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> Faits Divers > Au Creusot
19/07/2022 03:18
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LE CREUSOT : Responsable d'un accident sur la RCEA, le garçon fait un signe de victoire à ses parents, qui n’échappe pas à la présidente du Tribunal...

Les victimes partaient en vacances.
Parents et enfants partaient en vacances. On est le 16 juillet, il est 4 heures du matin en France et, donc, sur la RCEA entre le Creusot et Chalon. C’est l’heure des braves pour rouler tranquille. C’est alors qu’une voiture les percute violemment par l’arrière. Le père de famille parvient à stabiliser son véhicule, l’auteur de l’accident fait plusieurs tonneaux.
Sur l’instant l’auteur de l’accident s’est inquiété de l’état de tout le monde, « la famille va bien ? ». Mais en garde à vue, il nie être le conducteur responsable de l’accident. Il était au Creusot avec des copains, ils ont voulu venir sur Chalon, lui il s’est endormi, l’autre a fait l’accident et s’est enfui, « en rampant », « et patati et patata », comme dit la vice-procureur. Voilà son premier mouvement.

Il a refusé de se soumettre aux analyses pour conduite sous stupéfiants et sous alcool, mais une certitude : il était bourré. Sans doute pas loin de 2 grammes selon son avocat.

Deux addictions et un comportement irresponsable

Il est né en 1998 au Creusot. Ses parents sont dans la salle. Leur fils tient enfin un autre discours : il a tout reconnu lors de son déferrement, il est conscient d’avoir « gâché » la confiance que ses parents lui faisait et il est enfin conscient, dit-il, de risquer d’« ôter la vie à quelqu’un » par son comportement.
Il a été condamné en 2017, en 2018, et en 2020, pour des délits similaires (conduite en ayant fait usage de stups, deux fois - le jour de l’accident il portait sur lui 0,77 grammes de cannabis, il en avait fumé la veille). Un tribunal avait ordonné l’annulation de son permis de conduire, et l’obligation de démarrer avec un EAD (ethylotest anti-démarrage) pendant 4 mois.
Il a repassé son permis de conduire, l’a obtenu, mais le permis n’était pas prorogé, il n’a pas passé la visite médicale obligatoire.

« J’ai été idiot » - Ah oui, seulement ?

La famille victime de l’accident partait pour quelques semaines de vacances. Vacances interrompues brutalement. Lui, avec 5 whisky dans le buffet, allait voir sa petite amie. « J’ai été idiot. » La vice-procureur : « Idiot ? Seulement idiot ? Pas dangereux ? » La présidente Chandet essaie d’amener le prévenu au fait suivant : il a un problème avec sa consommation d’alcool.
« Quatre fois jugé pour des délits routiers en lien avec les stupefiants ou l’alcool. On peut se dire qu’il y a un problème. » Et, sur la question de grandir :  « A 24 ans il va falloir que ça ne soit plus papa et maman qui fassent à votre place. » Sur le bord de la RCEA à l’aube du 16 juillet, il a tutoyé la police, avec les pompiers idem et pire. L’un d’eux l’a collé au sol pour le maîtriser, et c’était devenu « un pompier m’a frappé ». La procureur le confronte sèchement à son attitude odieuse avec les corps de secours.

La famille victime n’avait nulle part où dormir

Le conducteur victime : « On partait pour un mois en vacances. On dormait dans notre véhicule donc on n’avait rien de réservé nulle part. A 4 heures du matin on était sur le bord de la route, à 7 heures on n’avait nulle part où dormir. Le responsable de la casse nous a laissés dormir un peu dans le camion, sur la casse.
A midi j’étais à nouveau sur le bord de la route avec mes bagages, à attendre les gendarmes pour être entendu. A 19 heures on est rentré chez nous. On a pris un taxi pour faire 500 km. Les enfants pleuraient. Je mesure la chance qu’aucun de nous ne soit blessé. Je me suis levé à 3 heures ce matin pour être présent à l’audience : pour que ça n’arrive plus. » L’homme ne veut pas demander d’indemnités, « je ne sais pas si la voiture est réparable ou pas, mais je veux tourner la page ». Les magistrats et l’avocat de la défense unissent leurs explications pour qu’il demande tout de même, un renvoi sur intérêt civil.

« Vous jugez du mépris et un danger public »

Le discours et la position du prévenu sentaient bon la rédemption, mais Aline Saenz-Cobo, vice-procureur, n’y croit pas une seconde.
« Monsieur donnerait des gages d’évolution ? Non, c’est de l’opportunisme. Du haut de ces 24 ans, il boit, il fume, et il prend le volant. Ce n’est pas de l’immaturité que vous jugez, c’est du mépris et un danger public. Il est dans le déni de sa responsabilité, le déni des autres, le mépris des autres. » Elle requiert contre tout aménagement de peine, « aujourd’hui, le principe de réalité doit prévaloir », une peine de 12 mois de prison dont 6 mois avec sursis probatoire, la révocation d’un sursis de 2 mois (prononcé en 2020), l’annulation du permis et son maintien en détention.
Maître Marceau s’attache à tempérer ‘le mépris des autres’, « il se soucie immédiatement de la famille ». « Son véhicule est détruit, c’est la première sanction. » « Il s’est fait peur, il a réfléchi. » « Il mérite de faire ses preuves en milieu ouvert. »

6 mois ferme aménagés et deux ans de probation

Le tribunal condamne le chauffard à la peine de 12 mois de prison dont 8 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligation de travailler, de suivre des soins en addicto et psychologiques, d’indemniser les victimes, de suivre un stage de sécurité routière.
Le tribunal révoque le sursis de 2 mois, annule son permis de conduire et porte à 6 mois l’obligation d’user d’un dispositif EAD quand il recommencera à conduire. Le tribunal aménage les 6 mois de prison ferme en détention à domicile sous surveillance électronique.

Le garçon fait un signe de victoire à ses parents, qui n’échappe pas à la présidente : « Les 8 mois de sursis sont susceptibles d’être révoqués. Soyons clairs : s’il y a une prochaine fois, vous savez comment ça va se finir. »

FSA