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> Faits Divers > Au Creusot
19/03/2021 00:00
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LE CREUSOT : Complètement ivre dans sa voiture sans permis, sur le site industriel, il va continuer de dormir en prison

Il n'a plus le droit, non plus, de conduire, même une voiture sans permis
Devient-on inflammable avec 2,2 grammes de Whisky par litre de sang ? Il faut croire que oui, car, alors que monsieur est soumis à l'éthylomètre, il plante son regard dans les yeux du policier qui lui fait face, lève son majeur et le tient dressé tout au long du souffle nécessaire. « Je retiens l’outrage », le prévient le policier qui subit la provocation. « Tu ne vas pas m’enc... avec ça », répond élégamment le mis en cause.

Le gars avait perdu la maîtrise, il s'égare sur un site privé
Il est jugé en comparution immédiate, ce jeudi 18 mars, pour conduite sous l’empire de l’alcool mais aussi de cannabis, d'héroïne, et de cocaïne, et également parce qu’on a trouvé avec lui 32 grammes de résine de cannabis, deux balances, un cran d’arrêt. Il avait fait la fête la veille, dit-il.

Une grosse bamboche sans aucun doute, vu ce qu’il s’était mis dans le buffet. Le lendemain matin, il est, dit-il, allé acheter son cannabis, puis rentrait chez lui sauf qu'il est arrêté dans l’enceinte du site d’Industeel, au Creusot, au volant d’une voiturette sans permis, pas assurée ni rien mais bon il venait de l'acheter et finalement au point où il en est ce n'est pas le plus grave.

"Sur mon CV, y a un trou depuis 2014 pour incarcérations"
C’est un homme aux cheveux très noirs, portés un peu long et retenus par le petit bandeau qui va bien. Il vit chez sa mère, à Montceau, parce que depuis 2014 il est si souvent incarcéré qu’il lui est impossible de conserver le moindre logement. Il lui est, pour la même raison, devenu quasi impossible de trouver, ne serait-ce que des missions en intérim, dit le prévenu, « parce que sur mon CV, y a un trou depuis 2014 pour incarcérations ».
Par contre quand il est en prison il travaille, « y a pas de problème ». Il a 29 ans, il est plutôt agréable, pas nerveux, pas anéanti non plus, mais il bloque sur son addiction aux stups, malgré des suivis en addictologie.

"Le CSAPA* de Montceau, il est vraiment débordé"
Le parquet pense que 32 grammes et deux balances, ça indique la possibilité d'un trafic. Il assure que non, de toute façon aucun autre élément dans le dossier ne penche en ce sens et il n'est pas du tout jugé pour cela. En revanche, son casier porte 18 mentions et il fut 7 fois condamné pour des infractions liées à la législation sur les stupéfiants et/ou des conduites sous l'empire de l'alcool.
Que faut-il faire pour que ça s'arrête ? "Ben là, je vais exécuter ma peine de prison (c'est un habitué, il ne doute pas de l'issue du jugement, et puis il a reconnu tous les faits, sans la moindre difficulté, ndla), et je vais voir pour entrer en cure de désintoxication, parce que le CSAPA* de Montceau, il est vraiment débordé. On parle 5 mn, je signe le papier, et voilà. Mais je vais avoir 30 ans et ma vie n'ira pas loin si je continue comme ça."

Des excuses au policier
Le prévenu présente ses excuses au policier. "J'ai bien fait 'ça' (le doigt d'honneur, ndla) mais j'étais ivre. Et je suis très content de n'avoir blessé personne." Maître Bibard plaide la lassitude des fonctionnaires de police à devoir subir ce genre de provocation, l'avocat mime le majeur dressé, le tribunal lui fait observer qu'on sait ce que c'est qu'un doigt d'honneur. Le fait est qu'on le sait, mais le fait est également que le geste, à l'instar de pas mal d'insultes, est très banalisé, pour autant il reste insultant, et, dans le cas présent, outrageant.

Son avocat plaide sa "volonté de s'en sortir"
Compte-tenu de tout, le parquet requiert une peine de 24 mois de prison dont 10 mois seraient assortis d'un sursis probatoire de 2 ans, avec l'obligation, entre autres, d'intégrer le dispositif AIR (accompagnement individuel renforcé, piloté par l'AEM, association d'enquête et de médiation).
Maître Sarikan plaide "la volonté de s'en sortir" de son client. "Il a 29 ans, il peut encore se ressaisir. Son CPIP (conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation) écrit que son suivi s'est bien déroulé. Donc quand monsieur est placé dans un cadre propice à une certaine rigueur, ça va." Le parquet avait requis la confiscation de la voiture sans permis, l'avocat plaide que le prévenu en aura besoin, "on ne vit pas à Paris. Lui confisquer, c'est disproportionné vu les objectifs à sa sortie".

10 mois ferme puis suivi renforcé
Le tribunal condamne le prévenu à une peine de 20 mois de prison dont 10 mois sont assortis d'un sursis probatoire renforcé pendant 2 ans. Obligations de soins en addictologie, de soins psychologiques, d'intégrer le dispositif AIR, de travailler ou de se former, d'indemniser la partie civile (le policier). Le tribunal ordonne son maintien en détention**, lui interdit ensuite de conduire tout véhicule y compris les voitures sans permis, pendant 1 an, ne confisque pas son véhicule.
Florence Saint-Arroman

*CSAPA : https://www.drogues-info-service.fr/Adresses-util...
** Il est en détention provisoire depuis le 6 mars, le tribunal attendait le retour des analyses de sang pour les stups.