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> Faits Divers > En Saône-et-Loire
05/03/2024 03:17
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Le Creusot - Montchanin : 2,48 grammes d'alcool + Violences sur Madame = 20 mois de prison

Chronique ordinaire ? Un natif du Creusot, âgé de de 46 ans, s’était remis en couple avec sa dame après une pause suite à une condamnation pour violences conjugales, et voilà pas qu’il est jugé ce 4 mars pour de nouvelles violences en état d’ivresse. 
C’était le 1er mars à Montchanin. Les gendarmes, en fin de journée, se rendent chez le couple. Madame les attend devant la porte, elle porte des marques au visage et aux poignets.
Un garçon de 12 ans, le fils de madame, vit dans ce contexte. Ce jour-là il rejetait son beau-père. « Parce qu’il a vu que j’étais éméché. » 2,48 grammes d’alcool par litre de sang, c’est un très gros ‘éméchage’, si on peut dire. Le prévenu dit que l’enfant l’a frappé, et puis ensuite « c’est le trou noir ». A cause de la Vodka, hein, pas de l’enfant. Bref. La dame en a pris pour son grade ensuite. Trou noir agité de turbulences.


« Quand je suis alcoolisé, le moindre mot de travers... »
Le prévenu n’est pas ramenard, il reconnaît spontanément d’autres gestes violents. « Je ne suis pas méchant, mais quand je suis alcoolisé, le moindre mot de travers... » 
C’est une histoire très triste, forcément. Ces deux-là se rencontrent dans un hôpital où ils étaient en soins.
Un hôpital psychiatrique mais ça ne veut rien dire a priori. Sauf que la présidente précise qu’elle y était soignée pour une bipolarité et lui pour dépression et alcool. Bref, ils sont tous deux fragiles, et ils se mettent ensemble, et voilà pas que c’est déjà la 3ème procédure pour des violences de monsieur sur madame.

3ème procédure, même victime
En 2021 le prévenu avait été incarcéré, avec une interdiction de contact, mais les deux ne l’ont pas respectée. C’est une des bêtes noires des JAP et aussi du parquet quand des violences sont commises pendant les délais de probation et qu’il est patent que les victimes collaborent à ce lien de nature violente, et collaborent à l’infraction (rompre une interdiction judiciaire est une infraction). D’ailleurs, madame, à la barre sort le couplet habituel : il faut qu’il se fasse soigner, sinon ça ne va pas.

Une histoire triste, y compris pour l’enfant
Patiente, la présidente Noirot interroge la victime sur les précédents. « Vous-même, vous êtes consciente que vous devez vous protéger et protéger votre enfant ? - Oui, surtout que j’ai galéré pour le ravoir. » Pendant un temps elle ne le voyait qu’en milieu neutre. C’est une histoire triste, y compris pour l’enfant. Madame doit trouver un nouveau logement. Monsieur est seul bailleur. La femme dit que cette fois ci c’est fini pour de bon.

Un casier à l’alcool
3 condamnations au casier, une conduite sous l’empire de l’alcool et deux violences conjugales, en état d’ivresse. Deux sursis probatoires qui ne sont pas très bien passés. La juge de l’application des peines qui siège ce lundi, dit bien au prévenu que si le rapport de fin de mesure a été archivé c’est que les magistrats ne savaient pas que l’interdiction de contact était enfreinte.

Le point soins - tsointsoin
La même juge assesseur demande aussi au prévenu pourquoi le suivi au CSAPA ne suffit pas pour qu’il arrête de boire ? « J’ai énormément de mal à pouvoir gérer les situations compliquées. J’en ai parlé, on travaille, hein. Ils savent. » Ils savent, mais ce suivi qu’il a poursuivi de son plein gré après la période de probation, a été ramené à 1 fois par mois. « Vu que c’est pas en probatoire, ils nous voient un peu moins, ils ont tendance à prendre en priorité les ... » Cette état de fait qu’on croise souvent aux audiences est révoltant.

Réquisitions
« Une fois, deux fois, trois fois.... Une victime et une victime collatérale : le garçon. » Au vu du casier et de la gravité des faits, la procureur requiert une peine de 30 mois de prison dont 10 mois seraient assortis d’un sursis probatoire renforcé de 2 ans. Maintien en détention pour les 20 mois ferme (pas aménageables, et quand bien même, pas de bracelet pour une récidive de récidive).

Plaidoiries
Maître Marceau intervient pour la victime, rappelle qu’elle demande une interdiction de contact. Maître Dijoux rappelle, elle, un contexte de grandes difficultés dont le cumul est peu propice à traiter les tensions internes et les pulsions que ça excite chez le prévenu, cumul peu propice à se poser pour travailler ce lien de dépendance (a fortiori une fois par mois ! c’est de la rigolade, ça). « Il ne cherche pas à minimiser ses responsabilités, c’est à son crédit. Mais son addiction ne se résout pas par la force de la volonté et celle des injonctions judiciaires. »

Il part en prison pour 20 mois, puis sous main de justice pendant 2 ans
L’homme s’excuse du mal qu’il a fait à sa compagne, lui souhaite de reprendre sa vie d’un bon pied. Aucune agressivité, aucun ressentiment : il est sobre. 
Las, le tribunal le dit coupable, le condamne à la peine requise : il reste incarcéré pour les 20 mois qui viennent. A sa sortie il sera suivi dans le cadre d’un sursis probatoire renforcé : il devra intégrer le dispositif AIR (accompagnement individuel renforcé, piloté par l’AEM), suivre des soins psychologiques et en addictologie, obligation de travailler’ d’indemniser la partie civile. Interdiction de tout contact avec madame ainsi que de paraître à son domicile.
C’est ainsi qu’en principe prend fin ce couple « bancal », qui avançait « clopin-clopant » comme disait maître Dijoux, couple au sein duquel la violence était parfois réciproque (avec un rapport de force toutefois nettement inégal).

Ce que véhicule le discours
Le discours commun contemporain affirme que l’alcoolisme, la dépendance à l’alcool est une maladie. Bon. On peut avoir un point de vue bien différent, mais admettons. Dans ces conditions, une maladie requiert des soins. Quels soins ? Et avec quel moyen ?
Quel sens ça a de dire que c’est une « maladie » et que des gens donc « malades », puisqu’on le dit et le répète, ne puissent pas accéder à des soins de façon pertinente ? Une fois par mois, ce n’est pas sérieux. Ça n’est pas digne du discours contemporain. Que veut-on réellement ? De qui se moque-t-on avec ce baratin sur « la maladie » et les réalités auxquels se cognent les dits malades, comme certainement les soignants, au moins dans notre province ?
FSA