> Faits Divers > En Saône-et-Loire
21/06/2022 03:17
29448 lectures

Un cycliste, participant à l’épreuve, est mort sur la «Route de Saône-et-Loire»

Agé de 41 ans, il était venu d’Ile de France. Il a de toute évidence été victime de la canicule qui sévissait samedi sur une grande partie de la France et qui n’a pas épargné la Saône-et-Loire. Après ce drame, les questions sont nombreuses. ACTUALISE
C’est une information qui a été portée à notre connaissance et que nous avons décidé de ne pas dissimuler. Il s’agit d’un drame survenu sur l’épreuve cycliste de la route de Saône-et-Loire qui avait lieu les 17, 18 et 19 juin.
Un drame, car un des concurrents, y a laissé sa vie. Il aimait le sport, il aimait le cyclisme. Mais les conditions météo avec une chaleur extrême ont eu raison de son enthousiasme autant que de sa vie, plongeant sa famille, son club et ses amis, dans la peine et le chagrin.
Pour des raisons que l’on a du mal à comprendre et encore plus à admettre, rien n’a vraiment filtré sur le drame qui a eu lieu lors de l’étape de samedi, entre la Bresse et le Pays Minier. Entre Louhans et Saint-Vallier.
Par une chaleur insupportable, un coureur appartenant à l’équipe de Villejuif, s’est retrouvé à terre, dans un fossé. Pas bien du tout, exténué, affaibli par la chaleur extrême qui enveloppait la Bourgogne du Sud, il a quand voulu repartir, selon nos informations,, et démontrer qu’il avait du courage et que tout cela n’était à ses yeux qu’un coup de chaud... Il est reparti vers une fatale issue. Victime d’un malaise, inconscient, il aurait d’abord été ranimé par les secouristes. Malheureusement en vain, puisqu’il s’est définitivement éteint après.
 
«On nous a dit de ne pas en parler»
 
La course elle a continué. «On a eu que très peu d’informations. On nous a dit de ne pas en parler, qu’il ne fallait pas communiquer», a confié un coureur à creusot-infos. Alors que l’équipe de Villejuif, abattue par le drame et submergée de chagrin, s’est bien légitimement retirée de l’épreuve, la Route de Saône-et-Loire a continué le dimanche. Avec deux étapes. Le matin entre Montceau et Dracy le Fort. L’après midi entre Chalon sur Saône et Joncy, avec départ à 15 heures et arrivée à plus de 17 heures.
On se gardera bien de porter un jugement sur le maintien des deux dernières étapes après le drame survenu le samedi et alors que le soleil était de plomb et que l’atmosphère était irrespirable.
Il appartient aux autorités administratives, mais aussi sportives, de se prononcer sur le dossier. C’est bien le moins.
Reste que de nombreuses questions restent sans réponse et ne manquent pas d’interpeller les bonnes consciences.
 
Des questions sans réponses…
 
Pourquoi y a-t-il eu une volonté délibérée que l’information sur le drame ne sorte pas dans la presse ?
Pourquoi au moins un média a-t-il accepté de mettre sous le tapis la mort d’un concurrent d’une épreuve sportive ? Ne serait-ce déjà pour prévenir les sportifs et les cyclistes du dimanche – sans que cela soit péjoratif -, que l’on met sa santé en jeu à produire des efforts physiques par des températures caniculaires. Qui plus est sur l’asphalte qui fait mécaniquement et implacablement monter le mercure !
Un asphalte dont on savait qu’il serait au maximum de la chaleur avec une deuxième étape, samedi, avec départ à 15 heures et arrivée prévue avant 18 heures… C’est-à-dire quand la chaleur était au plus fort de la journée du samedi 18 juin. Comme on savait aussi que ce serait le cas le dimanche 19 juin.
La bonne image d’un sport et d’une épreuve justifiaient-ils que la mort d’un concurrent soit, de toute évidence, volontairement cachée comme cela s’est produit ? «On en a tous entendu parler, mais c’était comme un secret», ont dit plusieurs personnes à creusot-infos.
Pourquoi les horaires de l’épreuve ont-ils été maintenus avec des arrivées en plein après-midi, c’est-à-dire au plus fort de la chaleur, alors qu’un bulletin d’alerte avait été diffusé et que la Saône-et-Loire était en alerte Orange ?
 
Mieux vaut prévenir
 
Nous en voulons pour preuve que les finales jeunes de football, du district de Saône-et-Loire, qui avaient lieu samedi, ont été avancées en matin, en raison de la canicule. Pour preuve encore, les finales de basket, qui avaient lieu à la salle Jean de Prat au Creusot, se sont déroulées avec des aménagements. A savoir des arrêts de jeu toutes les cinq minutes, pour permettre aux jeunes basketteuses et aux jeunes basketteurs, de pouvoir s’hydrater et souffler. En sachant également que le dernier match a été décalé sur la fin de l’après-midi, pour permettre à la température de baisser un peu…
Pour preuve encore que les conditions météo étaient insupportables pour une course cycliste à étapes, sur les 186 concurrents qui étaient au départ, seulement, seulement 112 (*) ont franchi la dernière ligne d’arrivée. 
 
Seulement 112 (*) coureurs sur 186 ont terminé…
 
La pratique sportive et encore plus les compétitions sportives ne doivent pas tour permettre. Par grand froid, en rugby, les rencontres sont reportées si les sols sont gelés, pour protéger les joueurs. On a même vu, il y a deux ans, des matches de rugby reportés, parce que la sécheresse avait rendu les terrains trop durs et que les joueurs risquaient de se blesser.
Toute compétition sportive doit avoir ses règles. Et si on veut comprendre que des organisateurs, à fond dans leur événement, n’ont pas forcément la lucidité pour décider du report d’une épreuve, il y a des autorités de tutelle qui, dans chaque sport, sont là pour prendre des décisions. Les 17, 18 et 19 juin, personne n’a décidé, la course a eu lieu et un sportif est mort. On ne fait pas du sport pour mourir !
Alain BOLLERY
 
(*) NDLR : Il nous a été précisé, ce mardi matin, que ce sont 112 coureurs sur 186 qui ont terminé. Le chiffre de 43 figurant sur le site internet de l'organisation étant le nombre de coureurs de 1ère et 2ème catégorie. Au soir du prologue, le classement incluait aussi les autres catégories.