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13/04/2021 15:30
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Industrie d’avenir : Le Creusot va mettre le feu aux poudres

La métallurgie des poudres et le centre de recherches qui va être construit à Magenta, en vitrine du site industriel, vont propulser Le Creusot sur la planète de l’innovation, avec des résonnances internationales. C’est le projet Calhipso mené par l'Université de Bourgogne avec des partenaires privés.
La construction du centre de recherches va avoir lieu à Magenta, en vitrine du site industriel.
Ce n’était donc pas de la poudre aux yeux, comme certains auraient pu le croire ou le penser... Ce mardi 13 avril Calhispo a été officiellement lancé au Creusot. Il s’agit de la future plateforme de recherche mutualisée qui va être installée au Creusot. Elle sera dédié à la métallurgie des poudres, dont le nom très scientifique est la «compression isostatique à chaud», que l’on appelle encore la CIC.
 «C’est un peu le principe d'une cocote minute un peu spéciale», essaye de vulgariser Jean-Claude Lagrange, vice-président du Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté, en charge de l’économie.
Qu’on se le dise Calhipso n’a donc rien à avoir avec les explorations des mers et des océans menées par le commandant Cousteau.
Berceau la révolution industrielle en Europe continentale, avec une première coulée de fonte au coke en décembre 1785, Le Creusot va donc entrer dans nouvelle dimension métallurgique.
Ainsi que David Marti, maire du Creusot et Président de la Communauté Urbaine, l’a fort justement rappelé, Le Creusot et les poudres c’est une histoire qui a commencé avec l’entreprise Carbex, devenue Evamet, entreprise spécialisée dans la fabrication d’outils au carbure.
Avec Calhispo et la métallurgie des poudres, c’est l’excellence dans ce domaine que Le Creusot va viser, avec un centre de recherches qui sera installé dans le secteur Magenta, en entrée autant qu’en façade du site industriel du Creusot.
La métallurgie des poudres est très clairement une nouvelle alternative à la forge à la fonderie. Mais elle ne va pas les remplacer. Elle va simplement permettre de pouvoir produire des pièces complexes, avec des alliages que les autres process, comme par exemple la cire perdue raison d’être de l’entreprise Turbine Casting, ne permettent pas. Très clairement la métallurgie des poudres c’est le zéro défaut, nécessaire dans l’industrie, comme dans le nucléaire, ou dans le projet ITER à Cadarache.
La singularité du projet Calhipso qui va se concrétiser au Creusot est bien qu’il associe des universitaires et des industriels. Car ainsi que cela a été unanimement souligné, y compris par Frédéric Debleds, le directeur général d’Ecosphère qui aura été en première ligne pour monter le projet, y compris sur sa partie financière.

Ils ont dit


Frédéric Bernard

Coordinateur de Calhipso et professeur à l’Université de Bourgogne
«Les équipes pour faire tourner l’équipement sont actuellement sur Dijon. On travaille déjà avec la SCGI et on va travailler avec la plateforme 3D. Il faut bien comprendre que l’on va travailler sur le zéro défaut. La métallurgie des poudres est attendue par de nombreux industriels, dans des domaines d’excellence comme le nucléaire. On travaille pour des pièces pour la fusée Ariane.
La métallurgie des poudres est plus performante que la cire perdue, car elle permet des alliages dont le nucléaire a besoin. Elle permet aussi d’assembler des composants par soudage, mais sans apport de matière. A l’avenir il faudra être capable de fabriquer de gros composants, comme pour ITER. Pour la formation, on va créer un module poudres !»


David Marti

Président de la Communauté Urbaine
«C’est assez unique et je pense que l’on ne mesure pas l’importance de l’avènement de ce projet. Parce qu’on était en concurrence avec la Lorraine, on n’a pas voulu aller au choc frontal. Il fallait chercher les complémentarités. Le Creusot sera spécialisé dans les petites productions. Mais on est bien sur un centre d’excellence et de recherche. Aujourd’hui, on le voit bien, la recherche est fondamentale pour avoir une industrie de pointe, avec des technologies de pointe. Et là avec la métallurgie des poudres, on est sur des productions d’avenir. Et avec elle, notre territoire va devenir un territoire d’excellence national et international. C’est la récompense à un savoir-faire reconnu, avec des objectifs pour aller encore plus de l’avant».


Jean-Claude Lagrange

Vice-président du conseil régional en charge de l’économie
«Notre territoire a eu raison de s’inscrire dans une logique de filières. On a commencé avec le pôle nucléaire, on a poursuivi avec le Mecateam, et maintenant c’est la métallurgie des poudres. On pourra s’appuyer sur le site technopolitain. Beaucoup de PME sont en attente de ce projet. C’est un projet porteur d’avenir, comme l’est l’hydrogène».


Vincent Thomas

Président de l’Université de Bourgogne
«Ce projet nous suit depuis 8 ans et aujourd’hui c’est moi qui récolte les lauriers. On est ici dans l’Université de Bourgogne qui depuis 10 ans s’est attachée à renforcer les liens avec les territoires. Le siège social de Calhipso sera bien au Creusot et pas ailleurs. Après deux années de mise en place, il faudra partir sur six années de développements, pour arriver à une exploitation nationale. Car il s’agira bien d’un vrai centre de recherches avec l’appui duy CEA et du CNRS. Il y a beaucoup d’excellence et beaucoup d’avenir. Mais aussi une capacité de transferts, au bénéfice des industries, avec des partenariats»
Alain BOLLERY 
(photos Alain BOLLERY et DR)