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20/01/2022 03:18
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EDITO : Arnaud Montebourg a retiré une candidature, sans doute un peu trop naïve

En quelques années ses idées ont progressé dans l’opinion, ont même été reprises. Mais il n’est plus le seul à les incarner et les médias parisiens l’ont laissé de côté. Déjà parce qu’il ne fait plus le buzz comme il l’a si bien fait par le passé.
Il y a des signes qui ne trompent pas. Quand il a été la tête d’affiche de la dernière fête de la Rose à Frangy en Bresse, il y avait beaucoup moins de médias qu’en 2016. Beaucoup moins aussi que pour de nombreuses autres fêtes de la Rose où il crevait l’écran ?
Arnaud Montebourg, sans vraiment s’en rendre compte est passé de mode. Oh certes quand il a laissé entendre qu’il serait candidat, il a été invités un peu partout, des magazines lui ont consacré des reportages et des interviews, mais cela n’a pas vraiment duré.
La séquence médiatique a été courte et Arnaud Montebourg s’est retrouvé, bien malgré lui, dans l’anonymat d’une campagne qui n’est pas comparable à celles qu’il avait déjà connu, pour ce qui était de la compagne des primaires.
Ces derniers mois ce n’est pas lui qui a fait le buzz. Son idée de «Remontada» a plus fait sourire que convaincu. Ses idées, ses propositions ont tout juste eu droit à quelques attentions.
Arnaud Montebourg qui a longtemps été un homme de médias, une bête de scène, s’est retrouvé délaissé. Alors il ne faut pas s’étonner s’il n’a pas décollé dans les sondages. Car comment décoller dans les sondages quand vous êtes pour ainsi dire privé de radio et de télévision, dans un monde qui est de plus en plus celui de l’image. Choc si possible.
Une élue qui le connaît bien aime à dire et répéter : «Le problème d’Arnaud c’est qu’il a raison trop tôt, avant les autres».
Ainsi quand Ministre, il avait clamé le soir de l’Université d’été de La Rochelle, que le nucléaire était une filière d’avenir, il s’était fait fusiller par ce cercle politico-médiatique qui veut décider de tout. Et pourtant. Dix ans après, la question du nucléaire civil face au réchauffement climatique, a de moins en moins de détracteurs, si ce n’est les Verts et encore pas tous. Sauf que la symbolique du nucléaire en cette période de pré-campagne, ce n’est plus Arnaud Montebourg qui l’incarne.
Et que dire du «made in France» que beaucoup veulent aujourd’hui s’attribuer, alors même que l’ancien Président du Conseil Général de Saône-et-Loire a d’abord été le seule à porter, à promouvoir. Médiatiquement cela s’entend.
Son combat plus récent et plus affirmé contre la mondialisation n’a pas imprimé dans l’opinion.
Alors Arnaud Montebourg a décidé de jeter l’éponge. Il l’a fait dans une vidéo tournée au Mont Beuvray, là où il a su drainer des militants, là où il avait exhibé la coque de son téléphone à l’effigie d’Obama. Il a rêvé de son destin. Mais cela n’est resté qu’un rêve.
Il avait cru qu’en annonçant renoncer à la politique pour mieux revenir, qu’il créerait un élan. Mais quand il a lancé sa «Remontada» depuis Clamecy, nombre de ceux qui l’avaient suivi dans ses belles années, n’étaient pas là, y compris ceux de la Nièvre. Ils avaient tourné la page Montebourg et n’avaient plus l’envie d’écrire un nouveau chapitre, un nouveau livre.
L’histoire retiendra peut-être que l’un de ses derniers actes politiques, celui de l’annonce de son renoncement, aura été au Beuvray. Là où Vercingétorix avait réunifié les Gaulois. Là où Arnaud Montebourg, un lundi de Pentecôte, avait lancé la résistance contre la journée de solidarité décidée par Raffarin.
Mais le Beuvray aussi est passé de mode. Pour preuve, ses amis, ses plus proches fidèles ont déserté le Beuvray ces dernières années le lundi de Pentecôte. Plutôt que de se retrouver à quelques uns pour entretenir la flamme, ils ont préféré d’autres occupations.
Arnaud Montebourg a annoncé ne soutenir personne. Il avait le regard triste. Il a trop aimé la politique pour ne pas savoir que celle-ci est cruelle. Il a trop aimé les médias pour ne pas savoir que la disgrâce ne prévient pas quand elle vous frappe.
Sans doute que d’ici quelques semaines, quelques mois, il dira tout haut ce qu’il pense si on lui demande. Les plus opportunistes en garderont alors le meilleur. En le remerciant de l’avoir pensé, mais sans vraiment lui dire. Ainsi va la politique.
Alain BOLLERY