L’opération de mardi matin a eu ses effets, dans une ville du Creusot que le directeur départemental de la Police ne considère pas comme une plaque tournante.
Venu au Creusot, mardi après-midi, pour l’opération «Place nette», Thomas Kieffer, directeur départemental de la Police Nationale est catégorique : «Non Le Creusot n’est pas une plaque tournante. Le Creusot n’est pas la capitale de la drogue et des trafics de drogue en Saône et Loire. Au Creusot, c’est comme dans les autres villes, comme à Chalon sur Saône, comme à Mâcon, comme à Montceau. Les trafics de drogue aujourd’hui sont même dans les campagnes».
Si le patron des Policiers en Saône et Loire a été amené à préciser les choses, c’est qu’il n’a pas voulu aller dans le sens suggéré par une question. «Oui c’est vrai il y a eu à un moment beaucoup de trafic ici, avec des trafiquants venus de Paris, mais ils sont repartis».
Thomas Kieffer fait référence à l’épisode qui avait vu une adolescente blessée par balle, à une jambe, à la cité du Tennis, en février 2019, avant quelques jours plus tard, qu’un jeune dealer, originaire de la région Ile de France, soit tué, un samedi soir, à Torcy.
«Le Creusot ce n'est pas Dijon, pas Marseille, pas Chicago...»
«Le Creusot ce n’est pas Dijon, ce n’est pas Marseille, ce n’est pas Besançon, ce n’est pas Chicago !» insiste le directeur départemental de la Police Nationale. Très clairement, ce n’est pas parce que des médias nationaux ont trouvé un os qu’il rongent à tour de rôle, que la réalité d’aujourd’hui est celle d’il y a cinq ans. Celle de 2012, quand la plus grosse opération anti-drogue jamais menée en Bourgogne, avait eu lieu. Depuis ce sont d’autres villes qui ont hérité de ce trophée.
L’opération «Place Nette», menée mardi matin, si elle a conduit à des placements en garde-à-vue, n’a pas débouché sur des saisis importantes, ni de stupéfiants, ni des sommes d’argent importantes». Une centaine de grammes de stupéfiants, dont de la cocaïne, de l’héroïne et de la MDMA, une drogue de synthèse. Et un peu plus de 2000 euros en liquide.
On pourrait dire et croire que tous les dealers et tous les trafiquants de France avaient intégré qu’il y aurait bien une opération «Place Nette» dans leur ville, et qu’ils avaient pris leurs précautions… Mais ce serait trop simple. Car la demande elle ne s’arrête jamais. Et tant qu’il y aura des consommateurs de stupéfiants, il y aura des dealers et des trafiquants.
La vidéoprotection prouve son efficacité
Une chose est certaine, au fil du temps, la pression exercée tant par la Police que par la Justice ne faiblit. Il fallait s’en douter, l’opération «Place nette» a été décriée politiquement par des opposants qui clament qu’on ne fait rien et qui trouvent à redire quand des opérations sont menées…
Ce qui évidemment reste au travers de la gorge des enquêteurs qui passent des heures, des jours et des nuits à monter, inlassablement des opérations. Dans toutes les villes. On remarquera d’ailleurs que ce n’est pas au Creusot que la 1ère opération «Place Nette» en Saône et Loire a été montée, mais à Chalon sur Saône. N’y voyez rien de malicieux à ce que cela soit précisé.
Interrogé sur la «vidéo protection» par nos soins, le Commissaire Kieffer, souligne combien elle est précieuse pour résoudre nombre d’affaires, et annonce l’avènement prochain d’une salle de commandement, à Mâcon, pour le département de Saône et Loire. «Précieuse» car les trafiquants évoluent et aujourd’hui des clients se font livrer leurs doses de cocaïne, d’héroïne et autres stupéfiants, comme d’autres se font livrer des pizzas.
C’est ce que les spécialistes appellent «Uber shit». Ce qui rend le travail des enquêteurs plus complexe et ce qui explique pourquoi la vidéo protection est essentielle pour lutter contre les trafics. Il n’y a qu’à avoir, d’ailleurs, comment des quartiers ont changé de statut depuis qu’ils ont été équipés.
Une chose est certaine, la Police comme la Justice n’entendent pas baisser la garde. C’est le sens de «Place nette». C’est le sens d’une volonté affirmée de ne rien lâcher et donc de ne pas lâcher les trafiquants.
Alain BOLLERY