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> Faits Divers > Au Creusot
17/03/2023 03:18
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LE CREUSOT : Elle s’était cachée dans les toilettes. Il l’en a sortie en la tirant par les cheveux, l’insultant et répétant en boucle «je vais te finir»

Les enfants sont placés en familles d’accueil, mais pas de chance ils étaient au Creusot ce week-end-là. Le mari violent a été jugé, jeudi après-midi, en comparution immédiate.
Révélée par creusot-infos mercredi 15 mars, l'affaire du mari violent a donc été jugée, jeudi après-midi, au Tribunal de Chalon sur Saône.

Il rentre par la fenêtre, en cassant la vitre, alcoolisé, insultant
Les enfants avec maman, mais papa qui ne cesse de revenir à ce domicile dont madame l’avait chassé début février. Et à chaque fois, il rentre par la fenêtre, en cassant la vitre, alcoolisé, insultant, et plus souvent de nuit que de jour. Les petites ont été entendues, confirment avoir vu leur mère traînée par les cheveux, la plus jeune des filles pleurait. Elle a déjà entendu son père dire à sa mère « je vais te tuer », deux fois, même, et si elle pleure souvent « c’est en raison de la peur que lui inspire son père » explique la présidente Barbut.

« Je sais j’ai un lourd dossier, ça joue contre moi, mais je vous jure madame... » Il jure que jamais il ne l’a sortie des toilettes en la tirant par les cheveux. Des disputes, oui, des violences, non. « C’est moi qui fais le ménage, c’est moi qui fais à manger. Elle retourne les enfants contre moi. »
L’homme a 31 ans, il comparaît ce jeudi 16 mars en comparution immédiate, en état de récidive légale, déjà incarcéré pour des violences sur sa conjointe.

« Madame, je la connais depuis que j’ai 14 ans »
Il maintient avec verve : « Elle manipule les petits et même les assistants sociaux », « elle est violente avec moi madame, elle m’a déjà mis des patates, moi je voulais que les enfants soient bien, là on commençait à les voir plus souvent, mais ça tombe tout par terre, à cause d’elle »
La présidente le recadre que quand on fait ce qu’il fait, de rentrer par une fenêtre plusieurs fois dans la nuit, en criant qu’on veut ses papiers, qu’on sent l’alcool, etc., « on insécurise aussi les enfants ».
Il en convient gentiment mais rapidement il repart que c’est madame qui a bien « compris le système » et le menace régulièrement d’avoir les moyens de le renvoyer en prison.
« Moi je voulais partir, mais elle, c’est une mythomane, madame, elle fait des histoires avec tout le monde. » Pourquoi n’est-il pas parti plus tôt ? « J’avais trouvé un logement, mais madame ne le supportait pas et elle venait, à surveiller si j’en avais une autre ou quoi, je sais pas. Madame, je la connais depuis que j’ai 14 ans. »

« Des fois, je vais pas être bien, et je vais me poser dans un coin »
A ce stade de l’audience, et bien que les juges lui renvoient, à raison, son comportement déclafté, on sent que cet homme-là dit vrai. Ce qu’il dit est rigoureusement vrai, de son point de vue. Maître Marceau, qui l’assiste, se demande si l’excès de toxiques n’aurait pas altéré son esprit au point qu’il ne soit plus en lien avec les éléments de réalité, autrement qu’à sa façon.
Le prévenu est arrivé en France à l’âge de 9 ans. En Algérie il a connu ce qu’est une guerre civile. Il veut bien suivre des soins, « parce que des fois, je vais pas être bien, et je vais me poser dans un coin, avec des canettes de bière. » « Une vraie souffrance » relève la présidente en l’écoutant, et puis une vraie violence aussi. Son casier, une dizaine de condamnations, est une mine antipersonnel.

Alcool et drogue
Maître Bourg « Vos enfants disent qu’elles ont peur de vous, Est ce que vous l’entendez ? - Ça me fait mal. » Le procureur : « Monsieur vous fumez quoi ? - De la beuh, de la résine de cannabis, ça dépend. - Combien ? - Un, deux, six, ça dépend. » Thierry Bas, procureur volant (qui vient de Dijon quand nécessaire, assurer les réquisitions) insiste sur le coût alcool et drogue, quand on perçoit le RSA.  Sur question de son avocat, le prévenu dit n’être père biologique que d’une enfant, avoir reconnu les autres, « je les ai pris comme mes enfants ».
Mais les enfants ont tous été placés. Pour autant, maître Bourg qui intervient pour la victime et les deux enfants, ne charge pas la barque, insiste sur le fait que madame veut désormais être tranquille. L’avocate demande pour elle, une distance géographique. « Les violences, c’était la 1ère fois devant les enfants. Les deux filles sont choquées. »

« Mon papa est très violent, j’en ai marre »
Thierry Bas, procureur, estime trouver dans ce dossier « tous les poncifs du genre ». Il cite les enfants : « Mon papa est très violent, j’en ai marre. »
Le prévenu est en état de récidive légale ? Qu’à cela ne tienne, le « vieux parquetier » comme il le dit lui-même, a pour habitude de requérir en ce cas le double de la dernière condamnation, aussi il requiert la peine de 30 mois de prison dont 6 mois seraient assortis d’un sursis probatoire, avec interdiction de contact avec madame et interdiction de paraître au Creusot.

« On a un homme complètement ahuri de ce qui se passe »
Julien Marceau, lui, se demande comment, alors que le dossier est clair, comment le prévenu peut se défendre avec autant de vigueur. L’avocat se dit qu’il aurait peut-être dû demander une expertise psychiatrique. « Monsieur est un habitué des toxiques, il serait quelque part altéré dans son rapport à la réalité.
On a un homme complètement ahuri de ce qui se passe. Il ne comprend pas. » Maître Marceau estime qu’il faut, oui, une interdiction de contact « pour les protéger tous les deux » mais préserver l’autorité parentale. « Le raisonnement du parquet, c’est un raisonnement de peine plancher. »

18 mois de prison puis deux ans de probation, interdiction de paraître au Creusot
Le tribunal condamne le prévenu à la peine de 30 mois de prison, dont 12 mois sont assortis d’un sursis probatoire renforcé pendant 2 ans, avec l’obligation de travailler, celle de suivre des soins psychologiques et en addictologie, interdiction de contact avec madame ainsi que de paraître au Creusot. Il devra intégrer à sa sortie le dispositif AIR (accompagnement individuel renforcé).
Le tribunal retire à cet homme l’exercice de l’autorité parentale, mais il pourra voir ses enfants. Il est maintenu en détention pour les 18 mois ferme.
L’homme intervient pour dire qu’il faudrait qu’il puisse récupérer ses affaires puis lance à sa mère qui est venue pour lui : « Maman, prends soin de toi, et gros bisous. »
Florence Saint-Arroman