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29/02/2024 03:16
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SAONE ET LOIRE : L’ANDRA a testé et validé, près du Creusot, l’automatisation de l’enfouissement des déchets radioactifs du nucléaire, à Bure

C’est le projet Cigéo. Mais avant son lancement il faut réaliser des tests. Car l’enfouissement, dans de l’argile, à 500 mètres sous terre, est contesté par les anti-nucléaires irréductibles, il est entendu que c’est la meilleure solution. Mais comme il s’agit de déchets qui peuvent être très hautement radioactifs, ce sont des robots qui vont s’en charger. Ils ont passé les tests avec succès.
Ce n’est pas la production «made in Creusot» qui est la plus mise en-avant… Et pourtant,  c’est bien par les presses de la Forge de Framatome au Creusot que passaient – et passent sans doute encore – les conteneurs pour les déchets dits ultimes du nucléaire.
Creusot-infos avait eu l’occasion d’écrire que les conteneurs «made in Creusot» étaient capables de résister à l’impact d’un avion de ligne de type Boeing ou de type Airbus. C’est dire…
Si on n’en n’a pas vu un ce mercredi 28 février au matin, lors d’une présentation à la presse qui a eu lieu dans une halle industrielle de la grande région du Creusot, sans que l’on en dise plus, c’est tout simplement parce que l’ANDRA ne veut pas prendre de risques avec les «anti».

Elle a bien raison, même s’ils seraient pour l’occasion fortement déçus. Car il n’y a pas eu grand-chose de stratégique de présenter, si ce n’est un pont dont la charge utile de 25 tonnes ne peut que faire sourire au royaume des géants de l’industrie qu’est Le Creusot.
Non, le pont et surtout le robot automatique imaginés par REEL NFM Systèmes n’ont rien de spectaculaire en termes de dimension. Non c’est bien l’automatisation du transport des déchets hautement radioactifs qui a passé les tests avec succès.

«La démonstration a été faite que l’homme n’aura pas à intervenir»

Car c’est ainsi, c’est au cœur de la Communauté Urbaine Le Creusot Montceau que les essais ont été menés et sont donc concluants ; et l’automatisation a donc été validée. Une étape importante dans le projet Cigéo qui va faire de Bure, dans la Meuse, une véritable cathédrale, à 500 mètres sous terre, pour l’enfouissement, pour l’éternité, des déchets du nucléaire.
Parce qu’on ne joue pas avec les déchets des centrales nucléaires, «la démonstration a été faite que l’homme n’aura pas à intervenir», a sobrement expliqué Audrey Guillemenet, en charge de la communication à l’ANDRA (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Démonstration, car alors que les tests devaient être réalisés avec une tolérance de +10 ou -10 mm, ils ont été à -5.
6 millions d’euros ont été mobilisés par l’ANDRA pour valider le projet du «pont stocker». Le projet a été lancé en 2019 et les essais se sont étalés sur une année. Pour Yves Lorillon, ingénieur à l’ANDRA, la validation des essais dans la très grande région du Creusot était essentielle pour la poursuite du projet Cigéo. Au total, 11 robots ont été réalisés pour la phase de validation.
L’histoire retiendra que les tests ont donc été réalisés non loin du lieu où sont forgés et fabriqués les conteneurs en acier.
Ils convient de préciser que concernant les déchets de haute activité radioactivité, avant d’être enfermés dans les conteneurs sont vitrifiés par un processus de fusion.

300 ans pour les moins radioactifs

Les déchets ultimes du nucléaires sont classés dans deux catégories suivant le degré plus ou moins élevé de leur radioactivité. Ceux qui ont une vie courte, d’environ 300 ans (trois siècles donc) et, pour les autres, jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’années.
Si la France retraite ses déchets à l’usine de La Hague, dans La Manche, ce qui limite à 4% de leur volume ceux qui doivent être enfouis, ce n’est pas le cadre de tous les pays qui ont des projets d’enfouissement. Et notamment en Suède et en Finlande.
Concernant le projet Cigéo à Bure, les premiers enfouissements n’interviendront pas avant l’horizon 2035 / 2040, avec la descente du 1er colis à 500 mètres sous terre, dans une des galeries qui sera réalisée.
Et il est prévu que le site de Bure ferme dans plus d’un siècle, c’est-à-dire en 2150.
L’ASN, l’autorité de sûreté du nucléaire, demande une surveillance de la surface pendant au moins 500 ans. Le site de Bure, très argileux, est considéré comme très peu perméable.
Il a été préféré à deux autres sites. Un dans la Vienne qui était en granite et un dans le Gard.
Alain BOLLERY
(Photos Alain BOLLERY)


Que produit une centrale nucléaire ?

Creusot-infos a demandé quel est le volume conditionné de déchets d’un réacteur au cours d’unne. Pour ce qui concerne les plus radioactifs (HA-, ce volume est de 3 m3 par an. Même volume pour la catégorie en-dessous les MA-VL. Et entre 110 et 150 m3 pour les FMA-VC ; et entre 60 et 80 m3 pour les TFA.
Cliquez ici pour en savoir plus sur la classification


Les photos du Robot stockeur :


Les photos du projet Cigéo :


Le pont stockeur et les robots d’inspection de Cigéo au banc d’essai
Durant l’année 2023, l’Andra a testé un démonstrateur du pont stockeur sur un banc d’essai à l’échelle 1 représentant sur 40 mètres de long, son chemin de roulement à l’intérieur d’une alvéole de stockage de Cigéo. Objectifs : valider ce concept et faire monter en maturité technique cet équipement conçu pour mettre en place les colis de déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL) et la capacité des robots d’inspection à évoluer dans un environnement contraint.
Dans Cigéo, les colis en béton de déchets MA-VL seront empilés les uns au-dessus des autres, couche par couche, dans une vingtaine d’alvéoles de stockage. Leur mise en place sera effectuée à l’aide d’un pont stockeur qui se déplacera à une vitesse d’environ 0.6 km/h sur deux rails parallèles installés en partie supérieure de l’alvéole. Les fonctionnalités principales demandées au pont stockeur sont de déposer précisément (±10 mm) les colis dans les alvéoles et, en cas de besoin, assurer leur retrait dans le cadre de la réversibilité du stockage.
C’est sur un ancien site industriel dans l’est de la France que s’est déroulée pendant 10 mois la campagne d’essais du pont stockeur de Cigéo. Le bâtiment offrait le volume nécessaire pour représenter, via une structure d’essais, une portion d’alvéole de stockage MA-VL en grandeur réelle, soit environ 5 mètres de large par 7 mètres de haut. La longueur, quant à elle, a été réduite à 40 mètres au lieu des 500 mètres dans le futur stockage.
Cette campagne d’essais était pilotée par un groupement formé par REEL NFM Systems, spécialisé dans les systèmes de levage et de manutention complexes et dans les solutions de systèmes intégrés pour divers secteurs (nucléaire, défense, aéronautique etc.), ainsi que par Bouygues Construction Expertises Nucléaires, filiale de Bouygues Construction. Les deux entreprises avaient été retenues début 2019 par l’Andra pour concevoir, réaliser et tester un démonstrateur de pont stockeur, ainsi que des robots d’inspection et d’intervention.
La technologie utilisée pour ce démonstrateur a été développée spécifiquement pour les besoins de l’Andra : système de laser assurant une mise en place précise des colis, restriction du nombre de fonctionnalités et d’actionneurs pour éviter les pannes et limiter les opérations de maintenance, dispositif permettant de ressortir le pont même lorsque les freins sont bloqués…
Durant dix mois, le pont stockeur a été soumis à deux types de tests : des essais nominaux, c’est-à-dire lorsque le pont fonctionne normalement, et des essais dégradés, lorsque des incidents surviennent, par exemple une panne du pont stockeur dans l’alvéole ou encore une dégradation de ses voies de roulement. Des situations hypothétiques qu’il est toutefois nécessaire d’anticiper. En effet, l’Andra doit considérer ces scénarios et démontrer que le système reste robuste quelles que soient les défaillances.
Les premiers résultats des essais sont positifs, et permettent de valider les concepts du pont stockeur ainsi que sa précision de mise en place des colis qui s’avère deux fois plus précise que les prévisions.
Des robots d’inspection et d’intervention
Les robots d’inspection sont développés pour assurer la surveillance des alvéoles et des colis de déchets MA-VL durant l’exploitation mais également lors de la phase de surveillance, une fois l’alvéole remplie. Téléopérés, les robots sont capables de se déplacer au sein de l’alvéole et sur les colis pour assurer une inspection des faces externes accessibles: suivi visuel grâce à des caméras des surfaces béton, mesures de température et du niveau de radioactivité, inspection des voies de roulement du pont stockeur…
Les robots surveillent également les espaces entre les colis, au titre de la récupérabilité, qui doit être rendue possible pendant l’exploitation séculaire de Cigéo.
En complément des fonctions d’inspection, des outils ont été développés pour intervenir sur des défauts. Un outil de préhension permet ainsi de retirer des débris qui entraveraient les voies de roulement du pont stockeur ou la correction d’un défaut de rail...
Au total, ce sont 11 robots qui ont été testés : un chariot de transport (sur lesquels les outils sont fixés), un chariot de secours, trois robots d’inspection et sept d’intervention.
Les essais réalisés sur ces premiers prototypes de robots ont permis de vérifier leur capacité à évoluer dans un milieu contraint (espace réduit) et de tester la fiabilité du concept mécanique. Leur développement va se poursuivre dans les années à venir pour monter en maturité et faciliter l’exploitation avec notamment l’intégration de l’intelligence artificielle.
Trois brevets ont été déposés par l’Andra : un pour l’outil global, un autre pour la tête instrumentée capable de plonger entre deux piles de colis, et un troisième pour la chaîne qui lui permet d’évoluer sur toute la surface d’un ou plusieurs colis à inspecter. Trois autres brevets sont en cours d’instruction pour la partie intervention.
(Communiqué)