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> Faits Divers > Au Creusot
23/02/2023 19:00
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LE CREUSOT : Contrôlé avec 1,30 gramme d'alcool, il part pour 20 mois en prison... car en novembre 2020 il avait été condamné pour homicide involontaire !

C'est samedi qu'il a été trahi par l'absence de feux arrière sur sa voiture et par ses embardées... Alors les Policiers du Creusot l'ont contrôlé. La procureur reconnaît la détresse du garçon, mais…
Il aurait pu aller chez sa copine à pied mais « pour aller plus vite », il a pris sa voiture. Ce samedi 18 février, vers 22 heures 30 au Creusot, la police remarque un véhicule sans feux arrière, et puis ses embardées. Contrôle. 
Taux d’alcoolémie ascendant à 23 heures.
Taux retenu : 1,3 gramme. Il n’y a néanmoins pas eu d’accident, le conducteur peut donc rentrer chez lui, à pied pour le coup (le permis de conduire est immédiatement confisqué par les forces de l’ordre, dans ces cas-là, pour commencer).
Il sera convoqué en audition libre, expliquera maître Vaucher. Pourtant il est jugé en comparution immédiate ce jeudi 23 février, on va comprendre pourquoi.


Boire pour ne pas penser
Ce soir-là, « je n’étais vraiment pas bien ». C’est vrai, cela ressort clairement du déroulé de l’audience. Maître Vaucher le plaidera : malgré une enfance compliquée par la soumission de chaque parent à une addiction (drogue pour l’un, alcool pour l’autre) et un placement en foyer pendant quelques années, le jeune homme s’accroche, il travaille. « Il se bat » dira son avocat.
La sœur aînée du prévenu assise dans la salle, opine du chef. Mais en 2020, le garçon perd sa mère. En 2021 il déclare un cancer des ganglions. Il est soigné à Dijon. Il est en rémission, on le surveille tous les trois mois.  Il a aujourd’hui 22 ans, mais il y a environ 6 semaines, « les symptômes associés à ce cancer réapparaissent. Il a peur. Du traitement, de mourir, mais aussi du diagnostic. »
Alors il fait l’autruche, il arrête de prendre le traitement médicamenteux qu’on lui avait prescrit, et il se met à picoler. « Quand je bois, je ne pense plus », a-t-il dit à son avocat.
Le samedi 18 février en soirée, il a enfilé des verres de rhum, puis a voulu se rendre chez sa copine, « fallait vraiment que je la voie, je ne pouvais pas rester seul ».

Le sens de la peine, toujours
A l’audience de ce lundi, il n’est pas bien non plus et pour cause : il est en état de récidive légale. En novembre 2020, il fut jugé et condamné. C’est sa seule condamnation mais elle était de 3 ans de prison avec sursis pour homicide involontaire au volant, alors qu’il avait trop bu.
Il regrette d’autant plus, et s’excuse, s’excuse, s’excuse, mais voilà. « Est-ce que cette peine avec sursis n’était pas indolore ?, lui demande la présidente Catala. -
Des fois, je me réveille en sursaut avec des images de l’accident. - Oui, mais le 18 février ça ne vous a pas empêché de reprendre le volant. » Un arrêté pris par le sous-préfet de Saône-et-Loire a ordonné la suspension de son permis de conduire pendant 12 mois (décision administrative – le jugement, c’est encore autre chose).

La procureur reconnaît la détresse du garçon, mais…
Anne-Lise Peron, substitut du procureur, revient longuement sur ce constat : « Quelqu’un est mort le 24 mai 2020, mais ça n’a pas forcément marqué monsieur qui est ici pour de nouveaux faits de route. Un mort, ça ne le marque pas (le prévenu ébauche une réaction de protestation, ndla). »
La substitut concède qu’elle peut se représenter la détresse du jeune homme, le samedi soir, compte-tenu de l’angoisse qui le tenaille, n’empêche qu’elle requiert l’incarcération vu la gravité du comportement au volant.
Elle demande la révocation d’un an sur les 3 ans de sursis de 2020, et la peine de 8 mois de prison dont 4 mois seraient assortis d’un sursis probatoire, avec un mandat de dépôt.

« Il y a d’autres solutions » que la prison
Maître Vaucher plaide la peine. « Il n’y a pas eu d’accident, là. La prison ne consiste qu’à mettre le problème de côté. Il y a d’autres solutions, dans l’intérêt de la société et de la réinsertion de monsieur. Son permis est de fait annulé, donc il ne peut plus conduire.
Il a besoin de soins renforcés, tant en addictologie que psychologiques. Il peut, même sans permis, conserver son emploi puisqu’il travaille en équipe. Sa compagne accepte qu’il porte un bracelet, chez elle. Il y a donc suffisamment de moyens pour assurer la sécurité publique et une sanction qui vise la réinsertion pour lui. »

20 mois de prison ferme, incarcération immédiate
Le délibéré est long, le tribunal va au-delà des réquisitions. Le prévenu est condamné à la peine de 18 mois de prison dont 10 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligations de soins en addictologie, de travailler et de suivre un stage de sensibilisation à la sécurité routière.
Le tribunal décerne mandat de dépôt, puis révoque 1 an du sursis de 2020 avec incarcération immédiate : ça fait 20 mois de prison ferme en tout.
Le tribunal constate l’annulation du permis et lui interdit de démarrer sans EAD pendant 18 mois lorsqu’il aura pu repasser et réussir les épreuves d’obtention du permis de conduire.

Il lâchait sur sa santé, il va être soigné
Le jeune homme ne connaît pas les noms des médicaments qu’il devait prendre pour les suites de ce fichu cancer. « De toute façon vous serez pris en charge médicalement », lui dit la présidente qui ajoute :
« Vous serez vu par un médecin dès demain. Et si votre état de santé l’exigeait, vous serez transféré dans une unité de soins. »
Florence Saint-Arroman

L’ombre de l’affaire de l’humoriste français qui a perdu tout pouvoir comique depuis l’accident, planait sur la salle, forcément, vu le tapage entretenu autour de ce drame à grand renfort d’opinions sans le moindre intérêt. On regrette le temps où chacun disait des âneries chez lui ou au café – puisqu’aussi bien, on en dit tous, c’est ainsi -. Désormais on les publie soit dans des média, soit sur des réseaux qui n’ont de sociaux que le nom vu la casse qu’ils génèrent. Bref, on ne sait plus où on a lu cette phrase, aussi simple qu’efficace : « Conduire est un acte social. »