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> Faits Divers > Au Creusot
28/03/2023 03:16
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LE CREUSOT : Une femme spécialiste des insultes et outrages envers les Policiers, est écrouée pour 9 mois

«Ce sont des infirmiers en psychiatrie qu’il faut envoyer chez elle, pas des policiers». Peut être ou sans doute. En attendant, le tribunal l'a condamnée
« Gare à la prochaine », lui disait en substance le tribunal, en janvier dernier. La prochaine, c’était ce lundi 27 mars. Une femme du Creusot, âgée de 36 ans et en proie à des problèmes et à de nombreux toxiques, est jugée selon la procédure de comparution immédiate pour une tripotée d’outrages et de violences à l’encontre de policiers. Elle consomme des toxiques autorisés : beaucoup de médicaments et beaucoup d’alcool.
Le toxique illégal, c’était « avant », dit-elle, et le demi-gramme de cocaïne trouvé dans son soutien-gorge lors d’une palpation de sécurité, « c’était pour une personne, je devais lui donner ». Sur l’autre versant : elle avait arrêté ses traitements, se contentait de l’alcool et de ses descentes en enfer.


Intervention intempestive, « elle a rien fait ! Vazy, s’il vous plaît, laissez-là tranquille »
L’enfer, elle semble y vivre. Une enfant (sur deux) placée, puis récupérée, puis de nouveau placée, en décembre. Et depuis rien ne va, mais alors rien du tout. D’ailleurs on l’a vue en janvier dernier : https://www.creusot-infos.com/news/faits-divers/a... . Ses plaintes lancinantes, en cette fin mars, sont les mêmes, d’ailleurs, sauf qu’en face 11 policiers entendent se constituer parties civiles, pour 3 scènes différentes, les 13 février, puis le 21 mars, et le 22 mars. La prévenue est en état de récidive légale.
La police du Creusot a fait 16 sorties depuis janvier, à cause de tapages ou de dégradations. Trois scènes sont retenues au cours desquelles la femme était « hystérique » et non seulement ne se contenait plus mais agressait les policiers.
Le récit qu’en fait la présidente Caporali est ponctué de petits bruits qu’un homme envoie, de la salle. N’y tenant plus, il s'exclame :
« J’étais là, moi ! C’est pas vrai, c’est pas vrai ! » Avertissement lui est donné que s’il recommence, un agent de sécurité le fera sortir de la salle. Derechef il recommence. L’agent de sécurité est là, qui lui impose de quitter le lieu. « Elle a rien fait ! Vazy, s’il vous plaît, laissez-là tranquille. T’inquiète, walla ! La tête de ma mère. » Etc. Exit l’ex-compagnon. Le calme revient dans la salle.

Un réquisitoire articulé sur ce que requiert toute vie en société et à quoi madame contrevient
On pourrait décrire les scènes lors des interventions de la police qui se prolongeaient à l’hôpital, en garde à vue, sur des pages et des pages, mais on fait le choix de s’attarder sur la plaidoirie de la défense qui nous a semblé bien placée. Avant cela, maître Ronfard intervient pour les policiers. « Ce n’est pas parce qu’ils portent un uniforme, madame, qu’ils sont là pour que vous vous défouliez sur eux. »
Le représentant du ministère public demande une peine de 12 mois de prison dont 6 mois seraient assortis d’un sursis probatoire, ainsi que la révocation de 3 mois de sursis, soit 9 mois de prison ferme en tout, saluant « le sang-froid des policiers », face à « des insultes, des crachats, le jet d’une poubelle remplie de bouteilles en verre, des coups de pied ». Un réquisitoire articulé sur ce que requiert toute vie en société et à quoi madame, « à chaque fois qu’elle boit », contrevient.

Ras le bol légitime des policiers – en face, quelqu’un de malade, « elle est en crise de délire »
Mais, sans rien ôter à la légitimité du ras le bol des policiers, maître Marceau interroge la santé mentale de la prévenue. Cette femme prend, ou est censée prendre, une palanquée chimique impressionnante : des anti-dépresseurs, des somnifères, des anxiolytiques, des neuroleptiques. Des neuroleptiques ? C’est si fréquent de l’entendre, au tribunal, qu’on pourrait s’habituer et il ne faut pas. C’est l’axe de la plaidoirie pour sa défense : on fait mine de juger quelqu’un qui ne serait pas malade, mais qui l’est.
Elle fut toxicomane, et ceci n’est peut-être pas sans rapport avec cela, mais personne n’a creusé la question. L’avocat revient sur « toutes les insultes, ces torrents d’insanité déversés sur la police, sur les pompiers, aussi, au travers desquels on se rend compte de l’état de madame ». Julien Marceau cite un PV d’interpellation « qui fait 6 pages » : « elle semble sous l’emprise d’une fatigue extrême », « elle est en crise de délire », « en pleurs, elle regarde le sol, fait un monologue, se lève en hurlant », « elle n’est pas en état de rester seule ».

« Ce sont des infirmiers en psychiatrie qu’il faut envoyer chez elle, pas des policiers »
« On était face à quelqu’un qui était en plein effondrement psychique. Elle doit prendre des antipsychotiques, ce sont des médicaments lourds qui viennent traiter des pathologies lourdes. Les policiers bien sûr ne méritaient pas ces insultes, mais avait-elle l’intention consciente de nuire ?
Se déverser comme elle l’a fait, ça la soulage. » Au passage, on se dit qu’il est même possible que cela la protège de passages à l’acte plus graves.
« Ce sont des infirmiers en psychiatrie* qu’il faut envoyer chez elle, pas des policiers » insiste l’avocat. « Les policiers cristallisent toute la colère de madame. Elle leur a lancé : ‘Bâtards, vous m’avez pris mon enfant’… et finalement on tourne en rond.
Aucun des protagonistes n’est à même de s’entendre. » Maître Marceau ne défend pas l’indéfendable, il donne du sens à ce qui a priori n’en a guère sauf à considérer que cette femme serait anti-sociale par plaisir alors qu’elle est, y compris avec son addiction, sa dépression, et d’autres troubles qui nécessitent des neuroleptiques, en proie à une douleur difficile à nommer : sa fille n’est plus près d’elle.

Pas suffisamment d’experts psychiatres, pas suffisamment de places dans les centres médico-psychologiques, pas suffisamment de places dans les centres de soins en addictologie : cherchez l’erreur
« Elle est sur une liste d’attente au CSAPA**, il n’y a pas de place, là comme dans les CMP. Je suis convaincu que si un psychiatre avait pu prendre le temps, il aurait conclu à un discernement profondément altéré. » Maître Marceau n’a pas demandé d’expertise psychiatrique lorsqu’il pouvait encore le faire. Il semble le regretter tout en argumentant la réelle carence d’experts, qui pose de vrais problèmes et ce n’est que le début.

9 mois de prison ferme
Que fait le tribunal ? Eh bien, il écarte cette femme de la société pendant un temps. Bien sûr cela ne résoudra aucun de ses problèmes et la petite fille apprendra que sa mère est incarcérée, mais d’un autre côté, les tapages que la prévenue occasionne, avinée, excédée, apeurée, abreuvant d’insultes et de gestes violents ceux qui doivent intervenir, vont cesser pendant quelques mois.
Elle est condamnée à la peine de 12 mois de prison dont 6 sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans avec obligations de soins psychologiques et en addictologie (et bonne chance pour avoir des suivis conséquents, ndla), avec maintien en détention, ainsi qu’à la révocation de 3 mois de sursis, avec incarcération immédiate. 9 mois de prison. « En détention ça se passe plutôt bien » remarquait son avocat. Un cadre contenant, ça doit lui faire du bien, mais c’est, hélas, le cadre carcéral.
Florence Saint-Arroman  

* Ou une unité mobile de psychiatrie ?

**CSAPA : https://intervenir-addictions.fr/orienter/vers-qu...


Notre premier article (24/03) :
Mardi, une Creusotine, âgée d’une quarantaine d’années, s’était distinguée par une ivresse publique manifestée, doublée d’insultes et d’outrages envers les Policiers.
Mercredi, il a été décidé de la placer en garde-à-vue. Les pompiers sont allés la cueillir à son domicile, où il leur a fallu forcer l’ouverture de la porte, avec les moyens appropriés, car elle n’ouvrait pas… Et pour cause, elle était encore complètement ivre.
Elle a été conduite au commissariat pour être placée en cellule de dégrisement autant qu’en garde à vue. A 17 heures, elle n’avait toujours pas été entendue, car elle présentait encore une alcoolémie de 1,70 gramme. On a du mal à imaginer quel devait être le taux à midi… A l'issue de sa garde-à-vue, la quadragénaire, multi récidiviste a été placée en détention provisoire, à la prison pour femmes de Dijon, dans l'attente de son jugement qui aura lieu lundi, en procédure de comparution immédiate.
A.B.