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> Faits Divers > Au Creusot
29/12/2022 18:55
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LE CREUSOT : La femme qui a frappé son mari à coups de couteau, a commencé à être jugée, mais pas jusqu'au bout

Elle va vivre en détention le passage à la nouvelle année, en attendant la fin janvier...
A aucun moment les policiers du Creusot ne pouvaient-ils se soucier de lui donner ses appareils auditifs ? La femme qui a agressé son futur ex-mari, avec un couteau, dans la nuit du 26 au 27 décembre, a comparu ce jeudi 29. Elle n’entend que si l’on est proche d’elle et de face, mais elle n’a plus ses appareils depuis son interpellation.
Alors, du cirque, elle en a fait pendant sa garde à vue ! On sait, pour l’avoir vu au commissariat de Chalon, à quel point c’est stressant. Pour autant une femme qui n’a pas pu prendre ses médicaments (dont un anti-dépresseur, un neuroleptique, un anxiolytique et un traitement de substitution à la drogue) et qui doit passer ses heures dans un brouhaha informe, donc en difficulté pour organiser son environnement selon les informations qu’il donne, cette femme-là, qui qu'elle soit par ailleurs, n’avait-elle pas quelques motifs de stresser méchamment ?


L’escorte et la prévenue doivent quitter le box
Elle est calme, ce jeudi. Les cheveux méchés de blond, un sweat vert bouteille sur un pantalon noir, et un problème de surdité. « Les policiers du Creusot n’ont pas voulu que j’prenne mes appareils. Ils sont chez moi. » La présidente Verger est ennuyée : comment faire ?
Est-ce que ça existe de renvoyer une audience en exigeant que les prothèses auditives soient remises à celle qui en a besoin ? On dirait que non. Maître Grenier-Guignard informe le tribunal que « si on se met à côté d’elle et qu’on parle distinctement, elle entend et vous répond ».
Du coup le tribunal demande qu’elle sorte du box et puisse se placer non seulement devant les juges, mais collée contre l’estrade du haut de laquelle ils siègent. C’est la dernière audience de comparution immédiate de l’année, et elle est navrante.

« Il mettait la pression sur madame »
La prévenue est née en 1984 au Creusot, elle y vit toujours. Séparée de son mari depuis 2018, elle le laisse voir leur enfant quand il le souhaite. Ils vivent à moins de 200 mètres l’un de l’autre. Sauf que ça frite souvent. Monsieur dit qu’elle fait du scandale, hurle, tape dans les poubelles.
Le voisinage s’en plaint. Elle, elle dit qu’il vient chez elle quasiment chaque jour, lui parle mal, la rabaisse, et n’hésite pas, si c’est l’heure du repas « à mettre les pieds sous la table et se fait servir », dit maître Grenier-Guignard.
« Il vient tous les jours chez moi, il me frappe, il m’insulte, j’ai vécu que la misère avec lui », dit la prévenue. Elle finit par demander le divorce, « j’ai pris un avocat ».
Cette démarche aurait mis le feu aux poudres déjà bien chaudes, et le 26 décembre, « il ne voulait pas lui rendre l’enfant, dit maître Grenier-Guignard, il mettait la pression sur madame, lui avait dit qu’il la ferait enfermer ».

Pourquoi lui ouvre-t-il ?
C’est dans ce contexte que madame, qui allait mal, prend de la cocaïne. Dans la soirée, elle commence par briser une fenêtre chez monsieur. Elle revient une heure plus tard, au milieu de la nuit, « elle exige de voir sa fille, parce qu’elle voulait la récupérer ».
Elle sonne, il ouvre. Il ouvre ? Après que la police lui a enjoint de ne pas sortir de chez lui après le bris de vitre ? Il ouvre… Elle dit qu’elle a dû se défendre, « il était violent avec moi ». On ne sait pas.
En tout état de cause elle a atteint monsieur avec un couteau « à la cuisse, au tibia, et au bras ». Pas de blessures profondes a priori que des estafilades mais enfin elle l’a fait.

« Le risque de réitération est élevé »
Compte-tenu des fragilités de cette femme, son avocate demande une expertise psychiatrique, avec quoi tout le monde est d’accord. Détention provisoire ou contrôle judiciaire ?
Cyrielle Girard-Berthet, substitut du procureur requiert le maintien en détention : les faits sont sérieux, elle a un casier judiciaire (des délits routiers et un usage de stups), elle cause des troubles du voisinage, « c’est une personne agressive, elle ne sait pas se contenir », elle n’a aucune garantie de représentation, elle avait pris de la cocaïne, donc « le risque de réitération est élevé ».
Maître Ronfard pour la victime s’élève lui aussi contre le contrôle judiciaire, « je doute que ça suffise à assurer la sécurité de monsieur ». L’avocate de la défense s’insurge contre « une lecture froide de ce dossier ».

« Chez lui, c’est une porcherie ! La petite n’y a pas de chambre »
La prévenue demandait qu’on la laisse sortir dans l’attente du jugement. Elle en pleurait, d’évoquer sa petite : « J’ai pas de nouvelles, rien. Je ne sais pas si elle a de la rechange. L’école reprend bientôt, mais son cartable, ses affaires, ses jeux, tout est chez moi ! »
Maître Ronfard dit au tribunal que le père a pris en charge l’enfant, pas de problème. « Chez lui, c’est une porcherie ! La petite n’y a pas de chambre, et il n’y a rien pour elle là-bas », lui répond maître Grenier-Guignard. L’avocate plaide en faveur d’une sortie contrôlée, chez les parents de madame qui rentrent demain et vivent au Creusot.
« La prison, c’est pas fait pour moi. Ma fille, elle a besoin de moi. Elle a besoin de moi, madame, elle est petite. Et monsieur travaille : qui va s’occuper d’elle ? »
Le commissariat connaît ce couple : tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, on appelle la police, on la sollicite. Madame dit avoir déposé plainte contre monsieur, on ne sait pas quand, et avoir fait des mains courantes. Rien n’allait.

Maintien en détention
Le tribunal a délibéré, l’escorte se rapproche de la prévenue, au cas où, au cas où. Le tribunal renvoie au 30 janvier (monsieur pourra se présenter, il aura cicatrisé), ordonne une expertise psychiatrique à faire « en urgence », désigne un expert.
Enfin : « Le tribunal ordonne votre maintien en détention, en raison du risque de renouvellement, dans un contexte familial difficile, avec vos problèmes de santé et la proximité de vos logements. »

« Des choses pourront se construire par la suite »
La présidente tâche d’adoucir le tranchant de cette décision et ajoute à la femme collée contre la paroi de l’estrade et la tête levée : « Ce qui est important, c’est que vous soyez soignée, stabilisée. Des choses pourront se construire par la suite. Vous avez compris, madame ? »

On peut imaginer la détresse de la mère, coupée de son enfant. Au sujet de sa demande de divorce, elle expliquait, touchante : « J’ai pris un avocat pour l’enfant. J’ai dit ‘pas de jaloux, une semaine chez moi, une semaine avec son père’. »
Une pensée pour cette petite. C’est fou comme on a des pensées, tout au long de l’année, pour les enfants qui n’en peuvent mais... qui trinquent.
Florence Saint-Arroman

Notre premier article :
Il était un peu plus de minuit, dans la nuit du lundi 26 au mardi 27 décembre, quand un homme a été blessé de plusieurs coups de couteau, rue Lapérouse au Creusot. Selon les informations portées à la connaissance de creusot-infos, en plein nuit on a sonné à son domicile. Quand il a ouvert, une femme s’est jetée sur lui, en lui portant plusieurs coups de couteau. L’homme est parvenu à se défendre avant que la femme ne prenne la fuite.
L’homme a été secouru et transporté à l’Hôtel-Dieu où il a subi des soins pour ses blessures. Il a pu regagner son domicile dans la journée de mardi et il a évidemment déposé plainte pour ce que le parquet pourrait qualifier de tentative d’homicide.
Selon nos informations, la femme auteure des coups couteau, a été interpellée mardi. Ainsi que creusot-infos l'avait laissé entendre, il s'agissait bien de son ex-femme qui avait été placée en garde-à-vue. A l'issue de celle-ci, elle a été présentée ce mercredi matin a parquet de Chalon sur Saône. Poursuivie pour violences aggravées sur conjoint, avec arme, elle sera jugée jeudi en comparution immédiate. En attendant elle a été dirigée vers la prison pour femmes de Dijon pour être placée en détention provisoire. Il convient de préciser que la fille du couple, qui se trouvait dans le logement du papa, et qui est âgée de 5 ans, n'avait pas assisté à l'agression au couteau, mais en avait vu les conséquences.
A.B.