c’est que comme j’ai choisi de prendre la succession de mes parents, j’aimerai bien que mon fils continue. C’est pour cela qu’il faut expliquer à la société nos métiers, nos difficultés. Nos métiers, ce ne sont pas que sueur et douleur. On doit être fier de ce que l’on fait.
Je ne suis pas d’accord pour qu’on laisse faire la concurrence avec des pays qui n’ont pas les mêmes règles que nous. Et je suis franc, sur le Mercosur, j’ai peur qu’on nous la fasse à l’envers».
Le fils Dumout a alors expliqué les difficultés liées à la reprise d’une exploitation. Le quotidien difficile des éleveurs et des agriculteurs : «Tout le monde se paye avec notre travail et nous, au bout, il ne reste pas grand-chose. Du côté de la Région, ça n’avance pas. Mes parents vont partir en retraite. Il faut des capitaux et on n’a pas beaucoup de marges de manœuvre. Sur l’exploitation, ça va pour les fourrages, mais pas sur la paille que l’on doit acheter».
 
L’Office Français de la Biodiversité dans le viseur
 
Christian Bajard prolonge : «La capitalisation c’est un vrai sujet. On est dépendant de la PAC. Au-delà des sujets sur le cheptel, les revenus, le climat, l’agrivoltaisme, la vraie question c’est comment sécuriser nos exploitations».
Pour Serge Briet remarque alors : «Comment faire pour avoir le soutien, les soutiens. Ca fait 30 ans que l’on a les mêmes questions. Tout le monde se paye et nous on a les miettes».
Jean-Luc Desbrosses, président de la SAFER, est catégorique : «Les installations sont difficiles, il commence à rester des terres». Il appelle à la mise en œuvre de la simplification pour faire des économies et juge qu’avec le plan loup il y a de quoi faire des économies. «Avec 3000 salariés à l’OFB, l’Office Français de la Biodiversité, le budget de l’environnement explose».
Arnaud Rousseau reprend la parole : «Il faut bien comprendre que s’il l’on produit moins, on importe plus. Car la consommation de viande est stable. La qualité elle a un coût. IL faut le répéter et l’expliquer. Concernant le budget agricole, c’est le plus important à Bruxelles. Et à chaque négociation de la PAC, c’est toujours un peu moins. Mais il faut bien avoir à l’esprit, que les aides, tout le monde le fait. On n’a pas, vous n’avez pas à avoir honte de la PAC. Bien au contraire. La PAC c’est le soutien à l’alimentation des Français, sinon les prix exploseraient ! Oui on en a ras le bol de ceux qui nous expliquent comment il faudrait faire. Ce sont des gars qui sont là pour nous fracasser la tête, pour tuer notre agriculture. Oui il faut se battre contre l’écologie politique, contre ceux qui ne veulent plus rien, sauf le loup.
 
L’exemple des épandages…
 
Il n’est pas normal que dans un bureau à Paris on explique que l’épandage c’est interdit à partir du 1er octobre, alors qu’avec les fortes précipitations c’est impossible. A l’OFB il y a des gens bien qui font leur travail. Les autres il faut les virer, ne pas leur faire de cadeau».
Evoquant la mobilisation du début d’année, le Président de la FNSEA remarque : «Il faut reconnaitre que des choses ont bougé, comme sur le GNR, le gasoil non routier, ou les mesures fiscales. Mais il reste des sujets et je pense qu’avec une députée LFI président de la commission des affaires économiques, ça va être compliqué».
Interrogé sur la pertinence d’une nouvelle mobilisation, comme au début de l’année, Arnaud Rousseau, estime que ce n’est pas la bonne période, car en raison des contraintes de travail, tous les agriculteurs ne sont pas mobilisables. Et de pointer aussi : «Je comprends bien que certains souhaitent les blocages pour faire de la récupération politique».
Thomas Lemee, le président des jeunes agriculteurs de Franche-Comté, en est lui convaincu : «C’est la force du collectif qui permet d’obtenir, et c’est bien pour être payé qu’il faut se battre avec le conseil régional». Arnaud Rousseau conclut sur le sujet : «Le temps de la négociation ce sera en novembre».
Alain BOLLERY
(Photos Alain BOLLERY)
 


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