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> Faits Divers > Au Creusot
16/04/2021 14:33
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LE CREUSOT : Au volant, avec des stups, encore et toujours... et en prison

ACTUALISE : Il souffre d’une polytoxicomanie ancienne a révélé l'audience...
« Les faits sont simples », comme le dit maître Delahaut. Le 13 avril dernier, au Creusot, monsieur X avait entrepris de conduire son véhicule fraîchement acquis jusqu’au point de contrôle technique. Dans une de ses chaussures, deux cailloux. 1. Il n’a plus son permis de conduire et il le sait depuis octobre 2019. 2. Il a pris de l’héroïne et de la cocaïne, or cela est illégal, a fortiori quand on conduit, et il est en état de récidive légale.

Le sens pratique de chacun : tout un poème
Quand on assiste à de nombreuses audiences de jugement, il devient presque amusant de constater à quel point nous avons tous des logiques différentes. Dans certains cas, elles s’harmonisent à peu près avec les lois qui régissent nos vies, parfois elles semblent n’avoir aucun rapport avec elles, ou du moins elles l’emportent.

Il y a une sorte de côté « pratique » qui fait volontiers fi de l’ensemble de l’organisation sociale contemporaine, et ça passe souvent, sauf à croiser la maréchaussée. Et comme on dit alors, « j’ai pas eu d’chance ». C’est une conception des choses.

Il souffre d’une polytoxicomanie ancienne, placé sous curatelle renforcée en 2018
Contrôlé, monsieur X est arrêté immédiatement, mis en garde à vue, présenté au procureur de la République, puis passe devant le juge des libertés et de la détention qui le place en détention provisoire. Une escorte pénitentiaire le fait entrer dans le box des comparutions immédiates ce jeudi 15 avril.
C’est un homme brun, plutôt petit. Il est né en 1973 au Creusot, et il y vit toujours. « Vous êtes décrit comme un homme qui souffre d’une polytoxicomanie ancienne, lui dit la présidente Catala. – Ouais » répond sobrement le prévenu.  Le tribunal ne peut pas le juger aujourd’hui : il vit sous curatelle renforcée depuis 2018, et la loi ordonne qu’on procède à une expertise psychiatrique avant dire droit. Donc, que faire de lui en attendant ? Prison ou liberté sous contrôle judiciaire.

« Je sais pas ce qui m’a pris »
Quels produits consomme-t-il et à quel rythme ? « Ça dépend des périodes. Ben, j’ai quasiment tout arrêté, puisque j’avais rendez-vous avec la commission médicale pour le permis de conduire. Et je sais pas ce qui m’a pris, j’ai voulu fêter ça. » C’est aussi simple que les faits : il a fait gaffe pour réussir l’examen médical, et puis ensuite, « ça » l’a pris, et lui, il a pris de l’héroïne et de la cocaïne. Sinon, il dit qu’il en prend « une fois par mois », mais le calendrier semble flou dans sa tête. Il suit par ailleurs un traitement de méthadone.

« J’étais pas tellement basé, quoi »
A son casier 10 mentions. Il a peu assisté à ses jugements. « A l’époque, je dormais un peu à droite, à gauche. Alors j’étais pas tellement basé, quoi. Et puis je suis allé dans un hôtel conventionné au Creusot, et la proprio, elle remettait le courrier quand elle voulait. » Celle qui préside a de la bouteille, on ne l’embobine pas comme on voudrait, et tout de suite c’est moins marrant. « Pardonnez-moi monsieur, mais quand vous êtes convoqué, c’est en sortant de garde à vue, ou quand vous êtes en prison, donc les convocations vous étaient remises. »

Cette présidente l’empêche de se raconter la vie
Son dernier logement ? En 2017. Son dernier travail ? En 2012. Son dernier sursis mis à l’épreuve a été révoqué, il comparaît alors qu’il vit déjà sous bracelet électronique. Avec tout ça, quelles garanties peut-il donner qu’il se présentera à l’audience et qu’il ne réitérera pas ?
« Ben, la nuit en prison, ça m’a suffi. – Les dix mentions à votre casier ne vous avaient pas suffi ? – Ben, j’essaie de me calmer, hein ! » renvoie-t-il avec une pointe d’agacement. Cette présidente l’empêche de se raconter la vie, forcément ça pique un peu.

Maintien en détention
Le parquet demande son maintien en détention. Maître Delahaut plaide qu’il est « en voie de réinsertion », il s’est inscrit au permis, il a rendez-vous pour finaliser une formation de soudeur. « Si vous le placez en détention provisoire en attendant le retour de l’expertise psychiatrique, tout cela sera sapé. Il sait qu’il a tout intérêt à se présenter à l’audience. »
Le tribunal ordonne l’expertise psychiatrique, renvoie le jugement à fin mai, dans l’intervalle monsieur X est maintenu en détention. Il réagit silencieusement, manifestement il ne s’y attendait pas. Puis il reste assis, un agent de l’ARPEJ doit le pousser du coude pour qu’il se lève. Il se penche vers la meurtrière placée en bas de la vitre du box : « Merci, maître. Allez, au-revoir. »
Florence Saint-Arroman


Notre premier article :
Mardi, à la mi-journée, les Policiers du Creusot ont contrôlé un automobiliste qui conduisait malgré une annulation de son permis, pour conduite sous stupéfiants. Il était de plus en possession de stupéfiants sur lui. Après sa garde à vue, il a été présenté mercredi au parquet. Tribunal qui a décidé de le maintenir en prison jusqu'à fin Mai, le temps d'avoir les résultats d'une expertise psychiatrique...