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> Faits Divers > Au Creusot
09/10/2023 23:30
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LE CREUSOT : Une femme retourne en prison pour avoir frappé un homme avec un poing américain

Elle a voulu jouer les justicière dans une affaire qui n'était pas la sienne entre deux hommes.
« Je sais pas pourquoi je suis allée m’en mêler. » C’est par ces mots que la prévenue conclut l’audience de jugement en comparution immédiate pour violence. Elle sera condamnée à 13 mois de prison. Elle en était sortie le 10 août dernier.
Ce lundi 9 octobre, ça a tapé fort à l’audience de CI.
Trois dossiers jugés entre 15 heures et 20h30, trois personnes souffrant de schizophrénie pour les deux premiers, de bipolarité (anciennement psychose maniaco-dépressive, autant dire un truc difficile !) pour celle-ci.

Connaissez-vous la libération sous contrainte ?
On l’a déjà vue, en juillet dernier*. Condamnée alors à la peine de 6 mois de prison ferme, elle en exécute trois, avant d’être libérée sous contrainte** (on lira avec profit cet article du code de procédure pénale** qui n’existerait pas, du moins pas dans ces termes-là, si le législateur avait pris l’avis des juges, en particulier les juges de l’application des peines, avant d’essayer de désengorger les prisons).

Commence alors un sursis probatoire renforcé : elle rencontre un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) le lendemain de sa sortie, dit-elle, mais ce 10 octobre, le tribunal constate que le suivi renforcé n’a pas commencé.

Deux versions pour un coup de poing armé
Qu’est-ce qu’elle a fait ? Elle n’est pas hyper claire : tantôt elle partait « acheter du tabac », tantôt elle « rentrait » chez elle. Quoi qu’il en soit elle voit deux hommes assis sur un muret, en bordure du parc de la Verrerie. « Ils chahutaient » dit le président, « ils se disputaient » dit la prévenue.
Elle s’approche. Elle soutient qu’elle a vu un poing américain posé sur le muret et qu’elle l’a pris. L’un des hommes la jette sans aménité. Ensuite les versions diffèrent mais arrivent à la même fin : elle lui porte un coup avec le poing américain. L’homme est blessé au front, il a 2 jours d’ITT.

« Ce sont des faits de violence gratuite »
Maître Bourg intervient pour la victime, demande un renvoi sur intérêts civils : « Il souffre de maux de tête. » L’avocate convient que son client « a eu en effet des mots qui ne sont pas à prononcer ».
« Ce sont des faits de violence gratuite, dit la substitut du procureur.
Elle est connue de la justice, elle est sortie il y a deux mois et malgré cela elle décide de commettre une nouvelle infraction. » Maître Marceau reprendra ce « elle décide » pour s’inscrire en faux. Le fait est.
La procureur requiert une peine de 10 mois avec maintien en détention, « vu sa situation, elle n’a pas de logement » - « si ! J’ai un logement ! » corrige la prévenue – et la révocation de 3 mois du sursis probatoire prononcé en juillet dernier.

« Elle s’est prise pour une justicière »
Maître Marceau, lui, revient sur l’expertise psychiatrique faite avant le jugement de juillet, qui concluait à une altération « significative » du discernement de cette femme, et puis elle prend du crack (« un peu, très peu » précise-t-elle à chaque fois) et ça a quelques effets.
L’avocat voit les choses ainsi : « Elle a entendu ce qui lui a semblé être une dispute, elle s’est prise pour une justicière. » Outre le fait que la victime, alcoolisée, l’a insultée. « Elle est toujours isolée socialement, coupée de ses enfants**, et puis elle a des ‘amis’ qui lui apportent des stupéfiants qui ont des conséquences terribles sur son état psychiatrique. Elle est laissée pour compte. »

Il y a sans doute une histoire sordide qui se joue en douce
Le tribunal n’a pas creusé ce point (il faut dire qu’il a siégé jusqu’en soirée avancée ce lundi), point évoqué en juillet : de quelles mains est-elle la proie ?
Et qu’exige-t-on d’elle contre un peu de crack ?
Sur les éléments à décharge, l’avocat plaide que le suivi renforcé n’a pas débuté, que les faits sont moins graves que ceux jugés il y a trois mois, et que son rapport à la réalité, « c’est le sien » : « Elle a du mal à gérer les interactions, elle n’a pas eu de volonté de nuire. Ménagez-là ! »

13 mois ferme
Le tribunal, ce lundi, ne ménage personne. Cela dit que peut faire un tribunal quand la loi ne lui permet pas de faire hospitaliser les gens qu’il doit juger, et qui sont malades et sous traitements et aux discernement altérés mais pas abolis ?

Ici, il suit les réquisitions : 13 mois en tout, maintien en détention. « Vous ne pouvez pas vous réfugier derrière vos problèmes psychiques et de toxicomanie pour… »
FSA
(photo d'illustration)

* https://www.creusot-infos.com/news/faits-divers/a...
** https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/L...