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19/09/2022 22:05
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LE CREUSOT : Il avait demandé aux Policiers de l’arrêter, après avoir volé une voiture à Pontarlier... Il a été condamné lourdement

Quelle histoire ? Voler une voiture pour s'offrir le plaisir de conduire une grosse cylindrée... Venir depuis Pontarlier se faire arrêter au Creusot, car les Policiers l'avaient déjà arrêté au Creusot. A 50 ans ce Franc-Comtois a eu tout faux. Le tribunal l'a envoyé derrières les barreaux pour 36 mois...
Il a volé une voiture. Pas n’importe quelle voiture : « une Mercedes classe M ». Puis il a roulé en direction de Dole, il a foncé sur l’autoroute. Ensuite il est allé jusqu’au Creusot. Et là, il s’est dénoncé.
Pour autant il ne s’est pas rendu au commissariat, non, il a téléphoné en disant « j’ai volé une voiture », alors bien sûr la police s’est déplacée.
C’était le 16 août dernier. Le 18 août, le prévenu, un homme âgé de 49 ans, aux cheveux grisonnants et au corps massif, comparaît. Le tribunal ordonne une expertise psychiatrique et renvoie le jugement à ce lundi 19 septembre, à l’audience des comparutions immédiates.


Le paradoxe du magistrat ?
A croire que les magistrats ne sont jamais contents. Regardez, vous commettez un vol, vous faites tout pour échapper aux autorités, vous ne reconnaissez votre culpabilité que du bout des lèvres : rien ne va, on vous reproche tout, c’est-à-dire d’avoir essayé de mentir, comme si ça n’était pas de bonne guerre, si on peut dire, et comme si, du coup, on pouvait jeter sur vous des soupçons jusqu’à la fin des temps. Et pour peu que vous ne sachiez pas exprimer des regrets (sincères ou feints), alors là c’est l’hallali.

On a tout faux dans tous les cas
Par contre, si vous volez une voiture, puis vous vous dénoncez et vous vous rendez sans barguigner, eh bien loin de s’en réjouir, le tribunal ordonne une expertise psychiatrique, parce que c’est trop bizarre. Faudrait savoir : ne pas se dénoncer, c’est mal mais c’est compréhensible ; se dénoncer, c’est anormal.
Bref.
De toute façon, le prévenu, ce lundi, est reconnu comme souffrant de bipolarité, une maladie diagnostiquée en 2005, l’année où il s’est séparé de « la mère de mes enfants », il le dit ainsi.
Il avait déjà inauguré son casier judiciaire, la présidente Barbut ne manque pas de le lui faire remarquer, histoire de dire que le prévenu ne peut pas tout mettre sur le dos de ce trouble invalidant.

14 mentions à son casier
Il prend un traitement régulateur de l’humeur, ça ne l’a pas empêché de se constituer un casier digne d’une galerie de trophées, au motif qu’il a « besoin d’adrénaline ». Vols, braquages, séquestration = plusieurs peines de prison, plusieurs incarcérations.
Il est sorti en avril dernier, loge chez ses parents et dit y avoir cessé de boire, tant mieux, mais le 16 août, cette annonce sur le Bon coin… une grosse cylindrée pour fendre la bise, il n’a pas résisté.

Il a échafaudé un stratagème
Le moyen employé est doublement violent puisqu’il berne le vendeur, lui fait croire qu’il est blessé et ne peut pas conduire ce jour-là (parce qu’en réalité il n’a plus son permis de conduire, et ne peut donc en produire un). Le concessionnaire se met au volant, ils roulent, puis il cède sa place, sur une petite route, pour permettre à l’éventuel acquéreur de sentir l’engin.
La victime se retrouve avec une bombe lacrymo sous le nez. Le prévenu se barre avec la super Merco.
« On peut assouvir un besoin d’adrénaline par des moyens légaux », objecte la présidente. « Vous avez raison, madame le juge, on peut rouler sur un circuit. - Sur un circuit, il faut avoir le permis de conduire. » Exit le moyen légal auquel songeait le prévenu.

De Pontarlier au Creusot. Pourquoi le Creusot ?
Ce 16 août, on est aux alentours de Pontarlier. Le fuyard fait un bon plein, roule jusqu’à Dole. Sur l’autoroute il accroche une autre voiture, sans créer d’accident mais enfin il abîme la voiture volée.
De Dole il file sur le Creusot. Pourquoi le Creusot ? … Parce qu’il y fut déjà interpellé.
Raison sentimentale ? Mystère.
L’expert psychiatre le dit responsable de ses actes, relève toutefois « un mauvais respect des règles d’hygiène de vie », préjudiciable à son équilibre, forcément.
D’ailleurs, le 16 août, l’homme manquait de sommeil, terriblement, il en était « excité », et il observe, presque étonné : « alors qu’en maison d’arrêt, je dors de 20 heures à 7 heures ».

« On n’est pas dans Fast and furious »
Celui-ci qui dit aussi parfois marcher « pendant des heures et des heures » savait transgresser un interdit mais avait besoin - on se répète parce qu’il se répète -, d’adrénaline.
« On n’est pas dans Fast and furious ou dans Taxi. Si monsieur a besoin de sensations fortes, il peut faire du saut en parachute. Là, on a deux victimes », rappelle la substitut du procureur.

36 mois requis
Cyrielle Girard-Berthet reprend les traits saillants du dossier : une victime braquée et menacée, une autre sur l’autoroute ; un casier assez lourd (braquage avec un pistolet à grenaille d’une station-service, une prise d’otage, et donc des peines afférentes), et puis « il prenait son traitement ».

Elle requiert 30 mois de prison et la révocation des 6 mois d’un sursis prononcé en 2020, avec le maintien en détention, concluant sur une assertion que le casier du prévenu contredit : « …puisque manifestement monsieur ne comprend que les peines d’emprisonnement ferme ».

« On ne peut tout de même pas faire abstraction des phases d’abattements et d’excitations que subit monsieur, on ne peut pas faire abstraction de sa bipolarité. » Maître Bernard plaide pour une peine mixte, un sursis probatoire renforcé, que cet homme puisse être accompagné vers du travail, entre autres.

36 mois ferme
Le tribunal déclare coupable celui qui s’était dénoncé, le condamne à 30 mois de prison avec maintien en détention, révoque les 6 mois d’un sursis antérieur, ordonne son incarcération immédiate.
« Donc là, vous partez pour 36 mois », résume la présidente. « D’accord », dit le prévenu. A sa sortie les deux sursis probatoires reprendront, dans le Doubs. Il sera donc suivi.
« J’arrive à 50 ans, faut que j’me calme » disait-il, du box. Mais il est sourd à ce qu’il fait, l’âge n’a rien à voir là-dedans, alors voilà : 3 ans à l’ombre. « Je voulais juste profiter d’une grosse cylindrée. » …
Florence Saint-Arroman


Notre article du 18 août :
Il avait pensé à tout, mais dans la précipitation, il a oublié l’essentiel ! Un habitant du département du Doubs est bien parvenu à voler une voiture, mais il a oublié de prendre la clef de contact dotée d’un système de démarrage automatique. Il s’est donc constitué prisonnier au Creusot.
Le début de l’affaire remonte à mardi. On est à Pontarlier dans le Haut-Doubs, dans cette ville connue dans le monde entier pour avoir été la capitale de l’Absinthe, cet alcool qui, à haute dose, avait la réputation de rendre fou…
Mardi matin donc un entrepreneur qui veut vendre sa voiture berline de marque allemande, a un rendez-vous avec un acheteur. Celui-ci lui demande d’essayer la voiture mais en demandant à ce que le vendeur conduire, car il se déclare souffrir d’une blessure.
Evoquant un bruit suspect, l’acheteur demande à examiner le moteur qui tourne. Il menace alors le vendeur avec une bombe lacrymogène et prend la fuite à bord du véhicule.
Gros problème, le vendeur a la clef dans sa poche et il se retrouve donc avec une voiture qui peut rouler, mais qu’il ne pourra plus démarrer si d’aventure il coupe le moteur. Pas simple pour garder cette voiture, juste bonne à enchainer le véhicule.
Et c’est ainsi qu’après avoir parcouru quelques 200 kilomètres environ, il se retrouve au Creusot, ville connue par les rugbymen de Pontarlier qui depuis plusieurs saisons affrontent Le Creusot, ce qui sera encore le cas au cours de la saison 2022-2023 qui ouvre en septembre.
Finalement ce n’est pas par la géolocalisation que le voleur a été confondu. Non, se rendant compte que son histoire allait se terminer, il s’est décidé à appeler les Policiers du Creusot en leur lançant : «J’ai volé une voiture, venez m’arrêter !» Les Policiers du Creusot l’ont donc cueilli et placé en garde-à-vue. Le Parquet a lui demandé sa présentation, ce qui a été fait ce jeudi après-midi.
L'homme devait être jugé en comparution immédiate. Mais le jugement attendra. Les magistrats ont demandé une expertise psychiatrique et le prévenu a été placé en détention provisoire.
A.B.