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> Opinion > De gauche
19/05/2022 15:50
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OPINION : David Marti n'apprécie pas le «triste spectacle» donné par le PS mais veut croire l'avenir de la sociale démocratie

Le Maire du Creusot signe une tribune dans laquelle il établit des constats sévères et veut se projeter dans l'avenir.
Tribune :
À bon diagnostic, bon traitement !
Et si les citoyennes et citoyens revenaient au cœur de nos préoccupations ? Et si les solutions nous les imaginions avec eux et pour eux ?
Le résultat des dernières élections, tourné vers des votes de plus en plus extrêmes mais aussi et surtout un taux d’abstention de plus en plus important, doit nous interroger et nous engager.
Au-delà de nos sensibilités politiques, au-delà de notre histoire, mais également au-delà des fonctions politiques que nous occupons, nous observons aujourd'hui de nombreux symptômes d'une crise démocratique :

- Défiance croissante à l'égard des gouvernants,
- Hausse de l'abstention chez les jeunes et les classes populaires,
- Affaiblissement des partis politiques traditionnels,
- Envolée du vote en faveur des idées nationalistes d’extrême droite ou populistes,
Au croisement de ces tendances, nous observons sans équivoque un désengagement des français pour la vie politique et de toute évidence apparaissent des formes nouvelles d’expressions que nous devons entendre et comprendre.
Depuis des années, s’impose chaque jour davantage une lecture binaire et dangereuse de notre beau pays qu’est la France.
Les crises successives n’ont fait qu’accentuer la tendance, offrant aux plus radicaux la possibilité de diffuser leur haine des autres, comme si cet « Autre » était responsable de tous les maux.
En tant que responsables politiques, nous ne devons pas nous résoudre à cette situation marquée par la colère et le ressentiment des Français.
Nier cette situation en continuant selon les mêmes méthodes reviendrait à accentuer la montée des extrêmes et nous conduirait également à nier une partie de la population qui constitue scrutin après scrutin une forme de « majorité silencieuse ».
En tant que responsables politiques nous avons le devoir de nous interroger sur les raisons de cette épuisement démocratique et d’y apporter des réponses inscrites dans la réalité de la « vraie vie ».
En tant que responsables politiques nous devons démarrer un travail avec cette partie croissante de la population, afin de répondre aux enjeux d’une société en mouvement et en perte de repères.
Un travail qui contribue à ce que chaque personne réinvestisse l’espace démocratique, le débat d’idées et développe son pouvoir d’agir.
Les jeunes générations doivent y trouver toute leur place en étant parties prenantes et être des acteurs incontournables de ce travail afin que les liens intergénérationnels se renforcent.

Et Maintenant ?
Comment sortir de cet épuisement démocratique ?
Comment sortir de cette perception que notre système de représentation ne serait finalement qu’un système aristocratique dans lequel une petite élite éclairée exerce le pouvoir pour tous ? Ce qu’Alexis de Tocqueville décrivait comme « le risque de la majorité tyrannique associé à l'élection ».
Indéniablement, une participation citoyenne significative est vitale pour notre démocratie. Cet engagement citoyen ne doit pas être interprété comme la seule utilisation assez limitée du droit de vote. Elle implique la participation politique au sens large et doit d'abord être comprise comme une non-indifférence politique.
Bien entendu, le devoir de réciprocité doit être au cœur de notre démocratie :
Le politique par ses actions, doit inspirer, engager et faire participer à la quête collective de l’intérêt général.
En démocratie, la seule légitimité que détient le pouvoir en place, est celle accordée par le peuple.
Cet épuisement démocratique est donc un défi majeur pour notre société qui nous conduit à la nécessité de penser d’autres formes d’expressions politiques que le vote et de réussir à se saisir autrement des débats et des choix.

A diagnostic complexe, traitement complexe !
Il est urgent de porter dans le débat public la question du mode de scrutin actuel des élections présidentielles et législatives qui aggrave et accentue le vote utile.
Un vote utile qui sur le temps long donne prise à ceux qui remettent en cause la légitimité du politique et amène à des crises sociales profondes, comme nous en avons connues ces dernières années.
Il est urgent de rétablir l’équilibre entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.
« Je décide, il exécute » telle est la célèbre phrase prononcée par Jacques Chirac le 14 juillet 2004 illustrant que le système actuel concentre trop de pouvoir sur un seul homme : le Président de la République.
Il nomme un chef de gouvernement réduit au simple rôle de collaborateur.
Il est indispensable de rendre au Parlement le pouvoir qui lui revient au sein de notre système politique. Et en cela, la 5ème République le permet tout à fait.
Il est urgent de mettre en œuvre ce que Montesquieu avait écrit dans L’esprit des Lois « pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir », et donc retrouver une véritable séparation des pouvoirs.

Pour se faire, il est impératif de :
- Définir et intégrer les modalités d’une « proportionnelle »
- Réviser la durée du mandat présidentiel
- Créer les conditions d’élections législatives de « mi-mandat »
- Affirmer le Sénat comme « la véritable » assemblée des Territoires dans la production législative
Il est urgent de rechercher collectivement une cohérence de méthode qui permette à la France d’être un pays démocratique à la hauteur de son histoire, de son avenir et de ses ambitions.
Ce nécessaire renouvellement de nos institutions et de nos modes de fonctionnement éviterait des alliances de circonstance totalement stériles et inefficaces.
En cela, je me désole du triste spectacle que donne ma famille politique, le Parti Socialiste, qui a validé un accord qui n’est qu’un marché de dupes dans le cadre des futures élections législatives pour sauver quelques maigres postes, au prix du reniement et du renoncement.
Ce pacte contre nature n’effacera en rien les cinq années d’inaction de la direction du Parti Socialiste qui a refusé d’enclencher une remise en question de ses pratiques et de reconnaître ses échecs.
Le socialiste engagé que je suis veut encore croire à une refondation de la gauche sociale-démocrate qui met l’économie au service du social. Elle est la seule force politique capable de réconcilier notre nation dans la recherche d’un idéal compatible avec les réalités de la "vraie vie".
Cette refondation, j’y prendrai ma part avec celles et ceux qui souhaitent résolument s’engager sur le chemin d’un changement structurel et profond.
Cette refondation, je m’y engagerai avec les valeurs qui m’ont construit dans mon action d’homme politique :
Des valeurs d’humanisme, de solidarité, d’ouverture au monde, aux autres et surtout à la jeunesse. Cette refondation, j’y contribuerai dans ou en dehors de mon parti une fois le tumulte du moment passé.

David Marti,
Maire du Creusot
Président de la Communauté Urbaine