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> Faits Divers > Dans la Région du Creusot
12/04/2021 23:40
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MONTCHANIN : Un Creusotin condamné à 7 mois de bracelet électronique pour avoir frappé sa compagne

ACTUALISE : Ils s'étaient rencontrés sur Meetic... Quand les gendarmes sont arrivés, de peur elle s'était fait pipi dessus... Elle est enceinte de 4 semaines et il l'a frappée, parce qu'il voulait voir sa plaquette de pilules contraceptives...
En juillet 2020 ils se rencontrent, via le site Meetic. En septembre, ils décident de vivre ensemble, elle s’installe chez lui, à Montchanin. Certes il a déjà été condamné pour violence sur conjoint, il est en instance de divorce et à cause de tout ça, il ne peut voir sa fille (environ 2 ans) que deux heures par mois. Bien sûr c’est la faute de l’autre. Lui, il est jugé ce 12 avril selon la procédure de comparution immédiate, pour des violences sur conjoint, et, on le verra, c’est à nouveau quasiment la faute de l’autre. Lui, il est « colérique », c’est tout.


Madame est enfermée dans la chambre. Elle s’est fait pipi dessus, terrifiée.
L’autre en question est assise dans la salle. Elle ne veut pas se constituer partie civile, elle ne veut pas de dommages et intérêts, elle dit qu’elle n’a rien compris à cette soirée au cours de laquelle on l’a embarquée à l’hôpital, rien compris aux 4 jours d’ITT, rien compris à tout ça.
Pourtant, le 9 avril dernier, vers 20h40, les gendarmes se présentent au domicile du couple, pour suspicion de violences intra-familiales. Monsieur leur ouvre, il est débraillé, son caleçon est déchiré, son tee-shirt est taché de sang, ses pieds aussi. Madame est enfermée dans la chambre, quand elle a vu le couteau elle a eu si peur. Elle s’est fait pipi dessus, terrifiée.

L’horreur
Elle est enceinte de 4 semaines, c’est la seconde circonstance aggravante : état de vulnérabilité que le prévenu n’ignorait pas. Il l’ignorait d’autant moins qu’apparemment ce fut le point de départ de la scène. Selon elle, elle voulait une interruption volontaire de grossesse, « mais avec lui, on ne peut pas discuter et il s’est énervé tout de suite, en disant : ‘avec toi, c’est comme avec mon ex-femme’ ».  
Selon lui, il voulait voir sa plaquette de pilules contraceptives, pour voir si cette grossesse « était vraiment involontaire ». Dans un cas comme dans l’autre, il l’a frappée, il lui a serré le cou, il lui a donné des coups dans le ventre, combien, elle ne sait plus, il lui a arraché des cheveux, « alopécie à l’avant du crâne » constate le médecin. Il était allongé sur elle de tout son poids, elle étouffait.

La femme s’est rétractée après son audition, à l’audience elle tremble
Alors que la présidente Verger rapporte les faits, la jeune femme tremble comme une feuille, assise dans la salle. « Disputes régulières, au moins deux antécédents de violence, grossesse non désirée, mais ne veut pas porter plainte, elle va changer de vie, dit-elle. » La jeune femme tremble de la tête aux pieds.
Le 9 avril, elle a passé la nuit chez la mère de monsieur, avec qui elle a de bonnes relations, puis elle s’est rétractée. Elle a un petit âgé de 4 ans qui par chance n’était pas là ce soir-là. Lui, il persiste à décrire une sorte de dispute, certes un peu physique, mais sans plus, et pourquoi elle s’était enfermée dans la chambre ? Il ne sait pas, il ne voit pas.

Il conteste une partie des faits, pour les ramener à « une dispute »
Le sang sur son tee-shirt : il a fini par prendre un couteau, et finalement l’a retourné contre lui, « un coup léger » dit la présidente. Il conteste avoir donné des coups dans le ventre de sa compagne enceinte, et un coup avec la lampe de chevet, et l’avoir étranglée. Mais alors pourquoi aurait-elle rapporté ces violences pour ensuite refuser de poser plainte ?
Pourquoi aurait-elle amplifié les gestes et les coups, si elle ne voulait pas donner de suite judiciaire ? Il ne comprend pas, dit-il. La procureur l’interroge sur des insultes. Non, non, il ne rabaissait pas sa compagne. N’a-t-il pas un jour piqué une crise parce qu’elle avait fait mal cuire des pommes-de-terre ? Non. Jamais.

« Il a une difficulté dans sa relation à l’autre, et ne sait pas gérer ses nerfs »
Cet homme est né en 1976 au Creusot. Il n’a pas d’addictions (alcool, drogues, médicaments). Il travaille en CDI depuis 2003. Marié en 2016, il est donc en instance de divorce, condamné en mai 2018 pour violence sur conjoint. Il comparaît donc, ce lundi 12 avril 2021, en état de récidive légale, ce qui double la peine encourue, lui rappelle Clémence Perreau, substitut du procureur.
« Monsieur encourt 10 ans d’emprisonnement. » Il écarquille les yeux une seconde. La stupeur et les tremblements apparaissent chez la victime, ça va devenir impressionnant. « Le prévenu, c’est lui, poursuit la procureur. On n’est pas sur une dispute, mais sur des violences. »
Le couteau ? « On voit qu’il ne contrôle rien. Il essaie de paraître sous son meilleur jour, mais… » Elle parle « d’emprise », de « domination ». La victime fait non de la tête mais tremble si fort, et de plus en plus fort, que la présidente garde un œil rivé sur elle, pendant que Clémence Perreau se dit « inquiète de la position de monsieur à l’audience. Il a une difficulté dans sa relation à l’autre, et ne sait pas gérer ses nerfs ». Elle requiert une peine mixte (18 mois dont 8 mois assortis d’un sursis probatoire de 2 ans).

« Une obligation de soins pour régler cette problématique de personnalité »
L’état de la victime est assez terrible à voir. La présidente lui demande si elle se sent en capacité d’assister à l’audience. La jeune femme voulait que son petit finisse son année scolaire bien entamée, mais le tribunal doit lui expliquer que, vu le contexte, il n’est pas bon pour lui de tremper dans cette ambiance, et que puisqu’elle peut être hébergée dans une autre ville, il vaut mieux partir.
Le parquet ne peut requérir l’éviction de l’agresseur du domicile : il en est le seul propriétaire. Maître Duquennoy plaide en faveur d’un sursis probatoire « avec une obligation de soins pour régler cette problématique de personnalité ».

7 mois de détention sous surveillance électronique et 2 ans de suivi
Le tribunal déclare le prévenu coupable, le condamne à une peine de 10 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire de 2 ans. Obligations de soins psychologiques, interdiction de contact avec la victime et interdiction de paraître à son domicile. Il devra suivre un stage de sensibilisation aux violences intra-familiales. Le tribunal révoque en outre 3 mois du sursis antérieur ; aménage les 7 mois ferme (au total) en détention à domicile sous surveillance électronique.
La victime semble perdue, éperdue. La présidente lui explique l’interdiction de contact. « Oui, mais il sera en liberté chez lui, pour être tranquille et pouvoir aller travailler ? » On lui dit que oui, cela la rassure (sic).
Florence Saint-Arroman