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> Faits Divers > Dans la Région du Creusot
01/10/2022 14:25
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MONTCHANIN : Une séparation, sans doute un peu de jalousie, des violences... et les enfants au milieu

« Ça allait mal finir, ils le savaient tous les deux », dit la substitut du procureur. Ils le savaient, confusément, ils le savaient sans le savoir vraiment, mais enfin les causes ont des effets, et leurs chicaneries et agressions constantes depuis 4 ans ont porté leurs fruits.
« Lâcher l’élastique. » On ne sait plus de qui est cette expression qui raconte ceci : quand une relation, de couple, entre ex, entre amis, avec un employeur, un salarié, qui que ce soit, est mauvaise, quand on est pris dans un jeu qu’on alimente juste en tenant l’autre extrémité d’un élastique virtuel sur lequel l’autre tire, alors il faut s’attendre, en effet, à essuyer des dégâts.

« Et malgré ça, monsieur, vous avez perdu vos moyens ? »
Chez ceux-ci, les dégâts étaient moraux, psychologiques, au point que monsieur soutient à la barre, ce jeudi 29 septembre, que sa nouvelle compagne et lui-même ont recours non seulement à un suivi psychologique, mais à des anti-dépresseurs, tant l’ex-compagne de monsieur, mère de ses deux enfants, leur rend la vie insupportable. C’est ce qu’il dit. « Et malgré ça, monsieur, malgré le suivi et les médicaments, vous avez perdu vos moyens ? » interroge la présidente Catala.


7h30, ils se disputent, les enfants sont présents
Il faut croire que oui. Le 18 juillet dernier était un lundi. Chez eux, les passages de bras, comme on dit quand les enfants passent d’un parent à l’autre, se font le lundi matin. On est à Montchanin. Il est 7h30. Les parents se disputent. La dernière décision du juge aux affaires familiales ne convient pas à monsieur qui voulait que ses enfants viennent chez lui dès le vendredi soir, pour que son fils joue avec le fils de sa compagne, alors que madame ne le souhaitait pas et justifiait sa demande par ses conditions et horaires de travail. Le juge a dû trouver sa demande fondée, il y a fait droit. Et voilà que le poison entre eux est relancé.

Un coup, 14 jours d’ITT
Ils se disputent. Madame reconnaît lui avoir lancé : « Je vous emm…, toi et ta pouffe. » Il l’a frappée. Elle est tombée, tête cognant sur l’arrête du trottoir. Le coup lui a fracturé les os propres du nez, a dévié la cloison nasale. 14 jours d’ITT.
Elle dit aux gendarmes comment il l’accable de reproches sur sa façon de faire avec les enfants, et la traite de « cassos ». Il dit aux gendarmes combien il se sent épuisé, que madame ne cesse de l’appeler, que ça intruse sa vie personnelle, et sa compagne est enceinte (elle accouchera peu après les faits).

Et les enfants dans tout ça ?
A la barre monsieur se dit « surpris, désolé et choqué par l’ampleur des blessures. » Madame, elle, pleure, et dit « Pour moi je ne l’ai pas harcelé, car c’était pour les enfants. En garde alternée, il faut communiquer. Les enfants ont besoin de nous deux. »
Les enfants étaient présents, ce lundi 18 juillet à 7h30, prêts à aller avec leur père. Et puis les parents ont crié, comme souvent ou comme d’habitude, et puis papa a frappé maman, lui a cassé le nez, elle saignait, et papa les a embarqués chez lui, « parce qu’elle s’était relevée et leur a dit au-revoir ».

Et monsieur n’attend pas les gendarmes, il rentre chez lui
Maître Duquennoy plaidera pour monsieur le partage des responsabilités, du moins estime que madame devrait en assumer une part, que « cet unique coup » en 9 ans de fréquentations dont 4 ans de « relation tendue », vient en point d’orgue d’un contexte où tout concourrait à ce que ça claque.
Maître Charbonnel estime, elle, que monsieur, en quittant les lieux, « n’a pas eu la décence de s’enquérir de l’état de santé de madame ». Il lui reproche ses messages ? « Mais il n’y a ni menaces, ni insultes, dans ces messages. »
« Monsieur aurait été poussé à bout… mais son geste n’est en rien excusable », synthétise Cyrielle Girard-Berthet, substitut du procureur, qui conclut : « C’est aux parents de protéger les enfants. »

Personne ne lâche l’élastique ? Le tribunal va le couper.
Monsieur est déclaré coupable et condamné à la peine de 3 mois de prison avec sursis (casier néant jusqu’à ce jour). En peine complémentaire, il a l’interdiction de tout contact avec madame pendant 2 ans (et 3 mois de prison ferme à la clé s’il enfreint cette interdiction) : RIP, l’élastique (le tribunal fait ce qu’il peut faire, il n’est pas comptable des comportements de chacun après le jugement…).
La présidente lui précise qu’il n’a pas l’interdiction de paraître au domicile de madame, quand il s’agit d’y récupérer ses enfants, sauf que ça serait mieux qu’un tiers s’en charge, vu l’interdiction de contact.
Il est dit entièrement responsable des préjudices subis par madame, il devra l’indemniser.
Florence Saint-Arroman